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La « stratégie patrimoine » d’un ministère en perdition

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Françoise Nyssen lors de la conférence
de presse sur le patrimoine
Photo : Didier Rykner
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Accablant. Les journalistes présents à la conférence de presse de Françoise Nyssen de présentation de sa « stratégie pluriannuelle en faveur du patrimoine » en étaient presque gênés. Jamais ils n’avaient vu en effet - et pourtant, ils en ont vu - de ministre manifestement aussi ignorante des sujets qu’elle est censée traiter. Pleine de phrases creuses cent fois entendues, bafouillant à moitié, incapable de répondre aux quelques questions posées à la fin de son intervention, avant que son équipe ne mette rapidement fin à son calvaire, Françoise Nyssen a démontré que le ministère est désormais en roue libre, entièrement livré aux hauts fonctionnaires qui décident à peu près seuls de la politique qu’il faut mener, et qui s’inscrit dans le droit fil de ces dernières années.

Non d’ailleurs que le politique soit absent, mais il passe directement au-dessus de la ministre. Celle-ci, pour ne prendre qu’un exemple, a été incapable de répondre clairement à la même question formulée deux fois par Luc Le Châtelier de Télérama et reprise par nous : l’avis conforme des Architectes des Bâtiments de France, une disposition essentielle du code du patrimoine, est-il une nouvelle fois menacé comme nous en avons par ailleurs la confirmation. Poussée dans ses retranchements, Françoise Nyssen a répondu en substance « Non, mais ça dépend pour quoi » confirmant ainsi en creux nos informations. Elle a longuement insisté sur la nécessité pour les ABF d’intervenir en amont des projets, en rôle de conseil. Or d’une part certains le font déjà lorsqu’on les consulte, et d’autre part ils ne sont évidemment pas assez nombreux pour jouer ce rôle en permanence. Ajoutons que conseiller n’est pas suffisant. Il faut dans certains cas imposer, et c’est bien le rôle de l’avis conforme dont nous avons déjà maintes fois discuté sur ce site (voir nos articles). La défense du patrimoine est un véritable travail de Sisyphe, et il va à nouveau falloir combattre cette menace, d’autant plus inquiétante qu’elle semble impliquer directement le Président de la République Emmanuel Macron qu’il faut compter désormais dans le camp très nombreux des ennemis des monuments historiques.

Comme les canards qui ont perdu leur tête, le ministère continue encore à voleter au hasard et dans toutes les directions. La « stratégie pluriannuelle » de la ministre - le terme est d’autant plus incongru qu’il n’y a évidemment aucune stratégie, et que prétendre agir sur plusieurs années pour un ministère qui change de titulaire tous les ans ou presque relève d’un optimisme ridicule - se résume en une quinzaine d’actions sans rapports les unes avec les autres, mélange de gadgets, d’actions anodines ou n’apportant aucune solution concrète. Seules deux ou trois propositions surnagent, et encore.

3% du budget du ministère consacré aux monuments historiques

Il faut avant tout revenir…

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