Theodor Boeyermans et Jan Peeters pour le Musée Plantin-Moretus

13/12/19 - Acquisitions, Anvers, Musée Plantin-Moretus - Vendue comme l’œuvre d’un peintre flamand du XVIIe siècle suiveur de Rubens, cette esquisse à l’huile a été adjugée 9 100 euros lors d’une vente organisée par Aguttes le 13 juin 2019 à Drouot ; acquise par le Musée Plantin-Moretus, elle a été restaurée et finalement attribuée à Theodor Boeyermans (ill. 1). Ce peintre d’Anvers fut reçu à la corporation de Saint-Luc en 1654. On ne sait pas quelle fut sa formation, mais il subit en tout cas les influences de Van Dyck et de Rubens.


1. Theodor Boeyermans (ou Boeijermans) (1620-1678)
Allégorie du triomphe de l’Officina Plantiniana, imprimerie d’Anvers
Huile sur Toile - 31 x 42 cm
Anvers, Musée Plantin-Moretus
Photo : Musée Plantin-Moretus
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Il s’agit probablement d’une allégorie à la gloire de l’une des plus importantes entreprises d’imprimerie et d’édition fondée à Anvers par Christophe Plantin vers 1555, dirigée ensuite par le gendre de celui-ci, Jan Moretus, puis par leurs descendants jusqu’en 1876, avant de finalement devenir un musée.
La devise de cette maison est « Labore et Constantia » (« Travail et Persévérance ») à laquelle est associé le motif du compas dont une branche est fixe et l’autre mobile. Rubens collabora avec Balthasar Moretus et conçut notamment un frontispice sur lequel on retrouve le compas, encadré par la Persévérance et par Hercule qui incarne le travail.

Ces symboles et allégories apparaissent dans la peinture de Boeyermans : une femme tient un compas dans la main, un homme à gauche travaille le sol, tandis qu’un autre à droite - Hercule ? - manipule une presse. Le travail de l’imprimerie est également évoqué par les livres que portent un garçon et que lisent des putti. Une femme trône au centre, sans doute incarne-elle l’Officina Plantiniana, tandis qu’un ange souffle dans les trompettes de la Renommée. Le vieillard qui s’avance vers elle pourrait personnifier la Sagesse ou le Savant, venu mettre la lumière de son savoir - portée par un ange -, au service de l’impression chargée de diffuser la connaissance. L’artiste emprunte cette figure à Adriaen van de Venne, qui illustra l’ouvrage de Jacob Cats, Miroir des temps anciens et nouveaux  [1] publié en 1632, réalisant notamment une composition intitulée Lampado trado.

2. Jan Peeters l’Ancien (1624 - 1677)
Une vue d’Anvers avec les remparts et la Porte rouge
craie noire, plume et encre brune et lavis brun et bleu sur papier vergé
9 x 14,3 cm
Anvers, Musée Plantin-Moretus
Photo : Galerie Lowet de Wotrenge
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Le musée Plantin-Moretus a également acheté, auprès de la Galerie Lowet de Wotrenge, une aquarelle attribuée à Jan Peeters l’Ancien (ill. 2) qui montre une vue des remparts « espagnols » d’Anvers depuis le bastion de la Porte Rouge (Porta Rubea ) ; « espagnols » parce qu’ils furent construits dans les années 1550 sous le règne de Charles Quint, qui fit néanmoins appel à des ingénieurs militaires italiens et plus particulièrement à Donato di Boni Pellezuoli. L’expansion de la ville a entraîné la destruction de ces murs au XIXe siècle, cette aquarelle est donc un document historique important sur la topographie d’Anvers au XVIIe siècle.

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