Un loto patrimoine toute l’année !

Financement du CNDS
En vert, la partie venant de la Française des Jeux
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Les polémiques peuvent avoir du bon. C’est ainsi que celle qui se développe depuis deux jours autour des taxes du loto patrimoine nous a fait découvrir une chose étonnante, que nous ignorions et que sans doute beaucoup ignorent aussi : le loto finance le sport.

Mais revenons un instant sur la question des taxes. Nous savions, depuis le début, que celles que touche l’État sur l’organisation du loto ne seraient pas versées au patrimoine. Cela nous avait quelque peu choqué, mais nous ne voulions pas lancer une polémique qui aurait pu menacer le succès de cette opération. Un député ayant interrogé Gérald Darmanin à ce sujet, et celui-ci ayant fait la réponse embarrassée que nous connaissons, Stéphane Bern a aussitôt émis l’idée que ces taxes (14 millions tout de même) soient entièrement affectées au patrimoine.
Cette idée est entièrement justifiée : comment admettre que l’État gagne presque autant que le patrimoine sur un jeu qui avait pour objectif premier de venir en aide à ce dernier ? S’il n’y a jamais eu tromperie (sinon par omission car le gouvernement s’est bien gardé de communiquer ouvertement, renvoyant comme pour les assurances aux petits caractères en bas de page), il reste que, moralement, l’État devrait faire un geste supplémentaire.

Pour se défendre, le ministre de l’Action et des Comptes publics a révélé sur Twitter un secret un peu trop bien gardé : le loto finance le Centre National de Développement du Sport, et ceci toute l’année :

Cet établissement public est même financé à 80% grâce à cette ressource, 1,8% des recettes de la Française des Jeux lui étant reversé, ce qui a représenté en 2017 pas moins de 178,6 millions d’euros (voir ici). Un chiffre étonnamment élevé qui représente plus de la moitié du montant donné par l’État chaque année aux monuments historiques, et environ huit fois ce que le loto patrimoine leur rapportera.

Pourquoi donc, plutôt que de mener chaque année une opération spéciale sur le patrimoine pour recueillir une somme très insuffisante, le gouvernement ne déciderait-il pas d’une taxe équivalente de 1,8% sur les recettes de la Française des Jeux, qui serait affectée directement à la restauration des monuments historiques. Un tel montant, venant en plus des dotations annuelles, changerait tout, et permettrait pour une large part de combler les carences actuelles. Il est temps, une fois pour toute, de trouver des solutions pérennes pour remédier à la situation désastreuse du patrimoine français. Cela pourrait donc être cette taxe permanente sur les jeux de hasard. Ce qui a été fait pour le sport ne peut-il l’être pour le patrimoine ? Le patrimoine est-il moins important que le sport ?

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