Contenu abonnés

Napoléon n’est plus

Paris, Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides, du 19 mai au 31 octobre 2021

« Je vous dispense de me comparer à Dieu [1] ». Le vice-amiral Decrès avait poussé un peu loin la flagornerie et Napoléon s’en agaça. Il savait très bien faire briller par lui-même son aura et son auréole, posant en « empereur pantocrator [2] » pour Ingres. Une fois déchu, c’est la Passion du Christ qui lui inspira des analogies : lui qui avait porté la couronne impériale de France, voilà que l’Angleterre, en l’exilant à Sainte-Hélène, lui en donnait « une autre, plus grande encore et plus glorieuse, celle portée par le Sauveur du monde, une couronne d’épines. [3] » Et une fois mort, Napoléon ressuscita. Plusieurs compositions le montrent surgissant de son tombeau, des images pieuses qui n’étaient pas dénuées bien sûr d’arrière-pensées politiques. L’une des plus frappantes est sans doute cette micro-mosaïque romaine, virtuose, réalisée d’après une œuvre disparue d’Horace Vernet qui l’avait peinte peu avant la ratification par l’Assemblée du retour des Cendres en 1840. Cette mosaïque fut commandée par la princesse Charlotte Bonaparte, comtesse Primoli, petit-fille de Lucien Bonaparte, en vue du centenaire de la naissance de Napoléon. (ill. 1)


1. De Rossi (école romaine du XIXe siècle)
d’après Horace Vernet (1789-1863)
« Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé »
ou Napoléon sortant de son tombeau, 1869
Micro-mosaïque d’émaux polis et cirés polychromes sur cassie d’acier, cerclée de laiton- 64 x 55 cm
Paris, Musée de l’Armée
Photo : bbsg
Voir l´image dans sa page

Les reliques liées au souvenir de l’empereur sont parfois d’une simplicité émouvante. Le grand maréchal du Palais, Henri-Gatien Bertrand, avait ainsi réuni dans une boîte des feuilles d’arbre et des pierres, ramassées près de la tombe de Sainte-Hélène. Certains visiteurs venus se recueillir sur place n’hésitèrent pas à rapporter un fragment de la barrière qui entourait sa sépulture. Dominique Vivant-Denon conçut quant à lui un étrange reliquaire abritant une mèche de cheveux de Napoléon, un fragment de chemise taché de sang, un autographe et une feuille de saule. Il osa faire cohabiter les souvenirs de l’empereur avec d’autres reliques : des os du Cid et de Chimène, d’Héloïse et Abélard, des cheveux d’Agnès Sorel, des poils de barbe d’Henri IV, une dent de Voltaire (ill. 2)...
Il y a aussi ces cercueils miniatures qui s’ouvrent sur la dépouille de Napoléon soigneusement reproduite dans différents matériaux. Ils furent créés à l’occasion du retour des Cendres en 1840. Louis-Édouard Lemarchand fut en effet chargé de réaliser un cercueil pour le tombeau des Invalides, dont il confectionna également des réductions à l’identique, à partir des chutes du bois qu’il avait utilisé. Eugène Quesnel, auteur des ornements du cercueil, fabriqua lui aussi des copies miniatures à l’intérieur desquelles la dépouille de Napoléon est méticuleusement représentée, jusqu’aux orteils qui dépassent de sa botte déchirée,…

Pour avoir accès à ce contenu, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement. Si vous souhaitez tester l’abonnement, vous pouvez vous abonner pour un mois (à 8 €) et si cela ne vous convient pas, nous demander par un simple mail de vous désabonner (au moins dix jours avant le prélèvement suivant).

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous à l’aide de ce formulaire.

Vos commentaires

Afin de pouvoir débattre des article et lire les contributions des autres abonnés, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement.

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous.