Contenu abonnés

Figures du fou. Du Moyen Âge aux Romantiques

Toutes les versions de cet article : English , français

Paris, Musée du Louvre, du 16 octobre 2024 au 3 février 2025.

Ce vieillard à quatre pattes, chevauché et fouetté par une femme, c’est Aristote, tombé sous le joug de la troublante Phyllis. Le philosophe, précepteur d’Alexandre le Grand, avait vu son élève accaparé par cette belle indienne, aussi lui avait-il enjoint de s’éloigner d’elle pour ne plus céder qu’à un seul de ses sens, celui du devoir. Phyllis pour se venger entreprit d’attiser le désir Aristote : elle s’exhiba devant lui, et lui assura qu’il pourrait la posséder s’il acceptait d’abord de lui servir de monture, ce qu’il fit. Alors la jeune femme attira l’attention d’Alexandre qui les vit et se moqua de son tuteur : tout comme lui, le philosophe avait perdu la raison à cause de d’Eros. Le sujet, tiré d’un lai courtois du XIIIe siècle, fut décliné sur de multiples objets, aquamaniles, boîtes en ivoire ou encore plaque de poêle, un support parfaitement adapté aux feux de la passion. (ill. 1)
Mais l’amour n’est qu’une folie parmi d’autres, la première d’entre elles étant le reniement de Dieu. Ainsi commence le psaume 52 de l’Ancien Testament « L’insensé dit en son cœur : il n’y a pas de Dieu ». La première lettre du verset, décorée par les enlumineurs du Moyen Âge, est d’ailleurs habitée, bien souvent, d’une figure de fou.


1. Attribué au Maître G. F. (actif en Alsace)
Aristote et Phyllis, 1519
Plaque de poêle, fer coulé - 109 x 51 x 1,8 cm
Bâle, Musée historique de Bâle
Photo : bbsg
Voir l´image dans sa page

Le fou ou le fol en vieux français est dérivé du latin follis, le soufflet : sa tête est vide, traversée par les courants d’air, mais aussi, parfois, par le souffle de l’Esprit Saint. « Fou de Dieu », tel fut le surnom de François d’Assise, qui renonça aux biens de ce monde par amour du Christ. Comme dirait saint Paul, ce qui est folie aux yeux des hommes est sagesse aux yeux de Dieu. Comment alors déterminer qui est sain d’esprit ? C’est d’autant moins évident que le mot fou en français désigne tout à la fois l’idiot, le déraisonnable, le bouffon ou bien encore le malade mental, des notions qui sont en revanche distinctes dans d’autres langues.

Le Musée du Louvre explore cette multiplicité de sens - et d’insensés - dans une exposition foisonnante, accompagnée d’un catalogue fort riche, qui réunit de nombreux essais ainsi que des notices pour chacune des 327 œuvres exposées. Le parcours se divise en deux grandes parties. La première - et la principale - décline les figures du fou au Moyen Âge et à la Renaissance au fil de sections thématiques : le fou et Dieu, l’amour, la luxure, le fou à la cour des rois et des princes, le fou en ville dans les fêtes populaires qui renversent l’ordre du monde telles que le carnaval.
On voit son iconographie évoluer avec le temps. Il est d’abord un marginal au sens propre du terme : dans la seconde moitié du XIIIe siècle, des créatures hybrides ou grotesques appelées marginalia apparaissent dans les marges des manuscrits à côté de textes, sacrés ou profanes, parfaitement sérieux…

Pour avoir accès à ce contenu, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement. Si vous souhaitez tester l’abonnement, vous pouvez vous abonner pour un mois (à 8 €) et si cela ne vous convient pas, nous demander par un simple mail de vous désabonner (au moins dix jours avant le prélèvement suivant).

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous à l’aide de ce formulaire.

Vos commentaires

Afin de pouvoir débattre des article et lire les contributions des autres abonnés, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement.

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous.