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Anne de France : femme de pouvoir, princesse des arts
Moulins, Musée Anne de Beaujeu, du 18 mars au 18 septembre 2022
Personnage emblématique de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, Anne de France reste paradoxalement peu connue, l’Histoire ayant retenu des figures plus romanesques que cette femme puissante qui fut par deux fois régente du royaume sans en avoir le titre [1]. Le musée qui porte son nom se devait ainsi de commémorer avec éclat les cinq cents ans de sa disparition, survenue en novembre 1522 au château de Chantelle, sa résidence favorite. Il s’agissait donc de présenter - ou de rappeler, pour les plus savants - son importance politique capitale comme son considérable mécénat artistique. Après avoir traversé les salles dédiées à la sculpture bourbonnaise du XVIe siècle qui constituent un préambule idéal au propos, le visiteur découvre ainsi Anne de France... par le prisme du XIXe siècle (ill. 1) !
- 1. Vue de la première salle de l’exposition Anne de France, femme de pouvoir, princesse des arts
Photo : Lætitia Guyot - CD03 - See the image in its page
Ce choix - qui semble faire écho à l’exposition qui vient de s’achever au monastère royal de Brou (voir l’article) - peut certainement dérouter mais la fascination qu’exerça la quasi régente sur les artistes romantiques est étudiée avec soin dans l’ouvrage qui accompagne l’exposition par Giulia Longo, directrice du Musée Anne de Beaujeu et cheville ouvrière de cet évènement dont elle est co-commissaire aux côtés de l’historienne Aubrée David-Chapy. Transformée en femme fatale par Gérard de Nerval, Anne de France revit également sous la plume de Balzac et de Hugo ainsi que par le pinceau de Nicolas Gosse qui la représenta aux côtés de son père, Louis XI, dans un tableau présenté au Salon de 1844 dont on connaît aujourd’hui plusieurs versions autographes [2]. Que les amoureux de Jean Hey se rassurent : le musée a réussi l’exploit de réunir quatre panneaux de l’artiste le plus célèbre de la cour de Moulins. C’est en effet la jolie surprise qui attend - ou plutôt, qui attendait - les visiteurs de la manifestation bâtie grâce à de beaux partenariats avec d’importantes institutions : le Musée du Louvre avait ainsi prêté durant les premiers mois de l’exposition les portraits d’Anne de France, de son mari Pierre de Beaujeu et de leur fille Suzanne de Bourbon.
- 2. Vue de la deuxième salle de l’exposition Anne de France : femme de pouvoir, princesse des arts
Photo : Lætitia Guyot - CD03 - See the image in its page
- 3. Vue de la deuxième salle de l’exposition Anne de France : femme de pouvoir, princesse des arts
Photo : Lætitia Guyot - CD03 - See the image in its page
Si ces chefs-d’œuvre rarement visibles hors de leurs vitrines parisiennes ont dû regagner la capitale, tel n’est pas le cas des trois magnifiques statues provenant du château de Chantelle vendues par l’évêque de Moulins [3] à la fin du XIXe siècle : Sainte Anne et la Vierge enfant, Saint Pierre et Sainte Suzanne retournent sur leurs terres bourbonnaises pour la première fois depuis…