- Stèle au nom de Toutânkhamon acquise en 2016 par le Louvre Abu-Dhabi
Photo : Louvre Abu Dhabi - Voir l´image dans sa page
Comme tout le monde ou presque, nous avons été surpris par la garde à vue, puis la mise en examen de Jean-Luc Martinez dans une affaire de trafic d’antiquités dont nous n’avions pas connaissance, et dont nous ne savons toujours rien de plus que ce que Le Canard Enchaîné, puis la presse quotidienne, a révélé. Il convient d’abord de rappeler qu’à l’heure où nous écrivons, l’ancien président-directeur du Louvre est présumé innocent.
Il serait hypocrite, néanmoins, de prétendre que nous sommes désolé pour lui. Tout au long de ses deux mandats, nous n’avons cessé de dénoncer les innombrables avanies qu’il a fait subir à ce musée. Rien d’illégal dans tout cela, simplement une descente aux enfers dont le Louvre mettra du temps à se relever. L’envoi des réserves à Liévin notamment est une atteinte grave au fonctionnement de ce musée qu’un conservateur digne de ce nom n’aurait jamais dû mettre en œuvre même si elle ne peut être punie par aucune sanction.
Nous avons appris sa garde à vue peu de temps avant d’assister à la présentation d’un logiciel destiné à aider le marché de l’art à appliquer la loi de 2020 ayant pour objectif, pour toute transaction supérieure à 10 000 €, à « lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme » (LCB-FT). Cela oblige les marchands à procéder à toutes sortes d’investigations allant bien au-delà de ce qu’il est normal de demander à des professionnels qui, jusqu’à plus ample informé, ne font pas partie des forces de l’ordre. Avec cette loi, il est clair que demain de nombreuses personnes pourraient être accusées, comme le président du Louvre, de « blanchiment ».
S’il est impossible pour l’instant de dire si Jean-Luc Martinez aurait, sciemment ou non, participé à un tel trafic, une chose reste certaine : sa nomination par le président de la République comme « ambassadeur, en charge de la coopération internationale dans le domaine du patrimoine », que nous dénoncions ici même, était un scandale en soi. Les derniers développements montrent qu’elle s’avère désormais plus qu’une erreur : une faute. Une faute grave dont les seuls responsables sont Emmanuel Macron et Roselyne Bachelot (qui l’a soutenu). Pour cette raison au moins, on peut penser qu’il y a une justice ou au moins une morale…