- Alfred Janniot (1889-1969)
Le Congo, détail des bas-reliefs de la façade
du Palais de la Porte Dorée
Photo : D. R. - Voir l´image dans sa page
27/3/10 – Patrimoine – Paris, Palais de la Porte Dorée – En droit français, les héritiers d’un artiste possèdent le droit moral. Ce droit est imprescriptible. Les ayants droit peuvent ainsi s’opposer à la destruction d’une œuvre ou à sa dénaturation.
Anne Demeurisse a hérité, de la veuve d’Alfred Janniot, tous les droits relatifs à l’œuvre de son mari. Elle a créé, en décembre 1999, l’Association des Amis d’Alfred Janniot et elle défend farouchement la mémoire du sculpteur, notamment grâce à des expositions et à des publications. Il était donc inévitable qu’elle s’oppose à la construction, devant la façade du Palais de la Porte Dorée recouvert des bas-reliefs du sculpteur, de la construction de Kawamata (voir nos articles). Son avocat, Me Philippe Zagury, a donc contacté la Cité de l’Immigration et le ministère de la Culture. Leur responsabilité serait en effet engagée si ce projet, qui porte atteinte au droit moral de Janniot, était mis en œuvre tel qu’il est prévu actuellement.
Alertée par les articles de La Tribune de l’Art, Anne Demeurisse s’est manifestée tardivement - mais avant le début des travaux - parce que les responsables lui avaient caché leurs intentions réelles. Pour répondre à ses interrogations, on lui avait montré un projet alternatif où seule la passerelle serait construite, sans le « nid » cachant la façade, et on lui avait affirmé que l’installation serait provisoire [1]. Or, si le permis de construire ne prévoit pas expressément qu’il s’agira d’une installation pérenne, aucune limite de temps n’est indiquée, et le site de la Cité affirme qu’il s’agirait de la « première œuvre pérenne de Kawamata ». Pour l’association Alfred Janniot, il n’est évidemment pas question de s’opposer à l’art contemporain, mais de faire respecter l’œuvre du sculpteur.
Il faut espérer que la Cité de l’Immigration et le ministre de la Culture ne s’entêteront pas. Ce dernier devrait, au contraire, s’appuyer sur la demande de l’association pour renoncer définitivement à un projet qui dénaturerait profondément le chef-d’œuvre de Laprade et de Janniot [2].