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Dans l’atelier de Guido Reni
Orléans, Musée des Beaux-Arts, du 30 novembre 2024 au 30 mars 2025.
Dans la rétrospective Guido Reni à Francfort, que nous avions eu la chance de visiter et sur laquelle nous avons écrit (voir l’article) et réalisé une vidéo, un tableau du Musée des Beaux-Arts d’Orléans, David contemplant la tête de Goliath (ill. 1) était présenté pour la première fois dans une exposition comme une œuvre autographe du peintre alors qu’elle était considérée depuis très longtemps comme une copie. La restauration dont elle avait bénéficié avait confirmé les intuitions des conservateurs, et depuis cette attribution a été validée par les spécialistes de l’artiste et de la peinture bolonaise.
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- 1. Guido Reni (1575-1642)
David contemplant la tête de Goliath
Huile sur toile - 228 x 163 cm
Orléans, Musée des Beaux-Arts
Photo : MBA d’Orléans - Voir l´image dans sa page
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- 2. Guido Reni (1575-1642)
David contemplant la tête de Goliath
(non exposé)
Huile sur toile - 228 x 163 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : RMN-GP/M. Urtado - Voir l´image dans sa page
Cette redécouverte majeure pour les musées français est aujourd’hui célébrée à Orléans même avec une exposition particulièrement réussie consacrée, tout en réservant à cette toile une place essentielle dans la démonstration, à l’atelier de Guido Reni. C’était ainsi une occasion remarquable de comparer ce tableau avec celui de même sujet du Louvre, et de composition très proche, reconnu depuis toujours comme un original. Un espoir déçu : le David contemplant la tête de Goliath du musée parisien (ill. 2) n’a pas été prêté car il est aujourd’hui exposé au Louvre-Lens. On ne sait comment qualifier un tel refus qui ne fait que confirmer toutes les craintes que nous avions pour ce projet bancal de cette antenne du Louvre. Refuser le prêt d’une œuvre pour une exposition pleinement scientifique et qui fait avancer l’histoire de l’art afin de l’accrocher à Lens où elle pourrait être interchangeable avec n’importe quel tableau bolonais (le Louvre n’en manque pas) en dit long sur les motivations réelles de ce projet.
Signalons que dans une exposition consacrée au Saint François de Zurbarán assez comparable dans l’ambition - et tout aussi réussie d’ailleurs - dont nous parlerons bientôt, le Musée des Beaux-Arts de Lyon s’est vu prêter par celui de Boston une des trois versions existantes de cette composition. Ce que Boston fait pour un musée de province, le Louvre le refuse !
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- 3. Vue de l’exposition « Dans l’atelier de Guido Reni »
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
Oublions donc cette version du Louvre, qui est évidemment largement citée dans le catalogue, et le rêve de la voir à côté de celle d’Orléans, et penchons-nous sur cette exposition remarquable.
L’ambition de celle-ci - qui bénéficie d’une excellente scénographie (ill. 3) - est de faire comprendre la manière dont fonctionnait l’atelier de Guido Reni, ce qui n’était pas gagné compte tenu de la complexité de ce sujet, mais qui est parfaitement réussi. On y apprend ainsi que…