Des palmiers sur la place de la Concorde

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Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites. La mairie de Paris, déjà friande des dictons à la façon de Pierre Dac ou d’Alphonse Allais (elle veut mettre les villes à la campagne, en faisant d’ailleurs exactement l’inverse), menait déjà une politique patrimoniale catastrophique. Depuis qu’Anne Hidalgo a annoncé qu’elle ne se représenterait pas, non seulement le grand n’importe quoi se poursuit, mais il s’amplifie.


1. Palmiers actuellement sur la place de la Concorde
Photo : Didier Rykner
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Plusieurs sujets ont animé ces temps-ci les réseaux sociaux à propos du patrimoine parisien. L’un d’entre eux concerne les pots de palmiers installés place de la Concorde (ill. 1).
Le ministère nous a dit qu’il avait déjà agi auprès de la mairie de Paris, l’installation de ces pots avec palmiers n’étant pas conforme à l’autorisation donnée par la DRAC Île-de-France en novembre dernier aux aménagements temporaires (trois ans tout de même) prévus par la Ville.
Comme nous l’a confirmé la DRAC, la Ville de Paris prétend qu’il s’agit d’une « expérimentation » qui n’est pas destinée à durer plus d’un mois. Outre qu’on se demande l’objet de cette expérimentation, la commission mise en place par la ministre de la Culture ayant évidemment exclu ce type d’ornements, la mairie de Paris comme d’habitude s’arrange avec la réalité pour ne pas dire qu’elle ment effrontément. Car des palmiers sont présents sur la place de la Concorde depuis au moins le début de l’année comme le démontre ce tweet d’Aurélien Véron daté du 4 janvier. Et les grands palmiers qui ont remplacé de plus petits palmiers le sont depuis au moins le 14 février comme on peut le constater sur cet autre tweet.

Mais si la mairie de Paris joue un jeu trouble, il faut constater hélas que la DRAC Île-de-France ne semble pas beaucoup plus claire. Car elle demande à la mairie que le retrait des palmiers soit effectif le 26 mars, sous prétexte que le « constat formel sur le site » a été fait le 26 février. Il n’y a pourtant rien de plus facile à démontrer comme nous l’avons fait : des palmiers, qu’ils soient petits ou grands, sont présents au moins depuis le 4 janvier soit plus de deux mois, sans aucune autorisation. Et si l’on ne considère que les grands palmiers, ils le sont au moins depuis le 14 février comme une rapide recherche Twitter le prouve, et la DRAC devrait donc exiger leur enlèvement dès le 14 mars, soit dans neuf jours.


2. Pots et arbres autorisés par la DRAC pendant trois ans sur la place de la Concorde
Photo : Didier Rykner
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Cette tendance de la DRAC Île-de-France à tout laisser passer à la mairie de Paris, est une politique que nous constatons depuis des années. Elle semble désormais aller contre celle de la ministre qui nous a paru beaucoup plus déterminée ; c’est d’ailleurs Rachida Dati elle-même qui a demandé, via son cabinet, à la DRAC d’agir pour la place de la Concorde. Cette complaisance de la DRAC Île-de-France pour la municipalité se constate également dans l’autorisation qu’elle a tout de même donné d’installer une quinzaine de pots à orangers, assortis d’arbustes de la même taille que les palmiers, pour délimiter la voie de circulation. Ces arbres cachent également les perspectives et les vues sur l’architecture de la place (ill. 2), et sont également contraires aux préconisations de la commission validées par la ministre. Il suffisait pourtant d’y mettre des plots en pierre dont les modèles peuvent être parfaitement élégants et se marier sans problème avec la minéralité du lieu qui n’a pas à être « végétalisé » au-delà de ce qui est demandé dans le futur aménagement.
Ajoutons que la DRAC a également autorisé l’implantation sur la place de plots en plastique et d’arceaux à vélo en acier tels qu’on en voit un peu partout dans les rues de Paris. Du mobilier urbain disgracieux pour l’une des plus belles place au monde….


3. Le Pont Louis-Philippe et les palmiers installés pour les Jeux Olympiques et qu’on pouvait encore voir jusqu’au lundi 3 mars 2025
Photo : Didier Rykner
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On nage vraiment dans le grand n’importe quoi. Signalons aussi que depuis plusieurs mois des pots de palmiers avaient aussi été installés sur le pont Louis-Philippe (ill. 3), là encore contre toutes les règles. Comme le ministère nous l’a confirmé, ces installations sont absolument proscrites sur les ponts parisiens. Sans doute l’intervention du ministère sur la place de la Concorde a-t-elle joué, toujours est-il que depuis deux jours ces palmiers, qui avaient été installés pour les Jeux Olympiques, ont enfin disparu.
Ajoutons que le cabinet de la ministre nous a dit que : « quand la ministre de la Culture Rachida Dati saisit la maire de Paris Anne Hidalgo, cette dernière ne répond jamais, semblant faire de la protection du patrimoine une affaire personnelle. Or Paris n’est pas une affaire personnelle. »

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