- Charles Garnier (1825-1898)
Le nouvel opéra de Paris, 1880
pl. 10 (plan du premier étage), avec les loges - See the image in its page
5/12/15 - Patrimoine - Opéra de Paris - Non contente de faire réaliser des travaux sans autorisation sur un monument historique, l’administration de l’Opéra de Paris cherche à faire taire toute opposition à ses projets. N’ayant que peu de poids sur les protestations extérieures, innombrables (une pétition ayant recueilli déjà plus de 32 000 signatures, une intervention de l’Académie des Beaux-Arts, les prises de position d’Hugues Gall, les très nombreux articles de presse…), elle cherche à museler toute personne employée par l’établissement public qui voudrait contester son action.
C’est ainsi qu’Adrien Perreau, qui est en charge de l’inventaire du patrimoine au sein de l’Opéra, a osé exprimer verbalement, et en interne uniquement, ses inquiétudes sur le projet de suppression des loges, considérant comme beaucoup qu’il s’agit d’une dénaturation de l’œuvre de Charles Garnier.
Cela n’a manifestement pas plu à Stéphane Lissner et à Jean-Philippe Thiellay, son directeur adjoint, puisque le directeur des ressources humaines a convoqué mercredi prochain 9 décembre Adrien Perreau pour un entretien préalable. Il est en effet « amené à envisager à [son] égard une sanction disciplinaire ». Sommes-nous en France, en 2015, c’est-à-dire théoriquement encore dans une démocratie ? Stéphane Lissner va-t-il se prévaloir de l’état d’urgence pour prétendre ainsi faire taire toute opposition à ses actes ?
Nous avons joint l’avocat d’Adrien Perreau, Me Jean-Philippe Morel. Celui-ci est indigné : « Je trouve tout à fait surprenant, alors que le débat dépasse manifestement le strict cadre de l’Opéra, qu’un salarié soit menacé d’être sanctionné pour avoir usé en interne, et simplement de manière orale, de sa simple liberté d’expression, qui est un principe inscrit dans la loi. Il est par ailleurs normal qu’il s’exprime puisque le patrimoine est au cœur de sa fonction. Une sanction serait donc injustifiée et disproportionnée et, je l’imagine, sanctionnée par les juridictions compétentes. C’est l’Opéra, en menaçant ainsi un de ses employés, qui l’oblige à mettre cette affaire sur la place publique. » Nous avons également joint l’Opéra de Paris qui nous a indiqué qu’il s’agissait d’une affaire interne sur laquelle il ne souhaitait pas s’exprimer pour le moment.
Il faut savoir que de telles tentatives d’intimidations sont fréquentes dans l’administration de la Culture dès que quelqu’un ose élever une voix différente. Ce qui est plus rare en revanche, c’est que la personne mise en cause ait le courage de dénoncer ces pratiques. Pas de chance pour la direction de l’Opéra, cette personne travaille pour cet établissement public.