Treize œuvres restaurées grâce à Allianz et à la Sauvegarde de l’Art français

La Sauvegarde de l’Art français fait partie des associations les plus utiles pour la préservation du patrimoine. S’intéressant à la fois aux monuments immeubles et aux objets d’art conservés notamment dans les églises, elle œuvre avec opiniâtreté et efficacité à la conservation de ces objets essentiels, si souvent délaissés et méconnus. La Tribune de l’Art est particulièrement attentive à cette question des objets mobiliers. Récemment encore, nous avons dénoncé les restaurations abusives qui ne sont pas si rares, et qui témoignent souvent de la méconnaissance et de l’inculture de certains paroissiens, élus et membres du clergé. En mettant l’accent sur les menaces qui pèsent sur elles, en trouvant des financements pour les restaurer sous le contrôle des DRAC et dans le respect de la déontologie, avec des professionnels reconnus, la Sauvegarde mérite d’être encouragée et soutenue.

L’association est également très efficace dans la recherche de mécénat. C’est ainsi que dans le cadre plus large de l’opération le Plus Grand Musée de France, elle a pu bénéficier de celui de la société Allianz. Du 16 septembre 2021 au 31 janvier 2022 ont été sélectionnées 13 œuvres dans les 13 régions françaises, qui vont être restaurées et bénéficier d’un don de 8 000 € par œuvres, soit au total 104∞000 €. Il s’agissait, comme souvent pour ces actions, de faire choisir par le public (ici les salariés de l’entreprise, les Agents Généraux mais aussi le plus grand public) une centaine d’œuvres, réduites à 39 (trois par région) par un jury de représentants de la Sauvegarde et d’Allianz. Un dernier vote (plus de 67 000 personnes ont participé) a permis de sélectionner les 13 qui pourraient bénéficier de ce mécénat.

L’action est pédagogique, car elle amène les personnes concernées à se pencher sur un patrimoine qu’elles ignorent, le plus souvent, et à leur faire prendre conscience de sa valeur et de la nécessité de le protéger. Son seul défaut, à notre avis - mais l’un peut-être ne va pas sans l’autre - est qu’il oblige à choisir. Et si l’on restaure une œuvre, qu’adviendra-t-il des deux autres ? Les critères de choix sont-ils les bons, de la part de personnes qui ne sont pas au fait du sujet ? N’y-a-t-il pas un risque de sélectionner un objet moins important historiquement ou artistiquement, ou qui n’est pas menacé, tout en laissant de côté un chef-d’œuvre proche de la ruine ? Bien évidemment, l’affaire est plus subtile et moins manichéenne : l’association n’abandonne pas les objets non retenus, et s’il y a urgence réelle elle s’en occupera probablement à terme. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, le village d’Usson avait demandé l’aide de la Sauvegarde en 2016, et c’est finalement aujourd’hui que celle-ci lui a été accordée. Mais il nous paraît important, tout en signalant ici les œuvres bénéficiant du mécénat d’Allianz, de souligner celles qui mériteraient rapidement d’être également restaurées. Si d’autres mécènes lisent ces lignes et voudraient se pencher sur telle ou telle œuvre, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter ou à contacter la Sauvegarde de l’Art français.

Bien entendu, les objets inscrits ou classés monument historiques pourront, en plus de la contribution apportée par le mécénat, bénéficier des aides normales du ministère de la Culture (le mécénat n’a pas vocation à les remplacer) et tous les propriétaires de tous les objets retenus se sont engagés à mener l’opération, même s’il faut rajouter de l’argent au cas où les devis excéderaient les montants alloués.

Région Auvergne-Rhône-Alpes


1. France, fin du XVe siècle
La Résurrection de Lazare
Huile sur panneau - 109 x 240 cm
Usson, église Saint-Maurice
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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L’œuvre retenue est un magnifique tableau sur bois de la fin du XVe siècle représentant la Résurrection de Lazare (ill. 1). Les désordres qui le touchent sont visibles clairement sur la photo : le panneau est fendu en plusieurs endroits, la couche picturale se soulève, ce qui a nécessité d’apposer du papier japon sur plusieurs zones, le vernis est jauni (ce qui est le moins grave). Cette peinture, classée monument historique, appartient à un petit village de 300 habitants. L’aide d’Allianz va donc permettre de le restaurer mais a contrario les deux autres œuvres qui étaient pressenties devront encore attendre.


