Samaritaine et Serres d’Auteuil : dernières nouvelle des prétoires

1. Les immeubles de la Samaritaine sur
la rue de Rivoli en cours de démolition
24 février 2014
Photo : Didier Rykner
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24/2/14 - Patrimoine - Paris, Samaritaine et Serres d’Auteuil - Le temps de la justice n’est décidément pas celui des démolisseurs. On se souvient du titre de notre article consacré à la décision stupéfiante (pour parler par euphémisme) de la juge des référés du Tribunal administratif de Paris qui avait conclu, le 8 juillet dernier, à l’irrecevabilité de la contestation par les associations des deux permis de construire concernant la Samaritaine.
L’affaire passait en audience aujourd’hui devant le Conseil d’État. Et le rapporteur, expliquant notamment que la jurisprudence était constante, a démontré en quelques minutes que « le juge des référés a commis une erreur manifeste ». Notre analyse était donc bonne mais, malheureusement, notre conclusion, à savoir que cela revenait à donner le champ libre aux démolisseurs, était également juste. Les travaux ont commencé en décembre (voir ici) et se sont fortement accélérés ces derniers jours, comme par hasard. Désormais, toutes les maisons des XVIIe et XVIIIe siècles ont été détruites, et celles du XIXe, qui bordent la rue de Rivoli, sont largement démolies (ill. 1 et 2).

2. Les immeubles de la Samaritaine en cours de démolition
(coin de la rue de la Monnaie et de la rue Baillet)
24 février 2014
Photo : Didier Rykner
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L’affaire est mise en délibéré et le jugement - qui ne fait aucun doute tant la démonstration du rapporteur était cinglante - devrait être rendu d’ici quinze jours, ce qui ouvrira la voie à une nouvelle audience en référé devant le tribunal administratif.
Si le jugement devait cette fois annuler les permis de construire, cela aurait cependant pour effet de bloquer un chantier qui n’aurait jamais dû être autorisé par le ministère de la Culture et la Mairie de Paris, et d’empêcher, au moins pour plusieurs années, la construction de l’immeuble en verre dépoli qui doit s’inscrire comme une verrue au milieu des immeubles en pierre, à proximité immédiate du Louvre.

Pour les Serres d’Auteuil, les derniers jugements du tribunal administratif ont en revanche été désastreux. On se rappelle que la première convention d’occupation du domaine public conclue entre la Mairie de Paris et la Fédération Française de Tennis avait été annulée (voir ici). Hélas, la seconde, qui présentaient des caractéristiques assez proches de la première, a pourtant été jugée conforme puisque la demande des associations a été rejetée par le tribunal administratif. Dans le même jugement, publié le 20 février, le tribunal a également rejeté le recours en annulation du permis de construire du centre national d’entraînement sur le stade Hébert (considérant que les deux chantiers sont indépendants), et le recours en annulation de la « révision simplifiée du PLU afin d’étendre, de rénover et de moderniser les stades Roland-Garros ».

C’est une bataille de perdue donc, mais les associations de protection du patrimoine restent plus que jamais mobilisées et font bien sûr appel de ces jugements. Dans un communiqué, elles « s’inquiètent de voir les intérêts d’une compétition sportive professionnelle durant une quinzaine de jours prendre le pas sur l’intérêt public et les espaces verts parisiens pourtant sanctuarisés par le législateur ». Il est effectivement incroyable de constater la manière dont, toutes tendances politiques confondues (à l’exception cependant des écologistes), les responsables politiques s’évertuent à vouloir détruire le jardin des Serres d’Auteuil dont nous rappelons qu’il est entièrement protégé au titre des monuments historiques.

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