Contenu abonnés
Émaux peints de Limoges, XVe-XVIIIe siècles. La collection du musée des Arts décoratifs
Auteurs : Collectif, sous la direction de Monique Blanc
Fruit d’une étude scientifique minutieuse, cet ouvrage apporte un nouvel éclairage sur les émaux peints de Limoges conservés aux Musée des Arts décoratifs de Paris. Son originalité est d’avoir eu recours à deux techniques complémentaires, l’analyse chimique élémentaire et la microscopie Raman, qui ont permis de confirmer ou d’infirmer l’attribution et la datation de certaines œuvres, réservant parfois quelques surprises. Ainsi, certaines plaques que l’on croyait être des faux du XIXe datent en réalité du XVIe siècle.
Riche d’une soixantaine de pièces allant de la fin du XVe au XIXe, cette collection s’est constituée principalement grâce à de généreux mécènes auxquels Dominique Blanc, conservateur en chef, chargée du département Moyen Âge et Renaissance, rend hommage dans son introduction.
Les deux techniques scientifiques utilisées sont détaillées par Isabelle Biron et Philippe Colomban dans des articles qui savent rester clairs malgré la complexité des procédés. Ingénieur au C2RMF, Isabelle Biron explique comment l’analyse chimique élémentaire du verre par faisceau d’ions permet d’authentifier et de dater les émaux. Quatre à cinq périodes peuvent être ainsi distinguées en fonction des variations de composition des verres employés par les émailleurs de Limoges entre la fin du XVe (époque des premiers émaux peints) et le XIXe siècle. La fourchette de datation est plus ou moins large car il s’agit d’une méthode comparative. On rapproche en effet la teneur en plomb ou en arsenic de certains émaux avec une base de données constituée à partir d’œuvres datées par des historiens d’art. Directeur de recherche au CNRS, Philippe Colomban montre ensuite comment la spectroscopie Raman permet l’identification non destructive des émaux, utilisant la lumière comme sonde de la matière.