2. France, XVe siècle
Saint Christophe, recto
Huile sur toile - 211 x 131 cm
Langeac, Historial de la Mère Agnès
Photo : C. Parisey/Inventaire général
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3. France, XVe siècle
Sainte Barbe, sainte Catherine, saint Antoine et saint Jean, verso
Huile sur toile - 211 x 131 cm
Langeac, Historial de la Mère Agnès
Photo : C. Parisey/Inventaire général
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L’une d’entre, à Langeac dans l’Allier, constitue un exemple parfait des objets qui peuvent être mis au rebut dans les églises malgré leur valeur insigne. Il s’agit en effet d’une grande toile (ill. 2 et 3) qu’un employé municipal a retrouvé « roulé en boule et abandonné au sommet d’une vieille armoire ». Celle-ci, inscrite monument historique en 2018, date également du XVe siècle mais est peinte sur ses deux faces : d’un côté un saint Christophe, de l’autre, quatre saints : sainte Barbe, sainte Catherine, saint Antoine et saint Jean. L’urgence de cette restauration est soulignée par le texte de la Sauvegarde qui le présentait : « cette toile double face, rarissime et unique en son genre en France, nécessite une restauration urgente. Elle a été gravement endommagée par des rongeurs, l’humidité du clocher, grossièrement rapiécée et souffre de nombreux manques ».


4. Pierre Dufour (vers 1545-vers 1626) et sculpteur anonyme
Retable de l’Annonciation, 1695 (1643 pour le tableau central)
Bois et gypse dorés et peints et huile sur toile - 795 x 451 cm
Saint-Jean-de-Maurienne, chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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La troisième œuvre en attente de restauration est le retable sculpté et peint (ill. 4) de la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle à Saint-Jean-de-Maurienne. Celle-ci va bénéficier bientôt d’une « restauration totale, extérieure et intérieure », ce qui est une excellente nouvelle, mais on ne voit pas bien pourquoi ce retable, de grande qualité et classé monument historique, devrait en être exclu. L’opération semble néanmoins moins urgente que pour les deux précédents objets car il ne semble pas menacé à courte échéance.

Bourgogne-Franche-Comté


5. France, XVIIe
L’Assomption de la Vierge
Huile sur toile - 215 x 265 cm
Island, église
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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C’est un tableau du XVIIe siècle représentant L’Assomption de la Vierge (ill. 5) qui a été lauréat du mécénat Allianz en Bourgogne-Franche-Comté. Cette œuvre inscrite monument historique n’est pas de la même qualité que le gagnant de la région précédente. Il s’agit néanmoins d’un exemple intéressant de tableau de dévotion, qui mérite une restauration. En mauvais état, ce tableau ne semble néanmoins pas en péril.


6. Alexandre Rénoir (1811-1855)
La reine Bérénice consacre sa chevelure au dieu Mars, 1854
Plâtre - 200 x 54 x 46 cm
Gray, Musée Baron Martin
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Les deux autres œuvres de cette région, qui n’ont pas été choisies, ne sont pas non plus menacées à court terme. Il s’agit, pour celle arrivée deuxième (ill. 6), d’une sculpture conservée par un musée (et non une église), le Musée Baron Martin à Gray. Comme beaucoup de sculptures de la seconde moitié du XIXe siècle, ce plâtre a été négligé longtemps ce qui peut expliquer l’état de dégradation dans lequel il se trouve. Son auteur, Alexandre Rénoir, est un élève de Jules Ramey et de James Pradier. Il semble indispensable qu’il soit restauré, avec ou sans l’aide de la Sauvegarde de l’Art français, au moins dans un premier temps pour stabiliser son état : les armatures métalliques intérieures sont oxydées et leur dégradation a provoqué l’éclatement du plâtre.


7. France, XVe siècle
Buste reliquaire de saint Firmin
Bois polychrome - 51 x 40 x 20 cm
Saint-Firmin, église Saint-Firmin
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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La dernière œuvre (ill. 7) semble avoir été mal aimée, malgré sa qualité, puisqu’elle n’a obtenu que 4 % des votes… Ce buste reliquaire du XVe siècle ne semble cependant heureusement pas menacé à court terme car l’intervention d’urgence qui a eu lieu en 1998 suite à son classement avait permis de traiter son infestation par des insectes. Il reste qu’un tel objet, du XVe siècle : « représentatif de l’intense activité artistique en Autunois au XVe siècle, dans le sillage du mécénat de la famille Rolin », mériterait, au moins autant que L’Assomption, d’être restauré.

