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Femmes chez les Nabis. De fil en aiguille

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Pont-Aven, Musée, du 22 juin au 3 novembre 2024.

Comme un théâtre d’ombres, des silhouettes apparaissent, à la fois mystérieuses et familières. Marthe Meurier, Maria (ou Marthe) Boursin, France Rousseau, Laure Bonnamour, Marie Michaud… Leur nom de jeune fille ne permet pas de les sortir de l’anonymat, celui de leur mari ou de leur fils en revanche leur donne une identité : Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul Ranson, Georges Lacombe, Edouard Vuillard...


1. Maurice Denis (1870-1943)
Les Muses, 1893
Huile sur toile - 171,5 x 137,5 cm
Paris, Musée d’Orsay
Photo : RMN/Hervé Lewandowski
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Tout en nuances, Charlotte Foucher évoque au Musée de Pont-Aven les femmes qui vécurent dans l’intimité des maîtres nabis ; compagnes, amantes, mères, sœurs, elles constituent un entourage solide et discret, aussi nécessaire que l’est un cadre pour un tableau. Chercheuse au CNRS, auteur d’une thèse sur les femmes artistes en France dans les milieux symbolistes. [1], la commissaire de cette exposition ne renverse pas la table ni ne crie à l’injustice : non, celles qui ont côtoyé les Nabis ne sont pas des artistes méconnues, victimes d’une quelconque injustice de l’histoire de l’art. Il n’y a pas de femmes nabies à proprement parler, mais des collaboratrices, des modèles, des soutiens en tout genre. Et l’analyse de cette présence féminine permet de changer de point de vue sur l’art des maîtres ; en passant par les coulisses, on comprend mieux le contexte de leur création.
Les œuvres réunies sont variées, peintures, sculptures, dessins, estampes, mais aussi photographies, broderies et tapisseries, projets de théâtre - décors et costumes - marionnettes... Le visiteur passe ainsi de l’impassibilité des Muses aux facéties de l’abbé Prout (ill. 1 et 2). Une exposition au Palais du Luxembourg avait déjà souligné l’importance des arts décoratifs dans la production nabie (voir l’article-7773, voir aussi le livre de Katherine M. Kuenzli.)


2. Paul Élie Ranson (1861-1909)
Manuscrit de L’Abbé Prout. Guignol pour les vieux enfants
pièce de théâtre pour marionnettes, 1902
Encre
Collection particulière
Photo : François Doury
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À Pont-Aven, la première section, intitulée « se lier », décortique la vision du couple, harmonieuse pour Maurice Denis et Paul Sérusier, érotique pour Aristide Maillol et Georges Lacombe, orageuse pour Paul Rançon et Felix Vallotton. « Qu’est-ce que l’homme a donc fait de si grave qu’il lui faille subir cette terrifiante "associée" qu’est la femme. Il semble qu’il ne doive y avoir de possibilité entre les sexes que comme vainqueur et vaincu. [2] » Face à leurs œuvres sont exposées des photographies de famille prises par les femmes, notamment par les deux Marthe, Boursin et Meurier (Bonnard et Denis), qui provoquent une inversion des rôles : ce sont elles qui tiennent l’objectif, tandis que les artistes deviennent leurs modèles et tombent de leur piédestal ; ces Nabis, autrement dit ces « prophètes », sont…

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