Serres d’Auteuil : les Verts s’engagent contre le projet d’extension de Roland-Garros

1. Serres d’Auteuil (serres chaudes)
Plantes « entreposées dans des serres quelconques »
(selon Bertrand Delanoë)
Photo : Didier Rykner
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Nous avons déjà consacré plusieurs articles à la triste affaire du projet d’extension de Roland-Garros sur le site des Serres d’Auteuil. Nous en avons listé les conséquences désastreuses pour ce lieu et pour les plantes qu’il conserve [1] (ill. 1).

Aujourd’hui 6 janvier, plusieurs élus Europe Ecologie de Paris, parmi lesquels Cécile Duflot et Yves Contassot, organisaient sur place une conférence de presse, ce qui nous a permis de découvrir certains points qui nous avaient échappé et d’en préciser d’autres.

Tout d’abord, les Verts ont souligné quelques unes des contre-vérités proférées par Bertrand Delanoë, dont une que nous n’avions pas relevée. Celui-ci indiquait en effet dans sa lettre à Françoise Hardy (voir l’article) que les serres qu’on prévoyait de détruire avaient été construites « dans les années 1980 et 2000 ». C’est faux. Les serres chaudes ont été édifiées en 1905 et modernisées en 1978 et seules les serres de travail (appelées « bâtiments techniques ») ont été reconstruites en 2003 (à grand frais, d’ailleurs).

2. Serres d’Auteuil
Arbres entourant les serres chaudes
et qui seront détruits avec elles
Photo : Didier Rykner
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Autre précision que nous n’avions pas, et qui ressort du compte rendu d’une réunion qui s’est tenue à la Mairie de Paris le 15 novembre 2010 : les serres qui seront reconstruites autour du court de tennis n’auront une surface que de 1700 m2 au lieu des 2700 m2 actuels. Cela signifie donc que 1000 m2 seront perdus. Yves Contassot a précisé qu’il était impossible, contrairement à ce que prétend la municipalité, de transférer les plantes au Parc Floral qui n’est pas équipé pour les conserver. De plus, aucune solution n’est pour l’instant prévue pour héberger les végétaux pendant les travaux. Ces plantes fragiles, dont une partie en voie de disparition dans leur environnement naturel, ne survivront évidemment pas à ces déménagements. Des arbres rares sous nos latitudes seront également détruits. La matérialisation par un ruban de la zone concernée par les travaux montre que plusieurs essences disparaîtront dans les travaux (ill. 2).

3. A droite, les serres de Camille Formiger
A gauche, les serres appelées « bâtiments techniques »
et qui seront détruites.
On voit que la nouvelle construction sera à proximité
immédiate des serres inscrites monument historique
Photo : Didier Rykner
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La réunion du 15 novembre, a souligné Yves Contassot, a été l’occasion pour la direction juridique et le secrétariat général de la Ville de Paris de soulever plusieurs points qui posent des problèmes légaux : affectation des serres à Roland-Garros pour 99 ans (la limite maximum permise par la loi serait de 75 ans), impossibilité juridique pour la Fédération Française de Tennis de construire un équipement qui resterait propriété de la ville en dehors du tournoi, absence de mise en concurrence alors qu’il s’agit d’une Convention d’occupation du domaine public, etc.
Un autre argument du maire, qui prétend que les serres historiques ne sont pas concernées, est battu en brèche par les écologistes. Ceux-ci font remarquer, à raison, que la nouvelle construction, à proximité immédiate des bâtiments inscrits, aura un impact visuel énorme sur ceux-ci (ill. 3). Rappelons que la législation protège théoriquement non seulement les monuments historiques mais aussi leurs abords.

4. Jardin des Poètes
Pelouse en face de l’entrée, « au repos »
Photo : Didier Rykner
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Enfin, nous n’avions pas parlé du Jardin des Poètes qui jouxte immédiatement les Serres et les relient à la Porte d’Auteuil. Le projet prévoit que les 40 000 spectateurs de Roland-Garros entreront par ce jardin. Actuellement, un écriteau indique que la pelouse est « au repos » (ill. 4). On imagine mal les amateurs de tennis contourner celle-ci sagement par les allées du jardin. Après 15 jours, la pelouse sera effectivement au repos, éternel celui-ci. Là où passe le Maire de Paris, l’herbe ne repousse pas. Les végétaux rares non plus.

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