Bretagne


8. France, fin du XVe ou début du XVIe siècle
Vierge à l’enfant (détail)
Bois polychrome - H. 155 cm
Saint-Abraham, église Saint-Étienne
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Si elle est assurément d’un véritable intérêt, l’œuvre lauréate de Bretagne (ill. 8) n’est pas en péril. Il s’agit d’une Vierge à l’enfant sculptée de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, dont il faudrait dégager la polychromie d’origine ou, au moins, alléger la polychromie médiocre et moderne qui la recouvre afin de retrouver les détails de la sculpture. Avant cette opération, une étude stratigraphique devrait être menée.

L’objet arrivé en deuxième position est un mouvement d’horlogerie, non protégé, de l’horloge du clocher de l’église qui sort par conséquent de notre domaine.


9. Nicolas de Plattemontagne (1631-1706)
La Pentecôte
Huile sur toile - 380 x 230 cm
Retiers, église Saint-Pierre
Photo : Didier Rykner
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L’œuvre qui a reçu le moins de vote est pourtant, à notre avis, la plus importante pour l’histoire de l’art (ill. 9). Nous en avions déjà parlé, comme de l’église qui l’abrite et qui mérite incontestablement d’être entièrement restaurée : il s’agit du retable peint par Nicolas de Plattemontagne pour l’église de Retiers. Nous renvoyons donc à notre article, en espérant que cette toile - qui n’est pas en danger, notons le - puisse bénéficier rapidement de la restauration qu’elle mérite et qui permettrait « de clore un chantier mené sur plusieurs années par une commune exemplaire, de rendre à cet édifice et son mobilier leurs lustres d’antan et surtout de mettre en lumière l’un des plus importants tableaux français du XVIIe s. conservés en Bretagne » comme l’écrivait le site de la Sauvegarde.

Centre-Val-de-Loire


10. Luca Giordano (1634-1705)
La Naissance de la Vierge
Huile sur toile - 300 x 400 cm
Cerdon, église Sainte-Marguerite
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Le tableau qui bénéficiera de l’aide d’Allianz dans cette région est incontestablement très important puisqu’il s’agit d’une toile de Luca Giordano (ill. 10), conservée dans l’église de Cerdon dans le Loiret, à 45 km d’Orléans. Outre les vernis encrassés qui empêchent de bien admirer l’œuvre de cet artiste napolitain majeur, la toile se détache du châssis ce qui rend une intervention assez urgente. La peinture étant classée monument historique et pouvant ainsi recevoir des subventions de la DRAC, il est possible que le montant disponible soit plus important que le coût de la restauration. Le surplus se reporterait donc sur le tableau arrivé en deuxième position.


11. Espagne, XVIIe siècle
La Mort de la Vierge
Huile sur toile - 157 x 206 cm
Sancoins, église Saint-Martin
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Celui-ci est une Mort de la Vierge anonyme de l’école espagnole du XVIIe siècle (ill. 11), dans l’église de Sancoins dans le Cher. Sa provenance est intéressante puisqu’elle fut donnée par Alexandre Aguado, collectionneur d’origine espagnol, rallié au maréchal Soult et qui dut s’exiler en France. Il possédait un ensemble de 500 œuvres, dont beaucoup d’espagnoles. L’état de l’œuvre est médiocre (rentoilage qui se détache, nombreux repeints, vernis jauni…) et il faut espérer une restauration prochaine.


12. France, fin du XVIe siècle
La Résurrection du Christ
Huile sur toile - 143 x 185,5 cm
Aubigny-sur-Nère, Mairie
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Le tableau arrivé en troisième position n’est pas moins intéressant (ill. 12). Il s’agit d’une Résurrection du Christ anonyme de la fin du XVIe siècle, conservé dans la mairie d’Aubigny-sur-Nère, également dans le Cher. L’iconographie est inhabituelle puisque le Christ ressuscite en présence de personnages de l’ancien et du nouveau testament. Le châssis est en très mauvais état puisqu’il est attaqué par des « insectes xylophages de type vrillettes des bibliothèques » qui le fragilise. Sans doute serait-il nécessaire de traiter rapidement par anoxie cette peinture récemment classée monument historique.

