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Être sculptrice à Paris, au temps de Camille Claudel

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Nogent-sur-Seine, Musée Camille Claudel, du 13 septembre 2025 au 4 janvier 2026.
Tours, Musée des Beaux-Arts, du 31 janvier au 1er juin 2026.
Musée de Pont-Aven, du 27 juin au 8 novembre 2026.

Jamais entendu parler de Jessie Lipscomb, de Madeleine Jouvray ni même de Sigrid af Forselles ? Les noms de Marie Cazin, de Jeanne Itasse et de Blanche Moria ne vous évoquent rien ? Ce n’est guère étonnant et cela justifie une visite de cette exposition de sculpture moderne. Comme à son habitude, l’ancien Musée Dubois-Boucher joue sur du velours en utilisant le nom (mythique) de Camille Claudel pour faire découvrir à un plus grand public tout un pan largement oublié de l’histoire de l’art, les artistes présentées n’étant globalement connues que des spécialistes. Une telle exposition - comme l’ouvrage qui l’accompagne - s’impose donc comme l’un des moments forts de l’année, d’autant qu’elle sera reprise à Tours puis à Pont-Aven, mais pas à Paris ! Anne Rivière, spécialiste de Claudel et auteur du Dictionnaire des sculptrices, publié chez Mare & Martin en 2017, avait déjà consacré une exposition aux sculptrices « du XVIIIe siècle à nos jours » au Musée des Années Trente, à l’été 2011, mais le propos de celle-ci, recentré, s’avère indéniablement plus efficace tout en restant accessible [1].


1. Vue de l’exposition « Au temps de Camille Claudel, être sculptrice à Paris » lors de sa première étape au Musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine
Photo : Studio OG
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Très clair, le parcours s’articule en quatre sections, dont les trois premières sont très denses, montrant beaucoup d’œuvres (de matériaux et de formats variés) venant de musées français et européens, notamment scandinaves, tout en insistant aussi bien sur les rares représentations de sculptrices dans l’atelier ou au travail (ill. 1). Toisant ses créations, comme le portrait d’Édouard Dantan légué au Musée des Avelines de Saint-Cloud en 2009 (voir la brève du 29/1/10), la belle effigie de Carolina Benedicks-Bruce aurait ainsi pu servir d’affiche à l’exposition tant elle défie, comme le dit Linda Hinners, tous les préjugés de l’époque concernant ce qui constituait une occupation appropriée pour une femme. Militante, l’exposition l’est assurément, mais avouons préférer - de très loin - ce travail exemplaire d’histoire de l’art à d’autres tentatives bien plus hasardeuses récemment infligées au public parisien (voir ces deux articles) et saluons donc cette heureuse initiative portée par trois beaux musées de province.


2. Marguerite Syamour (1857-1945)
Sapho endormie, 1899
Marbre - 58 x 201 x 94,5 cm
Cambrai, Musée des Beaux-Arts
Photo : Studio OG
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Loin du cours magistral, comme des considérations préconçues cherchant surtout des victimes de l’historiographie, l’exposition a le mérite de rappeler des trajectoires singulières allant volontiers à rebrousse-poil des surinterprétations : le visiteur est ici accueilli par un marbre sensuel de Marguerite Syamour (ill. 2) déposé par l’État à Cambrai après avoir enthousiasmé la critique au Salon de 1899, où cette spécialiste de la statuaire publique reçut une…

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