Un parcours patrimonial dans le Gâtinais en Bourgogne

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Samedi 19 et dimanche 20 septembre avaient lieu les Journées européennes du patrimoine. S’il peut paraître parfois étrange de célébrer le patrimoine pendant deux jours alors que celui-ci est tellement malmené le reste de l’année, il n’en reste pas moins que cet événement est l’occasion dans de nombreux endroits de faire prendre conscience à la population des richesses qui sont les leurs, et de la nécessité de les protéger et de les restaurer.

C’est encore plus vrai lorsque des maires amoureux du patrimoine accèdent à cette fonction élective et font bouger les choses. C’est le cas, manifestement, dans la Communauté de commune du Gâtinais en Bourgogne dans le département de l’Yonne, aux frontières de l’Île-de-France et du Centre-Val-de-Loire. Les dernières élections ont en effet permis à Étienne Chilot, éditeur d’art (éditions Le Charmoiset), de devenir maire de Montacher-Villegardin, et à Jean-François Chabolle, antiquaire aujourd’hui à la retraite, d’être élu maire de Vallery et président de la Communauté de Communes.

C’est sous leur égide, avec la participation enthousiaste de plusieurs autres maires [1], qu’un parcours patrimonial a été organisé dans plusieurs de ces communes. Nous avons donc passé la journée de samedi dernier à parcourir les lieux et découvert ainsi beaucoup de très belles choses qui méritent incontestablement d’être mises en lumière. Même la plus petite église peut avoir un intérêt, grâce à une sculpture, à une peinture, à son architecture ou à des vitraux, et quelque fois à tout cela réuni. Un livret avait été édité spécialement à cette occasion, et trois chanteuses lyriques, accompagnées d’un pianiste, se sont produits pendant deux jours dans plusieurs de ces églises, attirant un nombreux public qui n’était pas toujours familier de ce type d’événement. Voilà la vraie démocratisation culturelle, qui élève plutôt qu’elle ne rabaisse.

Nous parlerons donc de ce parcours dans l’ordre où nous avons pu le faire, en reproduisant les plus belles œuvres que nous avons vues. Si ce coin de Bourgogne n’est sans doute pas le plus riche du point de vue du patrimoine, il conserve un nombre insoupçonné de monuments et d’œuvres méritant d’être visités et admirés.


1. Nef de l’église Saint-Éloi de Montacher-Villegardin
avec l’exposition organisée pour les journées du patrimoine
Photo : Didier Rykner
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Commençons donc par la commune de Montacher-Villegardin, ainsi appelée car issue de la fusion de deux villages, Montacher, et Villegardin.
L’église de Montacher a subi un bombardement en 1940, et fut rasée en 1943 alors qu’elle aurait pu indiscutablement être restaurée. Sa reconstruction en 1950, par l’architecte Lazare Bertrand n’est néanmoins pas dénuée d’intérêt, bien au contraire. La nef est très équilibrée, et vraiment belle (ill.1). Pendant les deux jours, une petite exposition y retraçait l’histoire de l’édifice à l’aide notamment de reproductions de photos et de cartes postales anciennes. On pouvait y voir aussi une belle Vierge à l’enfant du XVIIIe siècle (ill. 2) qui avait été sauvée des décombres.


2. France, XVIIIe siècle
Vierge à l’enfant
Bois polychrome
Montacher-Villegardin, église Saint-Éloi
Photo : Didier Rykner
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3. Jean-Louis Deslignes
Saint Nicolas, 1760
Huile sur toile
Montacher-Villegardin, église Saint-Éloi
Photo : Didier Rykner
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Très récemment, un tableau caché derrière une armoire de la sacristie a même été retrouvé. Dû à un peintre local, Jean-Louis Deslignes, religieux de l’ordre des Cordeliers et auteur d’autres œuvres dans les églises de la région, il est d’une qualité modeste (ill. 3), mais mérite d’être restauré et accroché dans l’église. Il semble provenir, en réalité, de l’église de Villegardin, datant des XIIIe et XIVe siècle, malheureusement déconsacrée et vendue à un particulier en 1981, et dont peu de temps après la nef a en grande partie été démolie… Propriété privée, elle n’était pas visitable pendant les journées du patrimoine (ill. 4).


