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Les tables du pouvoir. Une histoire des repas de prestige

Louvre-Lens, jusqu’au 26 juillet 2021

Qu’est-ce qu’un « languier » ? Cet objet intrigant, qui semble tout droit sorti d’un film d’heroic fantasy ou de la série Kaamelott, est l’une des révélations de l’exposition du Louvre-Lens qui ne se contente pas de dresser des tables et d’aligner des assiettes : c’est ainsi que l’on découvre l’un des rarissimes exemplaires conservés (ill. 1) de cet instrument fort prisé des élites de la fin du Moyen Âge. Venu de Vienne, prêté par le Kunsthistorisches Museum, ce « languier » prend la forme d’un petit arbre d’argent doré au socle polylobé, destiné à être posé sur la table du festin princier, afin d’y détecter d’éventuels poisons. Le processus était simple : les « langues de serpent » accrochées à ses branches - il s’agit en fait de dents de requins fossilisées - étaient supposées transpirer au contact des poisons.


1. Nuremberg (?), vers 1450
Languier
Argent doré, citrine, dents de requin fossilisées - 27 x 15,5 cm
Vienne, Kunsthistorisches Museum
Photo : KHM
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2. Bézoard, XVIIe siècle
Bézoard serti de fil d’or - 5,2 x 4,7 x 3,2 cm
Vienne, Trésor de l’Ordre teutonique
Photo : Schatzkammer des Deutschen Ordens
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Ces objets comme leur usage sont décrits dans la littérature médiévale et des archives témoignent de leur présence effective sur les tables aristocratiques, comme l’explique un passionnant essai de Michèle Bimbenet-Privat dans le volumineux catalogue qui accompagne l’exposition. Consacré à la hantise de l’empoisonnement et aux divers objets au prétendu pouvoir alexitère qui tentaient de s’en prémunir, celui-ci rappelle l’usage des « cornes de licorne » qui sont plutôt des défenses de narval ou bien des fragments de dents de mammouth fossilisées et aborde les multiples usages du mythique bézoard, dont un exemplaire (ill. 2) est également visible à Lens, lui aussi venu de Vienne où il est conservé, serti dans sa monture d’or filigrané, dans le Trésor de l’Ordre teutonique. Plus connu que le languier, le bézoard - ou pierre à fiel - est une concrétion pierreuse de matières organiques qui se forme dans l’estomac de certaines espèces animales (des chèvres mais aussi des gazelles ou des girafes). Ses vertus de contrepoison étaient connues dès le XIIIe siècle et on pensait aussi que le bézoard guérissait la mélancolie ou protégeait des piqûres d’insectes et des morsures de serpent. Les plus petits pouvaient être montés en anneau ou en pendentif, comme c’est le cas ici.


3. Vue de l’exposition Les tables du pouvoir, une histoire des repas de prestige au Louvre-Lens avec le languier prêté par le Kunsthistorisches Museum de Vienne et la tapisserie venue du Musée lorrain de Nancy
Photo : Musée lorrain
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Que nos lecteurs se rassurent : le reste de l’exposition Les tables du pouvoir, une histoire des repas de prestige est moins fantaisiste. Le parcours manque d’ailleurs singulièrement de saveur, étant desservi par une…

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