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Interview de Jean-Luc Martinez (1) : acquisitions et expositions

Depuis une semaine, Jean-Luc Martinez, récemment nommé président-directeur du Louvre, est partout dans la presse afin de dire quelle sera sa politique pour le Louvre. Nous avons souhaité, nous aussi, l’interroger, en approfondissant avec lui tous les sujets, dont certains n’ont été pour l’instant que peu abordés. Nous publierons cette interview en plusieurs parties : la première est consacrée à la question des acquisitions, un point que nous suivons tout particulièrement, et aux expositions.

Quelle sera votre politique d’acquisitions ?

En matière d’acquisitions, il n’y a pas de principes complètement définis, mais il faut respecter certaines règles. Tout d’abord, il faut essayer de vérifier la provenance d’une œuvre, car cela fait partie du travail de l’historien d’art de reconstituer le passé d’un œuvre en instruisant le dossier aussi loin que possible. Ainsi remise dans son contexte, elle s’enrichit de tout ce que les collectionneurs lui ont apporté.

On a parfois l’impression que le critère de provenance est si important qu’on s’interdit d’acheter une œuvre qui en est privée, de peur que celle-ci soit frauduleuse. Mais toutes les œuvres ne viennent pas de spoliations. Quelle est votre position à ce sujet ?

Non, l’absence de provenance ne veut pas forcément dire qu’on n’achètera pas. La question n’est pas d’avoir peur d’affronter telle ou telle querelle juridique. La provenance permet de connaître et de présenter l’histoire du goût. C’est une volonté d’enrichir la réflexion. Les œuvres sont polysémiques : par exemple, dans les salles des arts décoratifs de Louis XIV à Louis XVI que nous allons ouvrir au printemps 2014, l’art de vivre du roi et des élites doit être présenté par le biais de l’histoire des collection et l’histoire du goût. Pour ce département, une œuvre avec un pedigree a beaucoup plus de valeur qu’une autre avec les mêmes qualités artistiques dont on ne sait rien. Une œuvre avec un historique est potentiellement plus intéressante pour un musée comme le Louvre. Si un objet a appartenu au cardinal Mazarin, cela lui donne évidemment une qualité supplémentaire. Mais effectivement, certaines œuvres en sont privées. Prenons Georges de La Tour : ses tableaux sont souvent apparus comme cela, dans des greniers, sans qu’on sache d’où ils venaient...

Quels sont les autres critères de cette politique d’acquisition ?

La deuxième règle, c’est de se poser la question de savoir quelle est la meilleure place pour une œuvre. Nous sommes une collection nationale avec des conservations qui ont un rôle patrimonial sur l’ensemble du territoire français. Une œuvre donnée doit-elle être conservée au Louvre, dans autre musée national ou dans un musée de région ? Doit-elle forcément rester en France ou peut-elle quitter le pays ? Tout dépend de l’intérêt de l’œuvre, de sa qualité, de sa rareté et de la représentativité de l’artiste dans les collections du Louvre. Les conservations se posent toutes ces questions. Prenons un exemple : l’achat d’une œuvre médiévale. Il faut se demander si elle ne serait pas mieux au Musée de Cluny ou dans un musée de région, notamment si l’objet provient d’une ville précise. Ou si elle devrait trouver sa place dans la collection nationale pour mieux remettre l’artiste en perspective. Un dialogue s’instaure sur ce sujet avec nos collègues en région, sans jamais perdre de vue l’intérêt du visiteur.

Le troisième critère est financier. Les lois patrimoniales françaises sont bien faites, elles…

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