Une proposition d’attribution pour la Sainte Cécile de Dulwich

Alors que nous publiions hier un tableau anonyme conservé à la Dulwich Picture Gallery, en appelant les lecteurs du site à exercer leur sagacité, nous avons reçu une proposition très convaincante de l’historien de l’art italien Alessandro Morandotti, et nous lui avons proposé de la formaliser dans un court article, ce qu’il a accepté. Nous l’en remercions.

D’après ce que l’on peut voir sur la photographie publiée par La Tribune de l’Art, la Sainte Cécile de Dulwich (ill. 1 ; voir la brève du 3/1/12) trouve son origine plutôt à Ferrare qu’à Bologne.? Le tableau doit en fait être rapproché de la production de Carlo Bononi (1569-1632), un artiste qui a souvent dialogué avec les Carrache (et en particulier Ludovico, comme nous le rappelle ici la tête de la sainte). Il me semble que la figure de l’ange couché sur les nuages est presque une signature du peintre et que la tête en contre-plongée de la sainte Cécile peut être comparée de manière pertinente avec le détail de la tête du Christ dans la seule toile de Bononi dont la présence en France est anciennement attestée, c’est-à-dire Le Christ adoré par les anges, Saint Sébastien et Saint Bernardin (ill. 2) conservé au Louvre.


1. Ici attribué à Carlo Bononi (1569-1632)
Sainte Cécile
Huile sur toile - 173,5 x 126,7 cm
Dulwich, Picture Gallery
Photo : Dulwich Picture Gallery
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2. Carlo Bononi (1569-1632)
Le Christ adoré par les anges,
Saint Sébastien et Saint Bernardin

Huile sur toile - 248 x 178 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : RMNGP
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Tout en maintenant son dialogue avec Scarsellino, référence constante pendant sa formation, Bononi révèle ici son propre style, en nous enchantant de l’éclatante perfection des draperies qui enveloppent la sainte : les gris perle (dignes de Saraceni), les jaunes et les verts vifs.
Une date proche de 1620/1625 peut être proposée pour ce tableau, au moment de ses travaux à Reggio Emilia pour la Baslica delle Ghiara (1622) et pour l’église de Santi Pietro et Prospero (1622-1623).

Texte original en italien :

Per quello che fa vedere la fotografia pubblicata sulla Tribune de l’Art, la Santa Cecilia di Dulwich (ill. 1) documenta la sua origine ferrarese piuttosto che bolognese. Il quadro va infatti studiato in relazione alla produzione di Carlo Bonone (1569-1632), un pittore speso in dialogo con i Carracci (e in particolare con Ludovico, come ci ricorda qui la testa della Santa Cecilia). Mi pare che la figura dell’angelo sdraiato sulle nubi sia quasi una firma per il pittore e che la testa in scorcio della Santa Cecilia si confronti bene con il dettaglio della testa di Cristo nell’unico quadro di Bononi anticamente attestato in Francia, vale a dire il Cristo adorato dagli angeli, San Sebastiano e San Bernardino (ill. 2) conservato al Louvre.

Pur tenendo vivo il dialogo con Scarsellino, punto di riferimento costante per la sua formazione, Bononi tradisce qui la propria personale cifra stilistica, incantandoci con le lustre finitezze dei panneggi che avvolgono la santa : tra i grigi perla (degni di Saraceni), i gialli e i verdi squillanti.
Per il dipinto conviene forse una data prossima al 1620/1625, in anni non lontani dagli impegni a Reggio Emilia, tra la Basilica della Ghiara (1622) e la chiesa dei Santi Pietro e Prospero (1622-1623).

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