4. Ancienne église de Villegardin
Photo : Didier Rykner
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Le village suivant est Jouy, dont l’église Saint-Étienne (ill. 5 et 6) conserve de belles boiseries (maître-autel - ill. 7 -, stalles - ill. 8)…) néoclassiques. La toile du retable fait impression de loin même si de près il n’est, lui aussi, guère séduisant. Nos églises conservent parfois des tableaux anciens modestes sur le plan artistique, mais qui méritent d’être sauvés car ils constituent l’histoire du lieu. De plus, celui-ci remplit parfaitement son rôle de tableau d’autel, représentant d’ailleurs le martyre de saint Étienne, vocable sous lequel l’église est consacrée.


5. Jouy, église Saint-Étienne
Photo : Didier Rykner
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6. Nef de l’église Saint-Étienne de Jouy
Photo : Didier Rykner
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7. Maître-autel de
l’église Saint-Étienne de Jouy
Photo : Didier Rykner
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8. Stalles de l’église Saint-Étienne de Jouy
Photo : Didier Rykner
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9. Nef de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Chéroy
Photo : Didier Rykner
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L’église du village suivant, Chéroy, est d’un grand intérêt architectural (ill. 9 et 10) ; elle est inscrite. On peut également y voir quelques œuvres intéressantes, notamment un beau vitrail de l’atelier Champigneulle (ill. 11) dans l’abside. La date est difficile à lire mais il semble qu’il s’agisse de 1890, il s’agit donc de Louis-Charles-Marie Champigneulle et non de son père, Charles-François Champigneulle, mort en 1882. Ce dernier était originaire de Metz et associé à Maréchal de Metz pour la fabrication de vitraux. Les Champigneulle, comme nombre de maîtres verriers du XIXe siècle, formèrent une véritable dynastie puisque le frère de Charles-Marie, Emmanuel Champigneulle, fut également auteur de vitraux, comme le furent son fils Charles-Marie, mort en 1908 prématurément à l’âge de 28 ans, et son petit-fils Jacques-Charles Champigneulle, un des grands artistes de la période Art déco qui travailla notamment sur le paquebot Normandie.


10. Chéroy, église Notre-Dame-de-l’Assomption
Photo : Didier Rykner
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11. Louis-Charles-Marie
Champigneulle (1853-1905)
Immaculée Conception, 1890 (?)
Vitrail
Chéroy, église Notre-Dame-de-l’Assomption
Photo : Didier Rykner
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On remarque aussi dans le bas côté gauche une assez intéressante Fuite en Égypte (ill. 12) offerte « par la famille Puteaux », et sans doute due à un bon paysagiste de la première moitié du XIXe siècle qui reste à identifier [2].


12. France, vers 1850
Fuite en Égypte
Huile sur toile
Chéroy, église Notre-Dame-de-l’Assomption
Photo : Didier Rykner
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Le village suivant, Saint-Valérien, possède un petit château (ill. 13) avec un grand parc (ill. 14), qui ne faisait pas partie des demeures ouvertes pour les journées du patrimoine, mais que nous avons pu visiter (elle appartient à Henri de Raincourt qui fut le maire de la commune). Mais ce qui fait la grande valeur de ce village est son église (ill. 15), à la fois intéressante sur le plan de l’architecture (elle est inscrite), et riche de plusieurs œuvres notables.


13. Château de Saint-Valérien
Photo : Didier Rykner
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14. Parc du château de Saint-Valérien
Photo : Didier Rykner
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15. Nef de l’église Saint-Valérien,
de Saint-Valérien
Photo : Didier Rykner
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Outre les grilles du XVIIIe siècle [3], il faut surtout noter le monument funéraire de Pierre Dauvet (ill. 16) avec un Christ bénissant de Michel Bourdin. Celui-ci a perdu ce que l’on peut voir sur la photographie de la base Palissy du ministère de la Culture (ill. 17) : deux angelots aux pieds du Christ, encadrant un crâne, et posés sur un fronton. En réalité, ces éléments ont été enlevés après des travaux exécutés en 1987, déposés en lieu sûr, et finalement oubliés. Ils seront, nous l’espérons, bientôt remis en place.


