Mieux que Mario Bros : Leonardo, le jeu du Louvre qui fait fureur !

Après le lamentable échec de l’organisation des expositions Vermeer et Valentin (voir les articles), on pouvait espérer que le musée allait tirer les conclusions de la nécessité de développements informatiques performants pour la réservation de l’exposition Léonard. Hélas, et sans grande surprise, les mêmes causes entraînant les mêmes effets, une direction surdimensionnée a abouti à une informatique sous-dimensionnée.

J’ai moi-même essayé de réserver une entrée comme membre de la Société des Amis du Louvre. Des amis fort méritants car très mal traités. Eux aussi doivent passer par là pour espérer la voir. Et le simple touriste, à qui l’on répète depuis quelques semaines qu’il lui faut réserver pour entrer dans le musée faute de quoi il pourrait être interdit de visite, doit lui aussi utiliser ce système délirant alors qu’il était évident dès le départ qu’il fallait distinguer : les visiteurs du Louvre qui ne veulent pas aller à l’exposition Léonard, les Amis du Louvre et les bénéficiaires de la gratuité qui veulent voir l’exposition Léonard, et enfin les visiteurs payants de l’exposition Léonard. Mais encore faudrait-il penser, avant de faire des développements, à un cahier des charges bien conçu.

Même les amis américains du Louvre sont soumis à ces contraintes qui s’apparentent clairement à des brimades quand il s’agit de mécènes étrangers. Voici en effet le mail (ill. 1) qu’ils ont reçu pour les avertir de l’impossibilité d’entrer dans l’exposition sans passer par ce système informatique qui ne fonctionne pas.


1. Courriel reçu par les amis américains du Louvre pour les
prévenir qu’ils devront réserver s’ils veulent voir l’exposition
Voir l´image dans sa page

J’ai donc essayé de réserver un ticket gratuit. Voici l’écran à 13 h 50 (ill. 2), le 18 juin 2019 : « en raison d’un très grand nombre de connexions » il faut attendre plus d’une heure en ligne avant d’être redirigé vers le site permettant de réserver. C’est pratique pour ceux qui n’avaient pas prévu de rester en ligne et qui doivent donc attendre une heure ou plus avant de pouvoir réserver.


2. C’est le début du jeu
Voir l´image dans sa page

Une heure ou plus ? C’est plutôt plus, puisqu’à 15 h 11, une heure et vingt-et-une minutes plus tard, voici l’écran (ill. 3) : le Graal est proche, nous en frétillons sur place !


3. J’ai presque fini le niveau 1
Voir l´image dans sa page

Et encore davantage lorsqu’à 15 h 11’ 59" (vous apprécierez la précision de notre expérience) nous obtenons le message : « C’est à votre tour. Vous allez être redirigé dès que possible » (ill. 4) !


4. C’est mon tour ! Et je l’ai bien mérité.
Voir l´image dans sa page

Hélas, j’étais bien optimiste : bien qu’ayant réussi à atteindre le site de réservation, voilà ce qui se propose devant mes yeux émerveillés : plein de choix, dont celui d’une exposition de groupes pour Léonard de Vinci (ill. 5). Malheureusement je suis seul. Eh bien ce n’est pas prévu : pas de réservation pour les individuels. Pas un mot d’explication, rien. J’ai attendu plus d’une heure vingt pour rien, il me faudra recommencer sans même savoir ce qui s’est passé.


5. C’était un piège, l’écran ne me permet plus de continuer...
Voir l´image dans sa page

Parallèlement, mon ami Philippe Kahn me prévient de sa propre expérience et de l’impossibilité, pour lui aussi, d’obtenir son billet. Et, c’est amusant, elle est très différente de la notre, même si tout aussi inefficace. Cela devient une battle, un jeu en réseau. Qui gagnera ? Lui ou moi ?
Pour lui, le site a été bloqué pendant vingt-cinq minutes avec cet écran vide (ill. 6). Il était 15 h 27, un peu après ma propre expérience. Sans le vouloir, j’ai dû faire planter le site. Je jubile.


6. Il y a comme un bug...
Voir l´image dans sa page

Le message était sur Safari. Sur Chrome, c’est un peu plus explicite : « Page non trouvée ou indisponible » (ill. 7). Et sur un téléphone c’est pareil !