Corse


13. Francesco Massimiliano Laboureur (1767-1831)
Napoléon en habit de consul romain
Marbre - 267 x 104 x 90 cm
Ajacio, place Foch
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Les voix des votants se sont dirigés sans surprise vers l’œuvre la plus notable qui était proposée en Corse : la statue de Napoléon réalisée par Francesco Massimilano Laboureur (ill. 13), qui se trouve place Foch, face à la mairie d’Ajaccio. On peut néanmoins s’interroger sur la pertinence de soumettre une sculpture aussi importante que celle-ci à ce qui devrait sans doute être réservé aux objets moins connus et moins susceptibles d’être pris en charge par les collectivités territoriales. Nous avons un peu de mal à croire que la ville d’Ajaccio ne devrait pas en assurer la restauration. Notons d’ailleurs que l’absence de protection monument historique de ce monument est incompréhensible. Elle devrait être classée.


14. Corse, 1590-1610
La Donation du Rosaire
Huile sur toile - 242 x 185 cm
Bastia, ancienne cathédrale Sainte-Marie
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Une grande toile représentant la Donation du Rosaire (ill. 14), conservée dans l’ancienne cathédrale Sainte-Marie de Bastia (aujourd’hui église paroissiale) et due à un peintre corse anonyme du tout début du XVIIe siècle, est arrivée en deuxième position. Il faut détacher la toile du mur de la chapelle auquel elle est cimentée, puis la remettre en tension et remonter son cadre d’origine qu’elle n’a plus mais qui est encore conservé.

La dernière œuvre est une girouette du début du XVIIIe siècle, également de l’ancienne cathédrale, déposée au début des années 1970 après avoir été frappée par la foudre, et qu’il s’agit de restaurer et de réinstaller. Aucune photo de l’œuvre n’étant disponible, il n’est pas étonnant qu’elle soit arrivée en dernière position.

Grand Est


15. France, XIIIe siècle
Gisant
Pierre - L. 207 cm
Nesle-la-Reposte, église Saint-Martin
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Deux sculptures de l’église de Nesle-la-Reposte dans la Marne ont gagné le vote de cette région Grand Est, incontestablement deux œuvres importantes même si aucune d’entre elle ne semble vraiment menacée. L’une est un gisant du XIIIe siècle (ill. 15) représentant un abbé et jugé suffisamment exceptionnel pour avoir été présenté au Louvre en 1968 pour la grande rétrospective L’Europe Gothique. La seconde est une Vierge à l’enfant du XVe siècle (ill. 16).


16. France, XVe siècle
Vierge à l’enfant
Pierre - H. 170 cm
Nesle-la-Reposte, église Saint-Martin
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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La restauration consistera pour chacune à « réaliser une étude stratigraphique et traiter les nombreuses lacunes via comblements ». Comme pour les régions Bretagne et Centre-Val-de-Loire, il est possible qu’il reste de l’argent pouvant être affecté à l’œuvre arrivée en deuxième lors du vote.


17. Entourage d’Hans Baldung Grien
(vers 1484-1545)
Retable de la vie de la Vierge
Bois polychrome, huile
sur panneau - 154 x 159 cm
Luemschwiller, église Saint-Christophe
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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18. Entourage d’Hans Baldung Grien
(vers 1484-1545)
Retable de la vie de la Vierge
Bois polychrome, huile
sur panneau - 154 x 159 cm
Luemschwiller, église Saint-Christophe
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Cette dernière est un grand retable peint et sculpté (ill. 17 et 18), attribué à des artistes (probablement un sculpteur et un peintre différent) de l’entourage d’Hans Baldung Grien, vers 1460. Il s’agit incontestablement d’un objet notable, classé monument historique en 1978, et dont l’état semble préoccupant puisqu’il est attaqué par des insectes xylophages. Sa restauration paraît urgente.


19. France, XVIe siècle
L’Éducation de la Vierge
Bois polychrome - 150 x 49 cm
Ammerschwihr, chapelle Saint-Wendelin
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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La troisième œuvre est une fois de plus un exemple typique de ce que nous avons récemment dénoncé : une sculpture du XVIe siècle (ill. 19), une Vierge à l’enfant, en bois, qui malgré son inscription monument historique a été récemment « repeinte », on ne sait par qui, ce qui la fait ressembler à un objet en plastique ! Comme l’écrivait la notice descriptive du site de la Sauvegarde : « les peintures polychromes succinctes sur le buste et la vierge sont, semble-t-il, récentes et non réalisées par un professionnel. Les couleurs vives et non conformes l’attestent ». Par ailleurs, il est possible que la sculpture soit attaquée par des insectes xylophages.

