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Esquisses peintes de l’époque Romantique : Delacroix, Cogniet, Scheffer...
Paris, Musée de la Vie Romantique, du 17 septembre 2013 au 2 février 2014.
- 1. Léon Cogniet (1794-1880)
Scène du massacre des Innocents, vers 1824
Huile sur toile - 32 x 27 cm
Orléans, Musée des Beaux-Arts
Photo : MBA d’Orléans/F. Lauginie - Voir l´image dans sa page
Rien de plus délicat que de définir ce qu’est le romantisme, surtout lorsqu’il s’agit d’esquisses qui, par définition, ont souvent ce côté spontané, vif, enlevé que l’on associe justement aux artistes relevant de cette mouvance. En choisissant de faire référence dans le titre de l’exposition à l’époque romantique davantage qu’au style, les organisateurs pouvaient s’extraire d’une contrainte trop forte en invitant également à la fête des peintres relevant plutôt d’une manière classique ou primitiviste. Ainsi, on ne peut réellement qualifier Bezard, Signol, Court, Papety ou Périn - pour ne prendre que quelques-uns des artistes représentés - de « romantiques ».
Ce parti pris élargit donc le sujet d’une manière légitime qui permet d’éviter les oppositions finalement un peu stériles entre néoclassiques et romantiques, catégories traditionnelles dont Sophie Eloy dit à juste titre dans un essai du catalogue à propos de la peinture religieuse qu’elles ne peuvent la décrire. Mais en élargir le thème à l’esquisse sur une période d’un demi-siècle, soit de 1800 à 1850 environ, aurait nécessité de réduire le nombre d’œuvres d’artistes surreprésentés (Léon Cogniet - ill. 1) - et Ary Scheffer notamment), et d’en inclure d’autres dont l’absence est un peu inexplicable, d’autant que certains relèvent réellement de l’art romantique. Ainsi, sa composante parfois qualifiée de « juste milieu » est négligée : on ne trouve ni Paul Delaroche, ni Horace Vernet. Si Eugène Devéria est là, son frère Achille manque à l’appel. Quant à l’absence d’Ingres, elle est aussi regrettable.
Ce déséquilibre de l’exposition ne gâche cependant pas le grand plaisir qu’elle procure. On y voit en effet beaucoup d’œuvres de grande qualité, que les organisateurs ont su aller chercher parfois dans des collections particulières et dont beaucoup étaient inédites. On apprécie le choix de certains artistes très peu connus tel que François-Claudius Compte-Calix dont la Sainte Elisabeth de Hongrie (ill. 2), au regard halluciné montre l’impact que put avoir un artiste comme Chassériau sur de nombreux peintres (au premier rang desquels, bien sûr, Gustave Moreau), une influence parfois sous-estimée. La Vierge au bas de la Croix de Henri Lehmann qui la côtoie en est un autre exemple, chez un artiste qui fut ami avec Chassériau avant de se fâcher avec cet ancien condisciple de l’atelier d’Ingres.
- 2. François-Claudius Compte-Calix (1813-1880)
Sainte Élisabeth de Hongrie, 1844
Huile sur toile - 38 x 24 cm
Paris, collection particulière
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page