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Claude Lorrain. Dessins et eaux-fortes
Chantilly, Musée Condé, du 2 mars au 19 mai 2024
Pour les spécialistes, ce n’est certes pas une surprise mais pour tous les autres, c’est une véritable révélation : le château de Chantilly conserve grâce au duc d’Aumale un ensemble d’œuvres graphiques de Claude Lorrain de tout premier ordre, peu connu et encore moins souvent exposé : ces feuilles n’ont pas été présentées depuis 2001 ! Il était donc plus que temps de les montrer à nouveau, d’autant que ce qui aurait pu « simplement » constituer une exposition-dossier s’est progressivement mué en une vraie manifestation exigeante, enrichie de nouveaux regards et de nombreux prêts.
- 1. Claude Gellée, dit Le Lorrain (vers 1600-1682)
Deux études d’un dessinateur et de son compagnon, vers 1650-1660
Plume et encre brune - 10,3 x 19 cm
Pontoise, Musée Tavet-Delacour
Photo : Musée d’art et d’histoire Pissarro-Pontoise - Voir l´image dans sa page
On découvre ainsi une double étude venant de Pontoise (ill. 1) qui avait échappé au spécialiste de l’artiste, Marcel Roethlisberger, disparu en mars 2020. Parfait avant-goût aux promenades dans Rome et ses environs, celle-ci avait bien été publiée par Pierre Rosenberg dans la Revue de l’Art en 1971 mais n’avait jamais été exposée depuis. Le dessin fut légèrement restauré à Chantilly en amont de l’exposition, comme il est d’usage, et bénéficie d’une passionnante notice de Lisa Beaven à qui le commissaire Baptiste Roelly - qui veille avec soin sur les arts graphiques au musée Condé - a donc confié les textes les plus stimulants de ce solide ouvrage qui a bénéficié du soutien - éclairé et déterminant - de la collectionneuse et mécène Alice Goldet. Puisant ainsi dans les études environnementales, cette chercheuse australienne rappelle que la campagne romaine était un endroit périlleux, où sévissaient autant la malaria que les brigands, motif emblématique qui fit également l’objet d’une eau-forte en 1633.