16. Michel Bourdin (vers 1585-1645)
Monument funéraire de Pierre Dauvet
(sans les angelots, déposés)
Marbre
Saint-Valérien, église Saint-Valérien
Photo : Didier Rykner
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17. Michel Bourdin (vers 1585-1645)
Monument funéraire de Pierre Dauvet
(avant dépose des angelots en 1987)
Marbre
Saint-Valérien, église Saint-Valérien
Photo : Henri Heuzé
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18. France, début du XVIIe siècle
d’après Joseph Heintz l’ancien (1564-1609)
Pietà
Huile sur toile
Saint-Valérien, église Saint-Valérien
Photo : Didier Rykner
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À droite du monument, on voit aussi une toile maniériste du début du XVIIe siècle (ill. 18). On en connaît un certain nombre de versions qui ont parfois été rapprochées de l’art de Jacques Bellange. Il s’agit en réalité d’une œuvre d’après un tableau de Joseph Heintz l’ancien, gravé par Lucas Kilian. Il reste qu’il s’agit d’une bonne peinture, sans doute moins intéressante qu’une œuvre originale mais qui témoigne de la diffusion du maniérisme international. Bien que d’origine suisse, Heintz l’ancien fut peintre de Rodolphe II à Prague, puis à Rome. Lucas Kilian est un graveur allemand, qui travailla à Augsbourg.
Enfin, on peut signaler plusieurs vitraux (ill. 19 et 20) sur le côté gauche (ceux de droite ont été détruits pendant la Seconde guerre mondiale) dus à un autre atelier de la fin du XIXe siècle, celui d’Albert Vermonet-Pommery, actif à Reims. De grande qualité, ils démontrent une fois de plus que la production de vitraux en France au XIXe siècle est encore un champ très peu étudié et qui mériterait de l’être. Nous n’avons à peu près rien trouvé sur ce maître-verrier ni sur sa production, si ce n’est qu’il fut très productif et qu’il fut également actif en Picardie.


19. Albert Vermonet-Pommery
Quatre saintes
Vitraux
Saint-Valérien, église Saint-Valérien
Photo : Didier Rykner
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20. Albert Vermonet-Pommery
Le Christ et les petits enfants
Vitraux
Saint-Valérien, église Saint-Valérien
Photo : Didier Rykner
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Après Saint-Valérien, nous avons visité Piffonds où le château (inscrit) est occupé en partie par la mairie (ill. 21 et 22), et bénéficie d’une importante campagne de restauration. La charpente et la toiture (ill. 23), dont un segment a déjà été restauré, sont actuellement dans une deuxième et avant-dernière phase de travaux. Nous avons pu monter sur les échafaudages d’où nous surplombions un ensemble de pierres soigneusement alignées et numérotées (ill. 24) qui pourront ensuite être remontées : le sommet d’une tour, qui s’écroulait, a dû en effet être déposé provisoirement. On aperçoit aussi l’église du village (ill. 25 et 26) dont le toit méritera ensuite également une restauration.


21. Château de Piffonds
Photo : Didier Rykner
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22. Salle voûtée du château de Piffonds
Photo : Didier Rykner
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23. Pierres déposées d’une tour du château de Piffonds, avant remontage
Photo : Didier Rykner
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24. Charpente du château de Piffonds
en cours de restauration
Photo : Didier Rykner
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25. Église Saint-Martin-et-Sainte-Radegonde de Piffonds
Photo : Didier Rykner
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26. Nef de l’église Saint-Martin-et-Sainte-Radegonde de Piffonds
Photo : Didier Rykner
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La commune que nous avons visitée ensuite, Domats, possède une église Saint-Rémi (non protégée) où l’on peut voir un tableau, certes de facture très modeste (ill. 27), mais dont l’iconographie est particulièrement intéressante puisqu’on y voit le baptême de Clovis auquel assistent Louis XIII et Marie de Médicis.
Des vestiges de vitraux du XVIe siècle (ill. 28 et 29) sont également conservés dans trois fenêtres, tandis que l’autel porte un calvaire du XVIIe siècle (ill. 30).