7. Revenez plus tard.
Voir l´image dans sa page

Un peu plus tard, voici un nouvel écran qui apparaît sur Safari : « Service non disponible ou en cours de maintenance » (ill. 8). Il y a décidément autant de messages que de tentatives de se connecter !
Et finalement, notre ami a réussi à aboutir à la page pour réserver. Et il y avait la réservation possible pour un individuel pour Léonard de Vinci.
 Mais la confirmation n’est jamais venue... Je suis encore dans la course !


7. Puisqu’on vous dit de revenir plus tard !
Voir l´image dans sa page

De mon côté donc, peu de temps avant la mise en ligne de cet article (vers 17 h), j’arrive enfin à une page (en anglais) permettant de réserver pour un individuel ! Mais ça mouline, ça mouline… (ill. 9).


9. Ça mouline...
Voir l´image dans sa page

Les premières dates qui apparaissent sont en juin, et rien n’est disponible (ill. 10). En même temps l’exposition ouvrant en octobre, cela aurait été surprenant. Manifestement, il n’a pas été prévu d’arriver directement à octobre. Il faut donc cliquer jusque là.


10. L’écran qui apparaît est le mois de juin, alors que l’exposition
Léonard commence le 24 octobre. Il faut passer par tous les mois
jusqu’à octobre. C’est un piège... Mais je l’ai évité haut la main !
Voir l´image dans sa page

Tout est disponible, c’est inespéré. Je me décide donc pour le 24 octobre. À 10 h. Mais plus de ticket gratuit. J’essaie donc 16 h 30. Miracle cela fonctionne. J’entre 1 (ill. 11). Mais impossible de valider.


11. Jusque là, ça va...
Voir l´image dans sa page

J’essaie un peu plus tard. Le 15 novembre. Sauf que non. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Je n’obtiens qu’un écran récapitulatif (ill. 12), qui ne me permet pas de valider. En même temps, que pouvais-je avoir pour 0 € ?


12. Mais ça ne va plus...
Voir l´image dans sa page

C’était une feinte (ce jeu est vraiment bien fait). En réalité ma demande initiale a finalement été prise en compte et j’apprends que je suis l’heureux possesseur d’un ticket gratuit à utiliser le 24 octobre à 16 h 30. Aucun message ne m’ayant prévenu, j’aurais pu (et beaucoup ont dû le faire) quitter l’écran.
Sauf qu’il faut encore se connecter ou créer un compte pour pouvoir récupérer mon billet (rien, évidemment, ne l’indiquait au départ). J’avais déjà fait la manipulation pour Vermeer, mais je ne me rappelle plus de mon mot de passe. J’essaie d’en créer un nouveau, rien ne se passe. Je clique sur « mot de passe oublié » et j’attends, fébrile. NON… mon adresse e-mail n’est pas connue (incroyable !). Et du coup je suis bloqué. Impossible de reprendre à l’écran précédent (ill. 13). Heureusement, Philippe Kahn, de son côté, rame toujours, perdu dans les arcanes du jeu.


13. Mais alors plus du tout.
Voir l´image dans sa page

Je réessaye à nouveau, car je suis quelqu’un qui ne plie pas facilement devant l’adversité et ce n’est pas un jeu vidéo qui va avoir raison de moi (que dirais-je à mes enfants ?). J’obtiens tout de suite ou presque le bon écran. Et je clique. Et j’obtiens ce message (ill. 14) : c’est formidable ce jeu, mais trop addictif.


14. Game over.
Voir l´image dans sa page

Dommage que je n’aie jamais réussi à atteindre le dernier niveau. Je réessaierai demain. Quant à Philippe Kahn, je le hais. Au bout de six heures, il a enfin réussi, et il me nargue. Mais il a triché : il a utilisé quatre appareils en ligne simultanément (deux téléphones, une tablette, et un ordinateur sur Chrome et Safari).


15. Après six heures, avec quatre machines, et tout un après-midi perdu !
Voir l´image dans sa page

C’était : amuse-toi en essayant d’obtenir un ticket pour l’exposition Léonard de Vinci. Pour gagner, il faut jouer !

Vos commentaires

Afin de pouvoir débattre des article et lire les contributions des autres abonnés, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement.

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous.