- Vue aérienne nocturne de l’Île de la Cité, publiée dans le rapport, malheureusement non datée
Photo : APUR - Voir l´image dans sa page
Emmanuel Grégoire, et plus généralement la mairie de Paris, n’aime rien tant que traiter ses opposants de tous les noms. Il n’a pas de termes assez durs pour les qualifier, et celui de « menteur » intervient systématiquement. Pourtant, et cela est très facile à prouver, c’est bien celui qui dit qu’y est, pour parler trivialement.
Nous avons déjà eu l’occasion, notamment dans cet article, de démonter le discours du premier adjoint de la Ville de Paris. Il est dommage que Le Journal du Dimanche, qui lui donne si complaisamment la parole, ne se livre pas à ce travail basique du journalisme : vérifier, et rectifier les faits si ceux qu’on nous présente sont mensongers. Nous commençons ici une série qui s’attachera à certaines affirmations fausses d’Emmanuel Grégoire en le démontrant de manière factuelle. Mais il est vrai que dans notre période de postvérité, les faits n’ont plus d’importance.
Première affirmation d’Emmanuel Grégoire que nous examinerons donc, ce qu’il a raconté au Journal du Dimanche et dont nous disions que c’était peu probable, mais que nous n’avions rien qui nous permette d’affirmer le contraire.
Et bien maintenant nous avons quelque chose. Quelque chose de tangible puisqu’il s’agit d’un rapport récent, commandé par la Ville de Paris et livré en mars 2021, dû à une « Équipe Patrimoine et Paysage » composée de Marie-Pierre Gosset, Denis Miraillé et Viktoria Paniouchkina-Moullet (les deux premiers sont paysagistes, la dernière est architecte). Ce rapport, qui n’est d’ailleurs hostile en rien à la mairie, est téléchargeable sur un site de la municipalité, à cette adresse.
À la question : « Les opposants ont-ils tort de craindre une atteinte à la biodiversité liée au piétinement des pelouses et à l’éclairage nocturne », Emmanuel Grégoire répondait : « Jusqu’où vont se nicher les contestations… Nous sommes les premiers à défendre les trames noires pour la biodiversité. Mais ici, on parle du square Jean XXIII, qui est déjà éclairé la nuit, même fermé, sans parler de l’éclairage de la cathédrale ».
Jusqu’où vont se nicher les contestations ? Jusque dans les rapports produits pour la mairie de Paris ! Car dans celui que nous citons plus haut, p. 42, au chapitre 2.4 intitulé « Les vues nocturnes » illustré par des photographies de nuit (ill.), voilà ce qu’on peut lire : « Les squares Jean XXIII et de l’île de France présentent un éclairage plus discret, a minima, respectueux d’une certaine obscurité, gage d’observation des astres et d’une tentative de mise en profondeur du lieu.
Cette diminution de l’intensité lumineuse dans les jardins a un rôle bénéfique à l’épanouissement de la faune et de la flore est [sic] sans doute un atout tant pour l’ambiance que pour le maintien d’une biodiversité. » Soit exactement l’inverse de ce qu’ose prétendre Emmanuel Grégoire, et non moins exactement ce qu’affirment les opposants au projet : le square Jean XXIII (et celui de l’Île-de-France aussi) respectait « une certaine obscurité » la nuit, et cette basse intensité lumineuse est un atout pour le maintien de la biodiversité. Demain, si ces squares sont éclairés jour et nuit, la biodiversité ne pourra être maintenue.
Ce que nous pensions - et nous avions l’honnêteté de dire que nous n’en étions pas certain - est donc avéré. Alors de deux choses l’une : soit Emmanuel Grégoire ment sciemment, soit il raconte n’importe quoi car il ne connaît rien à son sujet. Les deux ne sont pas incompatibles.