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Dessins nordiques des collections Jean Bonna & Frits Lugt. Le choix d’un collectionneur
Paris, Institut Nérelandais (Fondation Custodia), du 18 mars au 16 mai 2008.
L’Institut Néerlandais propose actuellement une exposition confrontant certains dessins hollandais de Frits Lugt avec ceux du collectionneur suisse Jean Bonna. Ce dernier est bien connu des français puisqu’il avait exposé en 2006 ses feuilles françaises et italiennes à l’Ecole des Beaux-Arts, institution qui a bénéficié, on le sait, de son mécénat éclairé avec la création du cabinet qui porte son nom.
Nous avons reçu deux contributions (Benjamin Couilleaux et Edwart Vignot) qui parlent de cette exposition et que nous publions toutes deux ci-dessous.
La générosité avec laquelle le collectionneur suisse Jean Bonna montre ses œuvres au public, notamment parisien, n’est plus à prouver. Après les feuilles italiennes et françaises présentées aux Beaux-Arts en 2006, place aux nordiques. À l’occasion de la semaine du dessin qui vient de se terminer, la Fondation Custodia propose un accrochage confrontant les dessins Bonna à certains du fonds Frits Lugt : en rapprochant des dessins du même thème ou artiste, cette exposition vise à montrer les confluences de goût de ces deux esthètes, dans un dialogue esthétique plutôt convaincant. À plusieurs décennies d’intervalle, les affinités entre deux amateurs qui ne se sont jamais connus aboutissent à des correspondances significatives.
L’engouement pour l’école de Prague, qui ne s’est guère démenti depuis la fin du XVIe siècle, est ainsi partagé par les deux collectionneurs. L’art raffiné de la cour de Rodolphe II est bien illustré par de délicates interprétations d’Ovide telles que Diane et Actéon de Johan Wierix et surtout Vénus et Adonis au repos d’Hendrick Goltzius, d’une facture suave typique de ses œuvres profanes. Du même artiste sont aussi présentés des esquisses véritablement naturalistes : un Épagneul endormi, et ce Coin de forêt révélant une veine paysagiste aussi rare que sensible chez ce grand peintre d’histoire. Dans un registre qu’on pourrait qualifier d’animalier, le Marcassin de Hans Hoffmann (ill. 1) [1] et l’album de Jacques de Gheyn II - peut-être acquis par Rodolphe II - témoignent du regain d’intérêt pour les études réalistes de Dürer. Comme les œuvres contemporaines de Ligozzi ou Hoefnagel, ces dessins, reproduisant très fidèlement un spécimen donné sur un fond neutre, sont à la confluence des Beaux-Arts et des sciences naturelles [2].
La forte présence des paysagistes hollandais et flamands du XVIIe siècle n’est guère plus surprenante, bien que l’on ne trouve pas forcément les noms les plus connus. Mais si l’on peut remarquer, par exemple, l’absence de Ruysdael, les dessins accrochés sont loin d’être décevants. Citons notamment Lambert Doomer, dont une vue de site des environs de Nantes vient s’ajouter au corpus peint et dessiné relatif au périple de l’artiste en France vers 1640 [3]. Patineurs sur un canal gelé, d’Abraham Rutgers, tend davantage à la scène de genre par son observation des habitants d’Amsterdam s’amusant sur la glace, un sujet…