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De Cézanne à Picasso - Chefs-d’œuvre de la galerie Vollard
Paris, Musée d’Orsay, du 19 juin au 16 septembre 2007.
Remarque : En attendant que la jurispudence vienne préciser les termes de la loi sur les droits d’auteur et droits apparentés, nous préférons nous conformer aux exigences de l’ADAGP. Nous retirerons donc, pour les artistes morts depuis moins de 70 ans, les images après la fin des expositions. Soit, ici, les photos des œuvres de Maurice Denis, André Derain et Pierre Bonnard.
- 1. Pierre Bonnard (1867-1947)
Ambroise Vollard et son chat, v. 1924
Huile sur toile - 96.5 x 111 cm
Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
© ADAGP 2007
Photo : Photothèque des musées de la ville de Paris - Pierrain - See the image in its page
À travers cette séduisante exposition consacrée au marchand Ambroise Vollard, le musée d’Orsay rend hommage à l’un des plus importants promoteurs de la modernité picturale au tournant des XIXe et XXe siècles. Initiative louable, assurément. Le public continue à méconnaître l’histoire, le rôle et les rouages élémentaires du marché de l’art, lequel demeure souvent précédé d’une réputation d’infamie (qui pour n’être pas toujours imméritée n’en est pas moins très exagérée). Aussi n’est-il pas inutile de s’attacher à l’élucidation du rôle et de la personnalité de cette figure de marchand mythique, actif pendant l’une des périodes décisives de l’histoire de l’art européen, même si son extrême singularité en fait le contraire d’un personnage exemplaire.
Face aux 167 tableaux, esquisses, dessins, estampes, livres, céramiques et sculptures - souvent d’une éblouissante qualité - réunis ici [1], on ne sait ce qu’il faut admirer le plus chez Vollard. Est-ce l’apparente infaillibilité du jugement, cette forme de prescience qui fit passer par centaines entre ses mains les chefs-d’œuvre de ceux qui allaient être les prophètes (dans toutes les acceptions du terme) de la modernité avant d’en devenir les figures tutélaires, ou bien encore sa hauteur de vue qui le conduisit à financer, à perte, les recherches et les expérimentations de « ses » artistes dont il se fit à l’occasion le mécène ?
Curieux homme en vérité que ce géant atrabilaire et somnolant originaire de l’île de la Réunion qui abandonna en cours de route un doctorat de droit en 1888 pour se consacrer au commerce d’art par passion et qui, dans l’exercice de son négoce, ne manifestait aucun empressement de séduire le chaland auquel il dissimulait sa marchandise plus volontiers qu’il ne la lui dévoilait. Nulle agressivité mercantile donc chez Vollard qui dès la fin de la Grande Guerre passa cependant pour être le plus riche marchand de la place de Paris, s’attirant au passage une solide réputation de rapace. Il était tentant, sans doute, de rapprocher le mot de voleur du nom de Vollard et certains artistes ne se privèrent pas de lui appliquer les surnoms aimables de « Fifi voleur » (Matisse) ou - le meilleur - de « Vole-art » (Émile Bernard). Pour résumer très schématiquement, le « système Vollard » consistait à acheter en masse - et…