L’église troglodytique de Haute-Isle et son mobilier XVIIe

Nous dénonçons si souvent les maires qui se moquent de leur patrimoine que nous en oublions parfois qu’il y a heureusement de nombreux élus conscients que leur mandat leur donne des responsabilités dans ce domaine, et qui se battent pour protéger et faire restaurer les monuments historiques de leur commune. Dans la mesure du possible, nous tenterons de faire découvrir ces villes où le patrimoine n’est pas considéré uniquement comme une charge mais bien comme une chance et un facteur d’attractivité et de développement.


1. Eglise troglodytique de Haute-Isle, Val d’Oise
Photo : Didier Rykner
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2. Intérieur de l’église troglodytique de Haute-Isle
Photo : Didier Rykner
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Nous nous rendrons cette fois à une cinquantaine de kilomètres de Paris, non loin de Mantes-la-Jolie, pour découvrir un édifice extrêmement rare en France, et unique en Ile-de-France : l’église troglodytique de l’Annonciation de Haute-Isle (ill. 1), dans le Val-d’Oise.
Creusée en 1670 dans la falaise de craie, aux frais de Nicolas Dongois, seigneur du lieu, cet édifice (que l’on peut en réalité difficilement qualifier ainsi puisqu’au sens strict, il n’a pas été édifié, en dehors du clocher) a un plan très simple, avec une seule nef voûtée en berceau. Sa richesse est due au mobilier en bois, remarquable, qui consiste en une chaire elle-même creusée dans la paroi, et, surtout, en une clôture de chœur et un retable sculptés d’une très grande qualité. Ceci n’est guère étonnant puisque, à l’origine, ce mobilier aurait orné la chapelle du palais de justice de Rouen [1].

3. Ecole française, fin XVIIe
L’Assomption de la Vierge
Huile sur toile
Photo ancienne, l’œuvre est aujourd’hui
très dégradée comme on le voit
dans le reportage et est en cours de restauration
Haute-Isle, église
Photo : D. R.
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Seul problème : ce mobilier est en mauvais état et doit être impérativement restauré. Les travaux sur l’église ont commencé par la réfection du sol, notamment, et par la sécurisation des alentours (le cimetière est en surplomb par rapport à la route et aucun garde fou n’empêchait les chutes accidentelles). Le tableau en tondo (ill. 3) qui orne le haut du maître-autel, en très mauvais état (alors qu’une photo ancienne le montre bien conservé), est en cours de restauration. Il était attribué par la tradition locale à Murillo mais n’a rien à voir bien sûr avec cet artiste. Il ne s’agit même pas d’une copie de celui-ci comme on en trouve beaucoup dans les églises de France, mais d’une toile datant manifestement de la fin du XVIIe siècle (donc contemporaine du retable).

Pour restaurer, dans un premier temps, la clôture de chœur, puis le retable, la municipalité a passé un « contrat rural » qui est signé avec le département et la région. Ceux-ci participent à la restauration à concurrence respectivement de 35% et 45%, 20% restant à la charge de la commune. Remarquons tout de même que le mobilier étant classé monument historique, la DRAC pourrait être sollicitée.
Pour un village de seulement 330 habitants, il s’agit d’une charge assez lourde, d’autant que les subventions sont versées souvent avec des délais importants. La mairie voudrait donc soit créer une association des amis de l’église de Haute-Isle, afin de recueillir des fonds privés, soit passer par une association nationale comme la Sauvegarde de l’Art Français. Lorsque ce projet sera effectif, nous ne manquerons pas d’en informer les lecteurs de La Tribune de l’Art. En attendant, nous vous invitons à découvrir l’église et son mobilier grâce à un reportage (voir ci-dessous) ou à la visiter (il faut, néanmoins, demander l’ouverture à la mairie [2]).


Eglise troglodytique de Haute-Isle par latribunedelart

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