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Paris 1910-1937. Promenades dans les collections Albert-Kahn

Paris, Cité de l’architecture & du patrimoine, du 16 septembre 2020 au 11 janvier 2021.

Jusqu’au 11 janvier 2021, la Cité de l’architecture et du patrimoine propose une plongée étrange et poétique dans la Ville Lumière telle qu’elle se présentait il y a un siècle. « Paris 1910-1937. Promenade dans les collections Albert-Kahn » présente une centaine de photographies en couleur et une dizaine de films (ill. 1 et 2), dont certains également en couleur, jusque-là méconnus ou fort peu exploités. C’est une première surprise. Tous proviennent du même fonds, celui des Archives de la planète, constitué par le banquier Albert Kahn (1860-1940), entre 1909 et le début des années trente. Voilà l’autre surprise, la richesse et la splendeur du fonds, dont l’existence même est souvent ignorée du grand public.


1. Stéphane Passet (1875-1942)
Paris 7e , le palais du Trocadéro vu de la tour Eiffel
Autochrome - 9 x 12 cm
Paris, Musée départemental Albert-Kahn
Photo : Département des Hauts-de-Seine
Musée départemental Albert-Kahn
Collection des Archives de la Planète
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L’intention du banquier philanthrope ne manquait pas d’ambition : « fixer une bonne fois pour toutes des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps ». Il fallait être un déraciné pour caresser un tel rêve. Kahn l’était effectivement, fils d’un maquignon juif alsacien, contraint à l’exil peu après le traité de Francfort consacrant en 1871 l’annexion de son Alsace natale par le Reich. Il fallait être un pacifiste également, rassembler des échantillons photographiques et cinématographiques de toutes les cultures du monde devant fatalement aboutir à une meilleure compréhension mutuelle. Un rêve oui, partagé alors par d’autres financiers et industriels - oh une poignée ! - parmi lesquels Émile Deutsch de La Meurthe, par exemple, fondateur de la Cité internationale universitaire.

Aussi Albert Kahn épuisa-t-il sa fortune en dépêchant à travers une cinquantaine de pays du monde entier une douzaine d’opérateurs équipés des moyens techniques les plus modernes : le cinématographe (nous ne sommes qu’en 1909) et l’autochrome, premier procédé industrialisé de photographie en couleur, inventé lui aussi par les frères Lumières dès 1903 mais commercialisé en 1907. Résultat de la collecte : 72 000 plaques autochromes, 4 000 plaques stéréoscopiques et pas moins de 180 000 mètres de film !
Ces images de lointains exotiques ne devaient pas nourrir que l’imaginaire. Encore fallait-il en exploiter les vertus comparatives, mesurer à travers elles l’empreinte des communautés humaines sur leur environnement. Il fallait problématiser le reportage tous azimuts. C’est pourquoi, dès 1912, le banquier s’adjoignit le concours d’un géographe, Jean Brunhes (1869-1930), titulaire à l’Université de Lausanne la première chaire de « géographie humaine », afin qu’il conduise le programme d’archivage. Supports méthodologiques de l’universitaire novateur, les précieux documents étaient encore projetés…

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