- Affiche contre la vente de Grignon à un promoteur immobilier installée par des élèves de l’Agro le samedi 11 septembre 2021
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
Au moins 500 personnes, élèves (ill. 1), anciens élèves, membres d’associations, habitants des villages voisins et de très nombreux élus (ill. 2) se sont réunis hier devant l’entrée du château de Grignon pour protester contre la vente du domaine à la société Altarea Cogedim.
Cette décision, prise dans une totale opacité par le gouvernement en plein milieu de l’été (voir cet article), est scandaleuse à un tel point qu’il est légitime de s’interroger sur ce qui a pu la motiver. Car l’offre du projet lauréat ne dépasse que de cinq millions d’euros [1] celui, exemplaire en tous points, de Grignon 2026 qui réunissait à la fois des anciens de l’école et des collectivités territoriales. Cinq millions, à cette époque du « quoi qu’il en coûte », où l’on dépense sans compter, ce n’est rien ! Quoi qu’il en coûte, ce n’est jamais pour le patrimoine et l’environnement.
Comment ce gouvernement peut-il ainsi justifier de brader un patrimoine public à un opérateur privé dont l’objectif est uniquement mercantile. Personne ne peut reprocher à un promoteur immobilier de faire de la promotion immobilière. Mais Grignon n’est pas une réserve foncière dont on peut disposer à sa guise. Ce n’est pas seulement un monument historique majeur, raison pour laquelle nous en parlons sur ce site, qui aurait d’ailleurs dû être classé alors qu’il n’est qu’inscrit (voir cet article). C’est aussi un lieu de recherche scientifique dont l’importance est d’autant plus grande en ces temps où le réchauffement climatique menace notre planète.
- 2. Élus de la communauté de communes et du département s’opposant à la vente de Grignon à un promoteur immobilier le samedi 11 septembre 2021
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
Emmanuel Macron, on le sait, aime le « en même temps ». Il faut renoncer à artificialiser les sols, lutter conter le réchauffement climatique et les atteintes contre la biodiversité, mais « en même temps » bétonner Grignon. Il faut plus de décentralisation (une politique à l’origine de beaucoup de vandalisme) mais « en même temps » ignorer les élus locaux quand ils protestent contre un tel projet destructeur d’environnement et de patrimoine. Pourtant, les 31 communes de la communauté de commune Cœur d’Yvelines ont voté à l’unanimité contre la vente à Altarea-Cogedim et pour soutenir le projet Grignon 2026. Le département des Yvelines également s’oppose à cette opération. Mais le gouvernement n’écoute rien ni personne, attaché à ces cinq millions de plus, alors que la vente des autres sites d’Agro Paris Tech lui a déjà rapporté beaucoup plus que prévu.
Oui, on peut s’interroger sur les raisons profondes qui amènent Julien Denormandie (pourtant un ancien agro lui-même), Jean Castex et Emmanuel Macron à vendre un des fleurons du patrimoine français à un promoteur. Il faut dire que celui-ci, par l’intermédiaire de sa filiale Histoire & Patrimoine, prétend sauver les monuments historiques « en même temps » qu’il les vend à la découpe comme au château de Pontchartrain (voir ces articles). « En même temps » ! Dire une chose, et faire le contraire, c’est cela qui doit plaire au président de la République, nous ne voyons que cette explication.