Fêtes et célébrations flamandes. Brueghel, Rubens, Jordaens...

Une fête réussie commence toujours par un carnage. C’est ainsi en tout cas que débutent les festivités du Palais des Beaux-Arts de Lille : par un tableau grouillant de figures entremêlées, les unes pourfendent et trucident les autres qui s’affolent et se débattent dans les rues d’une ville en flammes où s’amassent des cadavres nus, éventrés, violés, défenestrés (ill.1). Lassés - c’est peu de le dire - d’attendre leur solde, les soldats espagnols de l’armée de Flandre se mutinèrent et saccagèrent Anvers 1576. La sauvagerie du sac encouragea certaines provinces des Pays-Bas espagnols restées loyales à Philippe II au début de la guerre de Quatre-Vingts Ans, à se soulever contre lui. Dans ce tableau, le peintre n’épargne aucun détail sordide pour mieux raconter ce qu’on appela la « furie espagnole ». La ville connut ensuite la furie française en 1583, puis le siège de Farnèse en 1585 : pas de doute, le climat de l’époque était un brin violent. À la guerre de Quatre-Vingts ans qui dura de 1568 à 1648, s’ajoutèrent les conflits religieux, quelques épidémies et bien sûr des famines.

1. Pays-Bas méridionaux, XVIe siècle
La Furie espagnole à Anvers en 1576, 1576-1585
Huile sur toile - 137 × 162 cm
Anvers, Collectie MAS Museum aan de Stroom
Photo : bbsg

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Voici le contexte posé. Et cet arrière-plan donne une toute autre ampleur aux fêtes représentées par les peintres à cette époque, comme si elles étaient l’avers d’une médaille. Certains artistes conçurent d’ailleurs des pendants, montrant d’un côté La Joie des Paysans qui dansent et ripaillent, de l’autre leur Chagrin lorsqu’ils sont brutalisés par les soldats (ill. 2 et 3). La fête sert d’exutoire ; elle est aussi un débordement codifié qui permet de réguler les tensions sociales et de rapprocher les seigneurs de leur peuple. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les peintures de fêtes flamandes ne se limitent donc pas aux kermesses paysannes, folkloriques et…