Abords de Notre-Dame : la CNPA souhaite le maintien des grilles

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Pensez à signer la pétition, si vous ne l’avez pas déjà fait.

La CNPA (Commission nationale de l’architecture et du patrimoine) se réunissait donc ce matin pour aborder la question des abords de Notre-Dame. Le problème de ce type de commissions est qu’elles sont constituées de multiples personnalités et que cela implique nécessairement des concessions pas toujours satisfaisantes. Il reste que dans l’ensemble leurs quatre réserves et le vœu qu’elles ont émis, qui seront consignés dans le procès-verbal, vont plutôt dans le bon sens. Rappelons aussi que l’avis de la CNPA n’est que consultatif, même si la plupart du temps il est suivi par le ministère de la Culture, et qu’il n’est qu’une des nombreuses étapes par lesquelles devra passer ce projet qui aura certainement à subir aussi les recours posés par des associations s’il devait persister dans certains de ses mauvais choix.


1. Vue des squares de l’Île-de-France et Jean XXIII dans le projet actuel
© Bureau Bas Smets
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Emmanuel Grégoire était présent pour défendre le projet, comme il l’a annoncé partout, et il a été fidèle à lui-même : d’apparence très ouverte et sympathique, voulant rassurer en promettant beaucoup de choses. Les promesses, comme on le sait, n’engagent que ceux qui y croient, et même si certains membres de la commission n’y croyaient pas, ils n’avaient aucun moyen - diplomatique - de mettre sa parole en doute, même si la blague « menteur comme un arracheur de bancs » a largement circulé. Bas Smets était également présent. Il est apparu comme très à l’écoute et sans arrogance, ce qui est une bonne chose. Ce qui a frappé plusieurs membres de la commission, c’est que s’il s’agit d’un paysagiste, il n’est en aucun cas un architecte ou un urbaniste, alors qu’il s’agit pour une grande partie, justement, d’une question d’urbanisme. Clairement enfin, il n’est pas à l’origine de l’enlèvement des grilles : il s’agit d’une demande de la mairie de Paris qui s’est ainsi assise ouvertement et sans aucune honte sur l’avis des citoyens qu’elle a consultés.

La Commission a donc donné un avis « positif » mais assorti de quatre réserves majeures qui sauvegardent l’essentiel, au moins pour le square Jean XXIII, qui sont les suivantes :

 la première - et la plus importante - est celle-ci : la clôture du square Jean XXIII doit être conservée. Le seul arrangement qu’autorise la commission serait d’autoriser, s’ils le souhaitent, le déplacement vers l’est, du côté donnant sur le quai de l’Archevêché, afin d’inclure dans le jardin la partie où se trouvent les places de stationnement,
 la deuxième est le refus de la construction prévue pour les jardiniers au sud du chevet ; celle-ci devrait être reconstruite (mais en moins laid) à l’endroit où elle se trouve déjà, du côté de la rue du Cloître-Notre-Dame,
 la troisième est de conserver au maximum le mobilier ancien, y compris les bancs qui ne sont pas Davioud dont nous parlions dans cet article ; Emmanuel Grégoire ne cessant de répéter que tous ces bancs reviendraient (rappelons qu’une partie au moins a été cassée à coup de masse), on est prié de le croire,
 la quatrième enfin, qui n’est pas très contraignante, est d’étudier les flux des visiteurs, de les tester, et de vérifier qu’ils ne risquent pas de dégrader les lieux et qu’il permettront une visite dans de bonnes conditions (on ne voit pas très bien comment cela va être fait).

Par ailleurs, le tamaris serait conservé : cette fois, la promesse est venue de Bas Smets. Nous serons évidemment vigilants sur ce point.

En revanche, la commission a accepté que la clôture de Georges-Henri Pingusson du square de l’Île-de-France soit déplacée vers l’est comme c’est prévu dans le projet, ce que refusent les pétitionnaires. Par ailleurs, le devenir des pelouses, que le projet redessine en les transformant en purs rectangles sans grâce, qui seront privées de fleurs et d’arbustes, et qui seront piétinées par les visiteurs, n’a pas été discuté faute de temps [1], et c’est un réel problème, notamment pour la beauté du jardin et pour la biodiversité.


2. La « lame d’eau » sur le parvis
© Bureau Bas Smets
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Le parvis a fait l’objet d’une discussion pendant laquelle Emmanuel Grégoire a promis, contre l’évidence et les documents, qu’il n’y aurait pas d’activité commerciale ni de café, affirmant que seules des bouteilles d’eau seraient distribuées aux visiteurs ! Bien entendu, là encore personne ne l’a vraiment cru alors qu’au moins le CMN et le diocèse ont demandé chacun à disposer d’une boutique et qu’un café est bien prévu, donnant sur le quai. Le percement de celui-ci a été accepté moyennant quelques arrangements pour le rendre moins inesthétique.
Le marquage de l’ancien quartier qui se trouvait sur le parvis n’est pas conservé, et les arbres plantés rue du Cloître-Notre-Dame, qui devraient masquer en partie le côté nord de celle-ci, sont maintenus. Il reste que leur viabilité est peu probable compte-tenu des réseaux souterrains qui existent à cet endroit, situé au nord qui plus est.
La lame d’eau qui doit « rafraîchir l’espace », dont on lit dans le dossier qu’elle va « produire des reflets éphémères, que les visiteurs vont essayer de capter » et que « ce moment magnifique va créer une expérience extraordinaire devant la cathédrale » (on est prié de ne pas rire), a donné lieu à beaucoup de scepticisme, les participants rappelant que ce type d’aménagement ne fonctionne jamais longtemps (qu’on pense, par exemple, au « miroir d’eau » de la place de la République ou à la fontaine de la place de Catalogne…).


3. L’entrée du « vestibule »
© Bureau Bas Smets
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Toujours sur le parvis, si l’entrée de la crypte déplacée dans le « vestibule » et le comblement des trémies d’accès par de la pleine terre permettant à cet endroit de planter des arbres a été considéré favorablement, la fermeture la nuit par une grille en bas des deux escaliers, qui risquent très rapidement de se transformer en latrines en plein air, inquiète justement les membres de la commission.
Enfin, ceux-ci ont souligné que la réflexion sur le parvis ne pouvait pas faire l’économie de l’installation éventuelle - qui devient heureusement de plus en plus probable - d’un musée de l’Œuvre dans l’Hôtel-Dieu. Ils ont donc émis le vœu de la création de ce musée, en ajoutant qu’il devrait se trouver si possible du côté du parvis pour être le plus près possible de la cathédrale et assurer une continuité avec la crypte archéologique.

Bien loin d’avoir été validé tel quel, même si de nombreux points restent problématiques, la commission s’est donc prononcée pour que le projet évolue dans le sens préconisé par les pétitionnaires. Le combat est loin d’être terminé. Il ne fait même que commencer. La balle est désormais dans le camp du ministère de la Culture, de l’architecte des bâtiments de France et de la mairie de Paris. Il est important de continuer à signer la pétition, notamment pour sauver les pelouses, faire revenir les massifs de fleurs et les arbustes, voir disparaître les bancs en pierre ou en béton et s’assurer que les jardins resteront clos de grilles et fermés la nuit.

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