27. France, XVIIe siècle
Le Baptême de Clovis
Huile sur toile
Domats, église Saint-Rémi
Photo : Didier Rykner
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28. France, XVIe siècle
Fragments de vitraux
Domats, église Saint-Rémi
Photo : Didier Rykner
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29. France, XVIe siècle
Fragments de vitraux
Domats, église Saint-Rémi
Photo : Didier Rykner
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30. France, XVIIe siècle
Calvaire
Bois polychrome
Domats, église Saint-Rémi
Photo : Didier Rykner
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31. France, XVIe siècle (?)
Christ en croix
Bois polychrome
Courtoin, église Notre-Dame-et-Saint-Firmin
Photo : Didier Rykner
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Si l’église Notre-Dame-et-Saint-Firmin de la commune de Courtoin ne possède aucune œuvre particulièrement notable, à part un Christ en croix (ill. 31) que nous avons du mal à dater, mais qui mériterait assurément une protection monument historique, on peut néanmoins admirer sa jolie architecture (ill. 32 et 33) et le charme des vieilles tombes de son cimetière (hélas en partie gâché, comme partout, par les horribles tombes modernes en marbre). Notons aussi une tête incluse dans un de ses murs (ill. 34), que nous ne nous expliquons pas. Cette église mériterait d’être inscrite monument historique, mais elle ne l’est pas, ce qui démontre une fois de plus la forte sous-protection du patrimoine français.


32. Chœur de l’église Notre-Dame-et-Saint-Firmin à Courtoin
Photo : Didier Rykner
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33. Église Notre-Dame-et-Saint-Firmin
de Courtoin
Photo : Didier Rykner
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34. Tête sculptée incrustée dans un mur de
l’église Notre-Dame-et-Saint-Firmin de Courtoin
Photo : Didier Rykner
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Le principal intérêt de l’église Saint-Jacques de La Belliole (non protégée), à l’architecture simple mais élégante (ill. 35), est le décor de ciel étoilé (ill. 36) comme on en trouve dans certaines églises en France, mais qui s’étend ici sur l’ensemble de la voûte.


35. La Belliole, église Saint-Jacques
Photo : Didier Rykner
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36. Voûte au décor de ciel étoilé de l’église Saint-Jacques de La Belliole
Photo : Didier Rykner
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Quant à l’église Saint-Germain de Dollot (ill. 37 et 38), elle illustre une nouvelle fois à merveille la sous-protection du patrimoine français. Elle non plus n’est ni inscrite, ni classée, alors qu’elle le mériterait amplement. Cela n’a pas empêché la commune, de seulement 330 habitants, de la restaurer entièrement, entre juillet 2016 et avril 2018, en cherchant les subventions où elle le pouvait, et en n’hésitant pas à payer elle-même 450 000 euros des 650 000 euros qu’a coûté l’ensemble des travaux, en prenant un prêt sur 20 ans. Une opération dont le coût n’est pas forcément du goût de tout le monde, mais qui est pourtant essentielle pour la vie d’un village tel que celui-ci. Outre deux subventions DETR (dotation d’équipement des territoires ruraux) qui peuvent aider le patrimoine non protégé, l’église a bénéficié de la réserve parlementaire d’Henri de Raincourt et de Jean-Baptiste Lemoyne (la disparition de cette pratique a privé le petit patrimoine d’une partie de son financement), d’aides du département et de la région, ainsi que de la Fondation du patrimoine et de La Sauvegarde de l’art français.


37. Nef de l’église Saint-Germain de Dollot
Photo : Didier Rykner
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38. Dollot, église Saint-Germain
Photo : Didier Rykner
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En plus de vitraux des XIXe et XXe siècles qui ne sont pas sans intérêt (ill. 39) l’église conserve notamment deux statues d’évêques classées monument historiques (ill. 40 et 41). Lors des travaux de restauration, une peinture à l’huile sur calcaire, représentant Les Pèlerins d’Emmaüs (ill. 42), a été retrouvée sous l’autel, appartenant sans doute à un autel plus ancien. L’œuvre, en mauvais état, nous paraît difficile à dater (un cartel la signale comme du XVIe siècle). Elle a été installée à l’entrée de l’église, sur un socle formé des restes de la table de communion, démontée dans les années 60 lors du vandalisme dit « de Vatican II ».


