La question se pose…

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France, deuxième tiers du XIIIe siècle
Fragments du jubé de Notre-Dame
Photo : Didier Rykner
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Intitulé « Macron gargouille à Notre-Dame de Paris », un article d’Hervé Liffran dans Le Canard Enchaîné de mercredi dernier se conclut en citant un membre du cabinet de la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak à propos d’éventuelles fouilles dans le chœur de la cathédrale après le démontage des échafaudages pour la reconstruction de la flèche et avant la réouverture au public du monument. La phrase mérite d’être citée entièrement : « La question ne se pose pas. Ce n’est pas au programme. Il n’y aura aucune fouille spécifique ». La question ne se pose pas ?

Si, madame la ministre, la question se pose.

La question se pose car les archéologues estiment que 50 à 60 % des sculptures du jubé de Notre-Dame restent à découvrir dans le sol de la cathédrale, dans la zone du chœur.
La question se pose car l’État impose, à juste titre, de mener des fouilles archéologiques lorsque des promoteurs privés ou publics mènent des travaux.
La question se pose car il s’agit d’une occasion unique, qui ne se reproduira pas avant probablement plusieurs siècles, de les mettre au jour.
La question se pose car il s’agit d’une des plus hautes expressions de l’art français et de l’art mondial quelle que soit l’époque.
La question se pose car l’argent nécessaire pour ces fouilles, réuni grâce à la souscription nationale, n’est pas un problème.
La question se pose car il s’agirait d’un enrichissement exceptionnel pour les musées français.
La question se pose car si une sculpture équivalente apparaissait sur le marché, elle serait immédiatement classée trésor national.
La question se pose car la préservation du patrimoine et l’enrichissement des musées est au cœur de la mission d’une ministre de la Culture.
La question se pose car ces fouilles complémentaires ne demanderaient que quelques mois de plus.
La question se pose car aucun musée, aucun historien de l’art, aucun historien, aucun amoureux du patrimoine, aucune personne cultivée, rien ni personne, dans aucun pays ne comprendrait que la France laisse échapper une occasion de ce genre.
La question se pose car aucune raison ne s’y oppose, si ce n’est une déclaration faite précipitamment par Emmanuel Macron au lendemain de l’incendie, quand les cendres n’étaient pas encore froides, sans avoir consulté personne, sans aucune connaissance du dossier et sans qu’il ait pu imaginer les découvertes à venir.
La question se pose si l’on considère que la France est encore un grand pays de culture.
La question se pose si l’on considère que la France est encore un grand pays.

La question se pose. Et pour les mêmes raisons exactement, elle n’appelle qu’une seule réponse : les fouilles archéologiques devront être poursuivies.

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