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Paysages de France dessinés par Lambert Doomer et les artistes hollandais et flamands des XVIe et XVIIe siècles

Auteurs : Stijn Alsteens et Hans Buijs

Les Néerlandais, qui ne le sait (et tant pis pour ceux qui l’ignorent !), adorent la topographie. C’est, à la différence des Français, une part constitutive de leur tradition culturelle, donc de leur histoire de l’art [1].
On n’en veut pour preuve que la récente, ô combien monumentale, publication consacrée par Stijn Alsteens et Hans Buijs, dans le cadre de la Fondation Custodia à Paris, aux Paysages de France dessinés par Lambert Doomer et les artistes hollandais et flamands des XVIe et XVIIe siècles. Une enquête d’une ampleur et d’un soin qui forcent l’admiration, aux résultats singulièrement édifiants et prometteurs. Aussi bien les auteurs nous font-ils partager le véritable ravissement, mêlé parfois d’étonnement voire de gêne, qui devait, il y a près de 400 ans, s’emparer des voyageurs hollandais – ils comptent alors parmi les esprits les plus avancés d’Europe –, si nombreux à découvrir une France populeuse et rustique, pas toujours policée ni vraiment à la page (un peu comme nos actuels pays émergents ?), à coup sûr curieuse, pittoresque, déjà tout à fait dans la norme du tourisme, si l’on en croit les guides de voyage, ou weegh-wijser [2] comme autant de Baedeker avant la lettre, sans parler des journaux de voyage dont ceux de Schellinks, utilement republiés et traduits ici en français [3]. – Une France également profitable aux affaires car les Néerlandais étaient aussi, nul ne l’ignore, de bons et actifs négociants, et si Lambert Doomer, le héros de l’ouvrage, se rend à Nantes en 1645 pour y commencer son ineffable périple à dessins, c’est que deux de ses frères [4] y séjournent, au moins temporairement, comme marchands (notamment à cause du sel du Croisic). Et l’historienne Véronique Mathot de nous livrer au passage un savoureux exposé sur les redoutables méthodes commerciales des compatriotes de Doomer dans le pays nantais au XVIIe siècle, génératrices d’inégalités sociales et de vives tensions avec les Français du cru [5]. Mais il n’y eut pas moins de voyageurs artistes ou d’artistes voyageant qui s’adonnèrent pour leur part avec délices à une pratique assidue et fort sympathique du dessin de paysage (dessins ou peintures, bien entendu, ils les perfectionneront et mettront au net, de retour au pays [6]), laquelle à son tour justifie et entretient une caractéristique passion – décidément bien hollandaise ! – des collectionneurs pour la topographie et la constitution de véritables albums illustrés [7].

L’idée du présent et colossal travail – à l’origine, une exposition, aux propos très étoffés ensuite – procède donc de ce fameux voyage (il est devenu tel par la force de l’art !) de Lambert Doomer en France : les pays de Loire essentiellement [8], soit ce qu’on appelait habituellement le « petit tour » (le grand tour visait Lyon, la France méridionale et l’Italie), un voyage effectué en 1645-1646 avec un compagnon d’errance, Willem Schellinks qui, curieusement, s’inspirera plus tard, à sa façon toute italianisante, des dessins…

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