Une nomination discutable à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine

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17/12/19 - Nomination, Paris, Cité de l’Architecture et du Patrimoine - Alors que le ministère de la Culture ne cesse de se réduire comme peau de chagrin, et de traquer les économies à faire au niveau des services centraux, certaines pratiques perdurent qui, si elles ne sont pas originales ni nouvelles, n’en sont pas moins insupportables, surtout dans le contexte actuel de chasse aux emplois.

C’est ainsi que le 11 décembre 2018, Delphine Aboulker, architecte, était nommée au poste de conseiller patrimoine et musée du ministre de la Culture Franck Riester. Ses performances n’ont pas, semble-t-il, été à la hauteur des espérances qu’on plaçait en elle, et elle a dû quitter ce poste moins d’un an plus tard, le 6 novembre 2019. Elle a été remplacée le 13 novembre par Jean-Baptiste de Froment. Rien là que de classique : les conseillers dans les ministères de la Culture d’Emmanuel Macron ne restent jamais très longtemps en place.

Il fallait donc trouver un poste à Delphine Aboulker. Là encore, un grand classique. Mais celui qu’elle a rejoint, dès début décembre, soit moins d’un mois après avoir quitté le ministère, ne laisse pas d’interroger. D’une part, il a été créé spécialement pour elle : il n’existait pas en effet jusqu’à aujourd’hui de poste de « directeur adjoint » à l’École de Chaillot, une des directions de la Cité de l’Architecture. Celle-ci nous a répondu que son organisation administrative dépendait « de la compétence de son Président directeur général », ce qui est vrai, même si en l’occurrence il s’agit d’une présidente qui n’est pas directeur général, Marie-Christine Labourdette. C’est un coup de chance, indiscutablement, qu’elle se soit aperçu qu’il était indispensable d’avoir un directeur adjoint à l’École de Chaillot juste maintenant. Il semble cependant qu’elle aurait dû consulter les instances représentatives du personnel, ce qu’elle a peut-être fait (rapidement, en moins d’un mois).

En revanche, à la question de la publication du poste et de la procédure de recrutement, légalement obligatoire, la réponse a été la suivante : « Le poste de directrice-adjointe de l’École de Chaillot (qui constitue le département formation de la Cité) en charge du développement et des partenariats a fait l’objet d’une lettre de mission et d’une mise à disposition par le ministère de la Culture. » Depuis quand crée-t-on un poste d’adjoint à directeur dans un établissement public avec une simple lettre de mission, sans publication ni appel à candidature, en moins d’un mois ? Soit la loi n’a pas été respectée, soit pour la contourner on a créé un poste dont le titulaire est directement géré par le ministère pour être mis à la disposition de la Cité de l’architecture. Quoi qu’il en soit, et même si ce genre de pratique a longtemps été monnaie courante, on aurait apprécié que le « nouveau monde » n’agisse pas comme l’ancien. On sait en réalité qu’il est bien pire.

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