39. Louis-Victor Gesta (1828-1894)
Deux saints évêques et le Christ bon pasteur
Vitrail
Dollot, église Saint-Germain
Photo : Didier Rykner
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40. France, XVIIe siècle
Saint Évêque
Bois polychrome
Dollot, église Saint-Germain
Photo : Didier Rykner
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41. France, XVIIe siècle
Saint Évêque
Bois polychrome
Dollot, église Saint-Germain
Photo : Didier Rykner
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42. France, XVIe siècle (?)
Les Pèlerins d’Emmaüs
Huile sur calcaire
Dollot, église Saint-Germain
Photo : Didier Rykner
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L’église suivante, Saint-Loup, est celle de Villethierry (ill. 43), elle non plus non protégée alors qu’il s’agit d’un très bel édifice du XIIe siècle qui mériterait un classement, avec un collatéral construit au XVIe siècle, une chapelle au XVIIe et un clocher au XVIIIe. Si la simplicité de certaines églises que nous avons pu visiter ne pourrait leur faire mériter qu’une inscription, celle-ci devrait évidemment être classée. Elle ne l’est pourtant pas, pas davantage qu’elle n’est inscrite… Si l’on peut y voir quelques œuvres notables, dont une statue de Saint-Loup, on doit y ajouter une belle clé de voûte (ill. 44) et un décor en trompe-l’œil dans le chœur (ill. 45), découvert à l’occasion des travaux de restauration.


43. Villethierry, église Saint-Loup
Photo : Didier Rykner
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44. Clé de voûte
Villethierry, église Saint-Loup
Photo : Didier Rykner
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45. Chœur de l’église Saint-Loup de Villethierry
Photo : Didier Rykner
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46. Villeneuve-la-Dondagre,
église Saint-Loup
Photo : Didier Rykner
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L’église de Villeneuve-la-Dondagre (ill. 46), du XIIe siècle et reconstruite au XVIIIe, elle aussi dédiée à Saint-Loup, a été également restaurée, bien que non protégée. On y remarquera surtout une Mise au tombeau du XIXe siècle, daté de 1852 (ill. 47) mais sur lequel nous n’avons pu voir aucune signature, et qui ne semble répertoriée nulle part. S’il y a quelques maladresses dans les raccourcis - d’ailleurs peut-être voulus - l’œuvre est de qualité. Étienne Chilot suggère le nom de Paul-Émile Destouches. Il a en effet trouvé son nom cité dans les comptes de fabrique de l’église, et a attiré notre attention sur un tableau (ill. 48) conservé au Musée Thomas-Henry à Cherbourg qui semble effectivement comparable, notamment dans les canons des personnages, malgré le sujet très différent [4].


47. Attribué à Paul-Émile Destouches (1794-1874)
La Mise au tombeau, 1852
Huile sur toile
Villeneuve-la-Dondagre, église Saint-Loup
Photo : Didier Rykner
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48. Paul-Émile Destouches (1794-1874)
Schéhérazade, accompagnée de sa soeur, raconte au sultan Shariar une des aventures des Mille et une Nuits, 1824
Huile sur toile - 81 x 64,3 cm
Cherbourg, Musée Thomas-Henry
Photo : D. Sohier
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49. Gilles Guérin (1611/1612-1678)
Monument funéraire
d’Henri II de Bourbon-Condé

Marbre
Vallery, église Saint-Thomas-de-Cantorbéry
Photo : Didier Rykner
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Nous terminerons cette promenade par l’endroit le plus riche en patrimoine, la ville de Vallery, fief notamment des Condé avant qu’ils choisissent de privilégier Chantilly. C’est d’ailleurs le tombeau d’Henri II de Bourbon-Condé, par Gilles Guérin (ill. 49) qui constitue le point d’orgue de notre parcours. Nous avions parlé de cet église et de ce tombeau dans un article qui dénonçait l’état précaire dans lequel il se trouvait. Jean-François Chabolle, le nouveau maire, a bien l’intention de s’occuper de ce chef-d’œuvre et de s’assurer qu’il soit enfin restauré. Rappelons qu’à ce monument du XVIIe siècle répond un autre très beau tombeau, celui du général La Ferrière, sculpté par Carle Elshoect (ill. 50).


