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Ministère de la Culture : une revendication à pleurer

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1. Claus Sluter et Claus de Werve
Pleurant
Albâtre
France, collection particulière
Photo : D. R.
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Délirant, une fois de plus. Comme si l’affaire du fragment du jubé de Chartres ne lui avait pas servi de leçon (voir les articles), le ministère de la Culture a remis cela. C’est Le Parisien qui nous a appris cette information désormais largement reprise par la presse et même au journal de FR3 Bourgogne [1]. Le ministère revendique, auprès d’une collection particulière qui souhaitait le mettre en vente après une succession, un des pleurants du tombeau de Philippe le Hardi, le seul connu actuellement conservé en collection privée (ill. 1). Des pleurants ornant les deux tombeaux des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi et Jean sans Peur, sept sont aujourd’hui dispersés : outre celui dont il est ici question, quatre appartiennent au Musée de Cleveland tandis qu’un couple d’enfants provenant du tombeau de Philippe Le Hardi et un aspergeant du tombeau de Jean sans Peur ne sont plus localisés.

La demande de restitution effectuée par le ministère de la Culture est ahurissante, comme l’était celle du fragment de jubé, toujours en procès. Nous ne rentrerons pas ici dans l’analyse juridique des arguments de chacun (mais nous y reviendrons ultérieurement de manière approfondie). La période révolutionnaire est complexe, régie par différents textes qui permettaient l’aliénation des biens nationaux, notamment des biens du clergé saisis par la Nation, et des interprétations divergentes peuvent en être faites. Nous pensons que le ministère de la Culture a tort sur le fond, même si pour l’instant le tribunal administratif de Paris (5 novembre 2015) et la Cour administrative d’appel de Paris (13 janvier 2017) ont jugé en sa faveur. L’affaire est actuellement entre les mains du Conseil d’État qui devrait trancher en janvier 2018 et dont on peut tout craindre lorsque l’on connaît la propension de cette administration à donner raison au ministère de la Culture. Cela n’en restera d’ailleurs pas là puisque en cas de décision défavorable pour les propriétaires du pleurant, la Cour européenne des droits de l’homme sera saisie.
Nous nous placerons davantage sur la question des principes et du bon sens pour démontrer que cette revendication est à la fois injuste et dangereuse.

Le pleurant revendiqué est connu des services des monuments historiques et des musées au moins depuis le début du XXe siècle. Il est cité et reproduit dans tous les ouvrages d’histoire de l’art. Il a été prêté aux musées français ou étrangers à plusieurs reprises, comme par exemple en 2005 à Dijon et à Cleveland pour l’exposition « L’art à la cour de Bourgogne. Le mécénat de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur » (voir l’article). Non seulement il n’avait jamais été question de le revendiquer, mais lorsque la famille a fait part de son intention de le vendre et s’est rapprochée fin 2013 des musées et du ministère de la Culture, dans un premier temps…

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