Hauts-de-France


20. France, XVIIe siècle
Retable de la Vie de la Vierge
Huile sur toile et sur panneau - 205 x 161 cm
Eppe-Sauvage, église Saint Ursmar
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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L’objet vainqueur est impressionnant, même si les peintures sont d’une facture assez moyennes. Il s’agit d’un polyptyque représentant la Vie de la Vierge (ill. 20), daté du « XVIe-XVIIe siècle » (mais le XVIIe siècle nous semble à privilégier). Son état de conservation serait très mauvais, et sa restauration - qui pourra donc être menée à bien - urgente.


21. Émile Oscar Guillaume (1867-1954)
Monument Pluviôse, 1913
Cuivre et pierre
Calais
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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La deuxième œuvre est une sculpture en cuivre et en pierre, par Émile Oscar Guillaume (ill. 21), datant de 1913 et se trouvant à Calais. Il s’agit d’un monument commémoratif à la suite du naufrage d’un sous-marin ayant, à la suite d’une collision lors d’une manœuvre, fait vingt-sept victimes. Compte-tenu de sa destination : honorer des morts en mer, il semble que sa restauration (il est notamment très oxydé) ne devrait pas être pris en charge par un mécénat mais bien entièrement par la puissance publique.

La troisième œuvre est une bannière de procession datant des années 1950 et tissée par les moniales de l’abbaye Notre-Dame. Incontestablement, son intérêt patrimonial, réel, est néanmoins beaucoup moins fort que celui du projet lauréat.

Île-de-France


22. Atelier d’Anne-Louis Girodet-Trioson (17671-1824)
Portrait de Napoléon en souverain législateur, 1812
Huile sur toile - 256 x 185 cm
Melun, Musée
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Des trois objets soumis au vote en Île-de-France, incontestablement le plus important, et celui qui a remporté le vote, est le Portrait de Napoléon du Musée de Melun (ill. 22). Il ne s’agit cependant pas comme on peut le lire partout d’une œuvre de Girodet, mais bien de son atelier. Le modello original est conservé à Bruxelles au Musée de l’Armée, et aucune grande version peinte par l’artiste n’est connue. Seules 26 versions de son atelier ont été réalisées, dont on n’en connaît plus aujourd’hui qu’une dizaine, l’une des meilleurs étant celui du château de Fontainebleau. Sidonie Lemeux-Fraitot - qui ne connaît pas de visu l’exemplaire de Melun - nous a confirmé que toutes ces œuvres étaient bien de l’atelier du maître. Compte-tenu du mauvais état de conservation de la toile, visible sur la photo, sa restauration est une excellente nouvelle.


23. France, XIXe siècle
L’Abondance
Plâtre - H. 110 cm
Gif-sur-Yvette
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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24. France, XIXe siècle
La Disette
Plâtre - H. 110 cm
Gif-sur-Yvette
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Le deuxième dossier soumis au vote concernait deux statues du XIXe siècle (ill. 23 et 24) placées sur la façade de l’entrée de l’ancienne ferme de l’abbaye bénédictine. Plus que ces deux sculptures, dont l’état est très mauvais, c’est l’ensemble du bâtiment - qui d’après la photo dont nous disposons (ill. 25), qui ne permet pas d’être pleinement affirmatif - semble d’un intérêt suffisant pour mériter au moins une inscription, qui devrait bénéficier d’une restauration. Or rien n’est protégé au titre des monuments historiques.


25. Façade de l’ancienne ferme de l’abbaye bénédictine de Gif-sur-Yvette
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Le troisième objet est une œuvre d’art brut datant de 1971, Le Plancher de Jeannot. Il sort du champ de La Tribune de l’Art et nous n’en parlerons donc pas davantage. Appartenant à l’hôpital Sainte-Anne, il devrait faire l’objet d’une exposition au Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne en 2022. Sa conservation ne semble donc pas menacée.

Normandie


26. Une planche de la Description de l’Égypte
Bolbec, bibliothèque
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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La bibliothèque de Bolbec conserve un exemplaire des 21 volumes de l’ouvrage La Description de l’Égypte (ill. 26). Ceux-ci sont en mauvais état et nécessitent une restauration. C’est celle-ci qui a été choisie par le vote en Normandie.


27. Entourage d’Eustache Restout (1655-1743) ?, d’après Charles Le Brun (1619-1690)
L’Élévation de la Croix
Huile sur toile - 385 x 402 cm
Crépon, église Saint-Médard-et-Saint-Gildard
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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L’œuvre arrivée en deuxième position est une grande peinture sur toile ornant toute la partie supérieur du mur du chevet de l’église de Crépon dans le Calvados (ill. 27). Il s’agit d’une copie du XVIIIe siècle, probablement peinte par un artiste de l’entourage d’Eustache Restout, du tableau beaucoup plus petit de Charles Le Brun qui se trouve aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts de Troyes. La restauration, qui n’aura donc pas lieu pour l’instant sauf si le financement peut être trouvé par un autre moyen, aura pour objet de « débarrasser le tableau des repeints, mastics, colles et vernis de mauvaise qualité posés aux XIXᵉ et XXᵉ siècles.


28. France, fin du XVIIe siècle
Autel-tabernacle
Bois peint et doré
Irai, église Saint-Pierre
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Il nous semble très regrettable que l’objet pour lequel les personnes ayant participé au vote se soient le moins exprimées soit sans doute l’œuvre qui avait le plus besoin d’une restauration urgente, sa qualité la justifiant d’ailleurs largement. Il s’agit d’un autel-tabernacle peint et sculpté (ill. 28), datant de la fin du XVIIe siècle et conservé dans l’église d’Irai, dans l’Orne. Tant les sculptures dont des fragments sont conservés dans l’armoire de la sacristie, et dont la polychromie est parfois écaillée, que la menuiserie dont des éléments se désolidarisent, ou les peintures distendues et désolidarisées de leur châssis, mériteraient une restauration urgente qui, malheureusement, n’aura pas lieu pour le moment. Remarquons que si toutes les personnes (un peu plus de 1000) qui ont voté pour cette restauration donnaient seulement 8 € (déductibles), celle-ci pourrait avoir lieu…

Nouvelle-Aquitaine


29. France, XVIIIe siècle
Buffet d’orgue
Bordeaux, cathédrale Saint-André
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Le projet lauréat ne consiste pas à restaurer une œuvre d’art, mais à construire un nouvel orgue dans le buffet datant du XVIIIe siècle (ill. 29), pour remplacer l’instrument de mauvaise facture datant de 1970. Il est dommage d’avoir choisi un tel projet, et que celui-ci ait gagné le « concours ».


30. France, XIXe siècle
Portrait d’Arnaud IV de Cantelou
Huile sur toile - 87 x 100 cm
Bordeaux, basilique Saint-Seurin
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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31. France, XIXe siècle
Portrait de François de Maniban
Huile sur toile - 87 x 112 cm
Bordeaux, basilique Saint-Seurin
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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L’œuvre arrivée troisième sortant de notre champ (il s’agit d’une sculpture contemporaine), il est clair pour nous que ce sont les deux portraits d’ecclésiastiques du XIXe siècle (ill. 30 et 31) de la sacristie de la basilique Saint-Seurin de Bordeaux, malgré leur facture très moyenne, qui aurait dû être choisis pour être restaurés. Il reste que la Nouvelle-Aquitaine disposait certainement d’œuvres plus intéressantes dont la restauration s’avérait plus urgente.

Occitanie


32. Firmin Michelet (1875-1951)
Bernadette Soubirous, 1925
Marbre - H. 250 cm
Lourdes
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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La sculpture monumentale de Bernadette Soubirous (ill. 32) placée devant l’entrée de la basilique souterraine de Lourdes mérite certainement d’être restaurée. En revanche, ne peut-on trouver autrement les fonds nécessaire à cette restauration ? On peut également se poser la question de savoir pourquoi cette œuvre n’est pas protégée au titre des monuments historiques, tout comme pour les deux sculptures arrivées en troisième position.


33. Hyacinthe Chevalier Chervet (1825-1895)
La Science et Amphitrite
Pierre - H. 235 cm et 300 cm
Agde
Photo : Sauvegarde de l’Art français
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Celles-ci, La Science et La Navigation (ill. 33), situées place de la Marine à Agde et dues à Hyacinthe-Chevalier Chervet, ont été « couvertes d’une épaisse couche picturale blanche qui empêche la pierre de respirer. Cette peinture n’est pas d’origine et entraine une dégradation active de la pierre. Son retrait est impératif et urgent afin d’assurer la préservation et la sauvegarde de ces œuvres. » Encore donc une « restauration » faite par des non professionnels. Il est indispensable qu’avec ou sans mécénat la ville d’Agde s’occupe de ce patrimoine.
Notons qu’en deuxième position est arrivée la restauration d’un orgue, ce qui sort de notre champ dès lors qu’il s’agit de l’instrument, et non du buffet.

