« Cathares ». Toulouse dans la Croisade

Comment réaliser une bonne exposition d’histoire ? La recette peut sembler simple puisqu’il faut d’abord un bon sujet, si possible attractif pour un large public, avec peut-être un zeste de polémique mais surtout une bonne dose de pédagogie afin de rendre intelligible - au plus grand nombre de visiteurs - un propos souvent savant, voire érudit. Le Musée Saint-Raymond, associé au Couvent des Jacobins de Toulouse, y parvient haut la main avec une exposition exemplaire dont le vif succès a quelque chose de réjouissant compte tenu de la difficulté du thème retenu, qu’on peut facilement qualifier d’inflammable. Si le Musée Carnavalet se refuse à parler de « Terreur » dans son exposition « Paris 1793-1794. Une année révolutionnaire », c’est l’usage des guillemets qui interpelle avant toute chose les nombreux visiteurs [1] de la manifestation toulousaine qui s’attache à détricoter - à déconstruire, diront sans doute certains - un véritable mythe historique patiemment exploité par les courants régionalistes au XIXe siècle comme par les brochures touristiques jusqu’à nos jours !

1. Jean-Paul Laurens (1838-1921)
L’Agitateur du Languedoc, 1887
Huile sur toile - 149 x 115,5 cm
Toulouse, Musée des Augustins
Photo : Musée des Augustins

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La division du parcours et du propos sur les deux sites de la ville rose a ses qualités - et ses défauts, nous y reviendrons - mais permet finalement d’aborder efficacement à la fois les origines d’un épisode historique attesté, la croisade contre les Albigeois, ainsi que le récit qui en a été élaboré par des historiens et des auteurs du XIXe siècle. Comme l’explique parfaitement l’exposition, la mémoire des « hérétiques » occitans fut ravivée à l’époque moderne et devint un symbole de lutte politique. La toile (ill. 1) de Jean-Paul Laurens ne raconte d’ailleurs pas autre chose : attaché à ses racines languedociennes, celui-ci utilise la figure de Bernard Délicieux face aux inquisiteurs pour mieux…