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Breguet : une publi-exposition au Louvre
Le développement du mécénat d’entreprise doit, assurément, être encouragé. Celui-ci constitue désormais une source importante de financement pour organiser des expositions, enrichir les collections des musées ou restaurer les monuments historiques. Il faut s’en réjouir, à condition que des limites strictes ne soient pas franchies.
Première condition : le mécénat ne doit pas remplacer l’argent public. On constate pourtant, depuis quelques années, une raréfaction des fonds provenant de l’Etat et on a parfois l’impression que l’on attend des entreprises qu’elles prennent la place de celui-ci. C’est particulièrement vrai pour les acquisitions des trésors nationaux : la crise économique actuelle tend à diminuer la participation des sociétés, ce qui a occasionné récemment la sortie de France de plusieurs œuvres importantes que les musées français sont incapables d’acheter (voir éditorial du 10/5/09).
Seconde condition : le mécène n’a pas à dicter la politique de l’institution qu’il soutient. Ce deuxième postulat a été quelque peu mis à mal récemment à Versailles, où l’on avait parfois l’impression que les entreprises ou les American Friends of Versailles décidaient des priorités de l’Etablissement public. Jean-Jacques Aillagon paraît, fort heureusement, avoir mis un frein à cette dérive, au moins en ce qui concerne les jardins.
Une exposition en cours au Musée du Louvre repose à nouveau toutes ces questions en dépassant les limites admises jusqu’à aujourd’hui. Sous prétexte d’organiser une rétrospective de l’horloger Abraham-Louis Breguet (1747-1823), il s’agit en réalité d’une véritable opération publicitaire tressant les lauriers de la société Montres Breguet SA et de son président-directeur-général Nicolas G. Hayek.
Dès l’entrée de la chapelle où se déroule cette manifestation, le ton est donné. On peut y lire : « Depuis 1999, sous l’impulsion de Nicolas G. Hayek, c’est désormais dans le monde entier que le nom de Breguet est reconnu comme une référence…