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La Liberté décentralisée

Le projet de décentralisation du ministre de la culture, tel qu’il l’a fait connaître récemment, est réellement inquiétant, tant pour les monuments historiques que pour les musées. On peut y lire la phrase suivante : "la réforme prévue conduit à affirmer le rôle des communes comme des propriétaires de monuments historiques pour qu’elles exercent la maîtrise d’ouvrage". Rappelons que le maître d’ouvrage est celui qui définit les travaux à mener, qui les supervise et qui choisit le maître d’œuvre, c’est-à-dire l’entreprise en charge des travaux. Le maître d’ouvrage, jusqu’à aujourd’hui, était le ministère, via le service des Monuments Historiques [1].
Si ce système n’est pas, loin s’en faut, idéal (certaines restaurations dues aux Monuments Historiques sont plus que discutables), il a au moins le mérite de confier à des spécialistes la gestion de chantiers extrêmement délicats et complexes. Transférer cette mission aux maires, c’est-à-dire à des gens souvent incompétents dans le domaine de l’art - peut-on, d’ailleurs, vraiment le leur reprocher - est tout simplement aberrant. On sait de plus que les maires sont fréquemment liés aux entrepreneurs (quand ils ne le sont pas eux-mêmes) et aux intérêts locaux, ces derniers allant rarement dans le sens de la préservation du patrimoine. Pour les mêmes raisons, donner aux maires la compétence en matière de patrimoine non protégé et la création de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager est un véritable pousse au crime.

Il est, de plus, extraordinaire qu’un ministre qui prône la décentralisation et l’autonomie se charge lui-même de décider quelles œuvres seront prêtées en province, méprisant ouvertement les conservateurs des musées nationaux. Ainsi, on apprend dans le même document que la Liberté guidant le peuple de Delacroix sera "décentralisée". Le ministre se rend-il compte que cette œuvre emblématique de l’artiste, qui mesure pas moins de 2,59 sur 3,25 mètres est une toile fragile, qui ne saurait être…

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