50. Carle Elshoecht (1797-1856)
Monument funéraire du général La Ferrière
Marbre
Vallery, église Saint-Thomas-de-Cantorbéry
Photo : Didier Rykner
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À Vallery, on peut également admirer (il n’est pas visitable mais sert de lieu de réception), le château dont une partie remonte à l’époque médiévale, tandis que Pierre Lescot construisit au milieu du XVIe siècle celui qui fut reproduit dans les plus beaux monuments de France de Jacques Androuet du Cerceau.
En contrebas du château fut édifié également à la même époque ce qui était l’un des plus beaux jardins de la Renaissance en France, dont il est possible d’avoir une excellente idée grâce à une gravure (ill. 51) et à une reconstitution (ill. 52). Aménagé sur un terrain marécageux, ces jardins furent victime d’une inondation dévastatrice en 1626 qui emporta une grande partie des structures. Des deux pavillons situés au nord-ouest et au sud-ouest, construits également par Pierre Lescot, seul demeura debout un morceaux de celui du nord-ouest. La galerie qui les reliait, les parements en arcades des murs furent également détruits.


51. Jacques Androuet du Cerceau
(vers 1515-1585)
Jardin du château de Vallery
Estampe
Photo : Domaine public
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52. Vue du jardin du château de Vallery depuis l’escalier. Vers 1600.
Reconstitution : Franck Devedjian
(CC BY-SA 4.0)
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Sauvés in extremis après la Seconde guerre mondiale de la transformation en terrain de sport (!), les très beaux vestiges qui demeurent de ce jardin furent classés monument historique, puis acquis en 1991 par ce qui est aujourd’hui la communauté de communes, dont Jean-François Chabolle est également le président. Des fouilles archéologiques furent organisées entre 1995 et 1998. Aujourd’hui, se pose la question de la mise en valeur d’un endroit à la fois historique, et toujours fort beau, malgré les destructions. S’il n’est évidemment pas question de reconstruire les pavillons et la galerie disparue, ni les parements des murs, sans doute peut-on, de manière très respectueuse pour les lieux, mieux évoquer l’ancien jardin, constitué de deux grandes partie : les jardins eux-même, et de l’autre côté une grande aulnaie. Nous reparlerons probablement des jardins de Vallery qui sont par ailleurs l’objet d’un petit livre écrit par Étienne Chilot et paru aux éditions Le Charmoiset.


53. Jardin du château de Vallery
(état actuel)
Photo : Didier Rykner
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54. Jardin du château de Vallery
(état actuel)
À gauche, seul mur conservant ses arcades d’origine
Photo : Didier Rykner
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55. Jardin du château de Vallery
(état actuel)
Escalier permettant d’accéder au jardin en venant du château
Photo : Didier Rykner
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56. Jardin du château de Vallery
(état actuel)
Reste (très partiel) d’un des deux pavillons de Pierre Lescot
Photo : Didier Rykner
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57. Jardin du château de Vallery
L’aulnaie (état actuel, sans arbres)
Photo : Didier Rykner
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58. Jardin du château de Vallery
L’aulnaie (état actuel, sans arbres)
Photo : Didier Rykner
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Concluons cette visite par un regret : ce que nous avons pu faire pendant les journées du patrimoine est presque impossible à réaliser le reste de l’année, car beaucoup de ces églises sont fermées. On comprend pourquoi : tout le monde a peur des vols. Il reste que les policiers en charge de ce type de délits sont unanimes : les vols sont beaucoup plus rares, et l’ouverture des églises est recommandée, à condition de sécuriser et notamment de fixer les œuvres. Par ailleurs, dans certaines régions, les églises sont presque toutes ouvertes, ce qui prouve que cela est possible. Nous envisageons de réaliser une enquête à ce sujet, l’ouverture des églises nous semblant devoir être la règle à suivre. En attendant, nous ne pouvons que recommander à nos lecteurs de préparer à l’avance leur voyage en contactant les paroisses et les mairies afin de s’assurer de pouvoir entrer dans les monuments. Si seulement deux doivent être privilégiés, ce sont les églises de Saint-Valérien, et de Vallery.


À lire : Étienne Chilot, Les Jardins de Vallery, Le Charmoiset, 2020, 64 p., 16 €. ISBN : 9782372890052. Site de l’éditeur.

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