Pays-de-la-Loire


34. France, XVIe siècle
La Cène
Terre cuite polychrome - 80 x 170 cm
Neuvy-en-Champagne,
église Saint-Julien-le-Pauvre
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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35. France, XVIe siècle
La Nativité
Terre cuite polychrome - 80 x 170 cm
Neuvy-en-Champagne,
église Saint-Julien-le-Pauvre
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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36. France, XVIe siècle
La Mise au tombeau
Terre cuite polychrome - 80 x 170 cm
Neuvy-en-Champagne,
église Saint-Julien-le-Pauvre
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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Le vote qui a choisi les lauréats - trois sculptures en terre cuite du XVIe siècle de l’église Saint-Julien-le-Pauvre de Neuvy-en-Champagne dans la Sarthe - ne souffre pas de discussion. Il s’agit de trois retables remarquables représentant La Cène (ill. 34), La Nativité (ill. 35) et La Mise au tombeau (ill. 36), tous trois classés monument historiques. À plusieurs endroits, la terre cuite est fissurée et on constate des manques. Par ailleurs, un badigeon blanc datant de quelques dizaines d’années (un classique) dissimule la polychromie. Leur restauration est donc très attendue.


37. France, 1543
Cadran solaire
Ardoise gravée - 51 x 41 cm
Baugé-en-Anjou, église de Saint-Symphorien du Viel-Baugé
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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L’objet arrivé en deuxième position (ill. 37), un cadran solaire du XVIe siècle (1543) est tombé et s’est brisé à la suite de la tempête de 1999. Sa restauration serait très souhaitable mais devra attendre encore un peu.


38. France, 1589
Pietà
Pierre
Mauges-sur-Loire, église Saint-Symphorien de Montjean-sur-Loire
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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La Pietà arrivée en troisième choix (ill. 38), et qui devra donc également attendre encore sa restauration, est une œuvre d’assez belle facture du XVIe siècle, recouverte manifestement d’un badigeon tardif qui permettra on l’espère de retrouver la polychromie.

Provence-Alpes-Côte-d’Azur


39. France, 1679
Retable du Rosaire
Bois peint, huile sur toile - 520 x 445 cm
La Verdière, église de l’Assomption
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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Le lauréat de PACA est un grand retable peint et sculpté (ill. 39) qui se trouve dans l’église de l’Assomption de La Verdière, dans le Var. Il s’agissait incontestablement de l’œuvre qui méritait le plus, dans cette région, d’être désigné pour une restauration. La photographie rend difficile d’apprécier la qualité de la peinture, mais celle des sculptures ne fait aucun doute. La structure du retable étant instable, il était urgent d’intervenir.


40. France, XVIIIe siècle
Le Christ aux outrages
Huile sur toile - 157,5 x 124,5 cm
Saignon, église Notre-Dame
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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En deuxième position, on trouve un tableau représentant Le Christ aux outrages (ill. 40) dans l’église Notre-Dame à Saignon, dans le Vaucluse. L’œuvre n’est pas d’une très grande qualité mais mériterait sûrement d’être inscrite, ce qu’elle n’est pas. Son état est très préoccupant, et sa restauration, avec ou sans mécénat d’Allianz, devrait être menée. Attention néanmoins que celle-ci, portant sur un tableau non protégé, ne soit pas confiée à n’importe qui.


41. France XVIIe siècle
Le Bienheureux Jean Dominici
Huile sur toile - 160 x 90 cm
Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, basilique Sainte-Marie-Madeleine
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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42. Vue du tableau du Bienheureux Jean Dominici dans la basilique
Photo : Sauvegarde de l’Art française
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Si le tableau représentant le bienheureux Jean Dominici (ill. 41), conservé dans la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume et arrivé en troisième choix après le vote n’est pas, lui non plus un chef-d’œuvre, il fait manifestement partie d’un décor de bonne facture (ill. 242) qui nécessiterait une restauration d’ensemble, d’autant qu’il s’agit d’un des édifices religieux les plus importants de Provence.

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