12/1/21 - Patrimoine - Lille, chapelle Saint-Joseph - Loin de s’interrompre, le combat pour la sauvegarde de la chapelle Saint-Joseph se poursuit selon plusieurs axes. Un mécène a proposé à l’association Urgences Patrimoines de financer un recours devant le Conseil d’État pour contester le refus du ministère de la Culture de poser une instance de classement, après qu’un premier recours en référé a été retoqué. Malheureusement, ce nouveau recours n’est pas suspensif, et les délais d’instruction qui peuvent être très longs semblent incompatibles avec la sauvegarde du monument, une éventuelle victoire judiciaire risquerait d’aboutir après la destruction, d’autant que les vitraux sont déjà en cours de dépose.
En revanche, l’interpellation des pouvoirs publics est, à ce stade, une action à mener tous azimuts. Nous conseillions déjà dans notre dernier article à nos lecteurs de s’adresser directement au ministère de la Culture pour exiger cette instance de classement. Désormais, les sept grandes associations de protection du patrimoine reconnues d’utilité publique (et regroupées sous le nom de G7 Patrimoine) ont fait parvenir une lettre ouverte à la ministre de la Culture. Elles y rappellent l’importance de protéger cet édifice, et demandent « solennellement » à Roselyne Bachelot d’organiser une véritable concertation sous l’égide d’une « personnalité tierce », ce qui permettrait de sauver cet élément du patrimoine lillois.
Les associations appellent par ailleurs à une extension de la pratique de l’instance de classement dont nous rappelions qu’elle permet souvent, au-delà de la protection définitive à laquelle elle peut aboutir, de « donner du temps à la réflexion et au compromis pour éviter l’irréparable ».
La Tribune de l’Art s’associe évidemment à cette démarche. Nous avons pu constater, lorsque nous avions rencontré la ministre, que celle-ci professait un amour qui nous est apparu sincère pour le patrimoine. Mais comme nous l’avons souvent rappelé, reprenant une citation de Pierre Reverdy, il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. Nous attendons désormais de la ministre qu’elle applique cet adage. Nous lui redisons que contrairement à ce qu’ont pu lui dire ses conseillers, et comme le lui rappellent un grand nombre d’historiens d’art et de l’architecture, ainsi que les associations, cette chapelle a une grande importance patrimoniale. Elle ne doit pas être la ministre qui a abandonné ce monuments aux destructeurs.