Le jardin de l’Archevêché menacé par la Mairie de Paris

Lundi soir 15 novembre avait lieu, comme nous l’avions annoncé dans cette brève du 10/11/21, une réunion de « restitution » de la concertation sur l’aménagement des abords de Notre-Dame. Et comme prévu hélas, il est clair que cela ne servira strictement à rien. Car tout en protestant de leur volonté d’intervenir « avec délicatesse » - la délicatesse, c’est en effet ce qui caractérise le mieux l’urbanisme de la Mairie de Paris - Emmanuel Grégoire a démontré que c’est tout le contraire auquel il faut s’attendre.

Quentin Divernois, Parisien membre actif du mouvement #saccageparis sur Twitter, a posé une question sur ce qu’allait devenir le jardin de l’Archevêché (dit aussi square Jean XXIII) et s’il serait conservé dans son état actuel, ce qui est une demande quasi unanime des participants à la consultation comme nous l’avons démontré. Nous citons ici la question et la réponse qu’a osé lui faire Emmanuel Grégoire :

« - on aimerait juste avoir une confirmation que […] vous n’allez pas reconcevoir le jardin Jean XXIII et sa disposition à la française, que vous n’allez pas changer son mobilier, ni ses luminaires […],
- […] je ne sais pas quel mobilier on utilisera […] mais enfin je ne vois pas de raison qui nous conduirait à nous éloigner du mobilier qui sert de référence au jardin Jean XXIII puisque c’est un aménagement de parc qui date de cette époque là et c’est pareil, sur l’ordonnancement à la française, ce n’est pas l’ordonnancement médiéval […] quand vous voulez à la fois rénover un espace vert, le densifier, c’est-à-dire augmenter sa végétalisation, les surfaces végétalisées […] tout en articulant scrupuleusement son dessin à la française historique, vous comprendrez que c’est un peu difficile de concilier tout ça donc on verra quelle forme ça prendra et je vais vous dire ce ne sont pas les élus, ce n’est pas nous qui allons faire le dessin, c’est aussi pour ça que vous voyez que dans les groupements, la compétence paysage est tout à fait centrale, d’ailleurs plusieurs des chefs de file sont des paysagistes et ceux quand ce ne sont pas des paysagistes mais des architectes ont pris des références extrêmement convaincantes de paysagistes et ce sujet de la compétence des paysagistes a été au cœur des réflexions du jury pour la sélection des quatre groupements destinés à travailler avec nous. Donc on verra comment ils nous feront des propositions […] »

Résumons : la mairie de Paris mène une « concertation » dont le résultat est à 94 % que l’on ne doit pas toucher à l’existant, et surtout en aucune manière au square Jean XXIII. Et plutôt que de donner un cahier des charges qui respecterait ce choix des Parisiens, en interdisant de toucher au jardin qu’il faudrait seulement restaurer, on met en compétition quatre groupements avec des « compétences paysage tout à fait centrale ». Il est parfaitement évident que des paysagistes vont faire œuvre de paysagistes, et qu’ils toucheront forcément au square Jean XXIII. Emmanuel Grégoire ose même dire qu’il veut « rénover » ce jardin - qui n’a nul besoin d’autre chose que d’être restauré comme il était avant que la base vie du chantier ne s’y installe -, qu’il veut le « végétaliser » - mais que veut dire « végétaliser » un jardin déjà abouti ? - et que ces exigences - dont personne ne veut, à part la mairie de Paris - seraient « difficile à concilier » avec le dessin actuel du jardin ?

Que celui-ci, dans sa forme actuelle, qui est son état historique, soit déjà condamné dans l’esprit de la Ville de Paris ne fait donc aucun doute. Et encore moins quand on entend dire dans la même réunion qu’on n’est même pas sûr que tous les arbres auront survécu au traitement infligé par l’installation de la base vie et le déroulement des travaux… Rappelons que nous avions été très inquiet, au début du chantier, de la suppression éventuelle d’arbres (voir la brève du 6/5/19). S’il est apparu qu’aucun d’entre eux n’avait été coupé, il y a donc des craintes, de l’aveu même de la mairie, pour l’avenir.



Mais il y a quelque chose au moins pour laquelle, après cette réunion, nous n’avons plus de craintes mais des certitudes : il s’agit du mobilier urbain, ou au moins des bancs qui se trouvaient là où se sont installées les baraques préfabriquées. Une riveraine a en effet filmé la destruction à la masse des bancs qui s’y trouvaient, pas de modèle Davioud mais des bancs parisiens typiques, un peu plus récents, mais historiques, esthétiques et en parfait état. Ces bancs ne reviendront pas dans ce jardin car ils ont été sauvagement cassés comme la vidéo que nous pouvons publier ici le démontre. Un symbole de plus du saccage de Paris dans un jardin municipal. Dans la même réunion, Emmanuel Grégoire nous avait répété une nouvelle fois la fable des bancs qui ne disparaissaient pas !

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