Recherche chef service patrimoine ignorant du patrimoine (mais connaissant le corse)

27/6/14 - Recrutement - Corse - La Communauté Territoriale de Corse (CTC) vient de publier une bien étrange annonce de recrutement. Il s’agit d’un poste de chef du service des patrimoines, chargé notamment de la mise en œuvre de la politique de la CTC en faveur du patrimoine.
Premier problème : le recrutement - qui pour l’instant n’en serait qu’au stade de la procédure interne - se fait dans la filière administrative, alors qu’une partie essentielle de la fonction consiste à « animer et coordonner les secteurs composant le service » et à être une « force de proposition en matière de politique patrimoniale auprès du directeur ». Les conservateurs sont donc priés de passer leur chemin. D’ailleurs, aucune compétence scientifique n’est demandée : il suffit de connaître le code du patrimoine et « l’environnement culturel, juridique et économique des secteurs ».

Le deuxième problème est moins courant mais tout aussi choquant : le candidat devra nécessairement connaître la langue corse ! Depuis quand impose-t-on à un poste de la fonction publique de parler la langue de la région ? Imagine-t-on un chef de service à Rennes obligé de savoir parler breton ? Ou à Montpellier la langue d’Oc ? En Corse, la langue officielle est – encore – la langue officielle de la République, c’est-à-dire le français et il nous paraît extrêmement étonnant d’imposer la connaissance de la langue régionale, ce qui interdit pratiquement de facto la candidature d’un non corse, et même celle de beaucoup de corses qui ne pratiquent pas cette langue. Est-ce seulement légal ? Sans doute pas. D’ailleurs, le responsable de la communication de la CTC, qui nous a très aimablement répondu [1], nous a dit que « nécessaire ne veut pas dire obligatoire » (!) et que la non connaissance du corse ne serait pas un critère de rejet. Nous ne parlons pas la même langue, c’est le cas de le dire ! Nous mettons l’annonce en lien : chacun pourra constater qu’un candidat qui ne connaîtrait pas le Corse ne perdra pas de temps à répondre.

Moralité : pour diriger le service du patrimoine à Ajaccio, il faut être Corse et surtout ne rien connaître au patrimoine. Quand on sait l’état désastreux d’une partie de celui de l’Île de Beauté, on ne s’étonne plus vraiment…

Didier Rykner

Notes

[1En revanche, celui-ci n’avait pas d’informations sur la recherche d’un administratif et non d’un scientifique. Il devait se renseigner mais nous n’avons pas eu de nouvelles depuis.

Documents joints

Vos commentaires

Afin de pouvoir débattre des article et lire les contributions des autres abonnés, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement.

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous.