Urgence pour les restaurateurs de monuments historiques

Restauration de la Grande Singerie
au château de Chantilly en 2007
Photo : Didier Rykner
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Comment les monuments historiques ouverts au public vont-ils survivre à la crise actuelle ? Nous reviendrons très bientôt sur cette question et sur les mesures nécessaires à prendre, mais nous pouvons signaler dès maintenant qu’à l’initiative de nombreux parlementaires, aussi bien des députés (voir la brève du 16/4/20) que des sénateurs, les propriétaires de monuments historiques recevant des visiteurs pourront bénéficier des prêts garantis par l’État, qu’ils aient le statut de Société Civile Immobilière (SCI), quelque soit le régime d’imposition, ou qu’il s’agisse d’une entreprise individuelle ayant un numéro de SIRET. C’est un premier résultat, positif, mais qui ne résoudra évidemment pas tout, nous y reviendrons.

Il reste que les propriétaires de monuments historiques auxquels nous avons déjà pu parler pour mener notre enquête nous ont tous dit que les travaux étaient pour la plupart d’entre eux interrompus. Leur reprise n’est pas à l’ordre du jour et sans doute pas avant longtemps, tellement leurs revenus sont aujourd’hui compromis. Si l’on peut espérer que les propriétaires publics poursuivront leurs efforts dans les prochains mois pour continuer les travaux engagés sur les monuments historiques leur appartenant, il paraît désormais évident que beaucoup d’entreprises vont se retrouver devant une chute considérable de leur activité. Que vont devenir toutes ces sociétés spécialisées dans les monuments historiques, tous ces restaurateurs qui seront privés de travail ?

Nous avons, à de nombreuses reprises, et nous le referons encore tant que nous ne serons pas entendus par un ministère sourd et muet, proposé une solution pour financer, enfin, les monuments historiques, sans faire appel au budget de l’État. Il devient urgent d’au moins débattre de ces solutions, car c’est désormais la survie de cette activité qui est en jeu. Où l’Etat, qui doit faire face de toutes part à des demandes d’aides, va-t-il trouver l’argent nécessaire à la survie des restaurateurs et des entreprises spécialisées dans les monuments historiques ? Pourquoi se priver de nos deux solutions ?

Certes, l’une ne serait actuellement que très peu rentable puisqu’il s’agit d’augmenter de 50 centimes ou d’un euros par nuitée la taxe de séjour. Mais l’activité va finir par reprendre, et même une diminution sur les douze mois à venir de 50 % du rendement d’une telle taxe apporterait tout de même entre 110 et 220 millions de plus par an à investir dans la restauration des monuments historiques. Notre seconde proposition, la taxe d’1,8 % sur les mises de la Française des Jeux, équivalente à ce qui est donné aux sports, et qui serait financée par une petite diminution de la part reversée aux gagnants, permettrait de récolter plus de 250 millions d’euros. Comment ne pas se poser la questions de mesures qui rapporteraient, malgré la pandémie, et sans toucher au budget de l’État, au moins 360 millions d’euros par an. En rajoutant cette somme au budget du ministère de la Culture, cela permettrait sans difficulté de sauver à la fois les monuments historiques et les entreprises spécialisées.

Ah, si nous avions un ministre de la Culture ! Peut-être dans le monde d’après ?

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