Hôtel Lambert : des bienfaits de la polémique

Louis Le Vau (1612-1670)
Hôtel Lambert (façade sur la Seine)
Photo : D. Rykner
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Lundi 9 mars, au terme d’une séance marathon de quatre heures, la Commission supérieure des monuments historiques a validé, avec de nombreuses réserves, le projet de restauration de l’Hôtel Lambert.
Selon nos informations, Michel Clément, le directeur du Patrimoine, a tenu parfaitement son rôle en se montrant ferme face à ce qui était inacceptable, notamment la construction de salles de bain au-dessus de la galerie d’Hercule, un point qui nous avait échappé et qui avait été à juste titre vivement critiqué ces derniers jours. Il a également affirmé que l’aile gauche devait rester sous le contrôle ferme des monuments historiques. Si le décor d’origine de cette partie de l’hôtel a disparu, les volumes d’époque subsistent encore et le projet actuel n’est pas suffisamment précis sur leur sort.

Comme nous le laissions entendre dans notre brève du 18/2/09, le dossier évolue donc favorablement même s’il convient de rester prudent. Le parking sous le jardin est abandonné, il sera finalement installé sous la cour ce qui n’est pas idéal mais constitue un moindre mal selon l’avis général. Sous le jardin seront placés des locaux techniques sur une surface très réduite par rapport à ce qui était prévu à l’origine. Les arbres seront conservés même si certains souhaitaient s’en débarrasser sous le prétexte fallacieux qu’il n’y avait pas d’arbres au XVIIe siècle. Les caissons en béton, construits en sous-sol pour installer ces équipements, ne seront pas étanches afin d’éviter tout risque en cas d’inondation Il faut en effet savoir qu’un caisson étanche remonterait sous la pression de l’eau en cas d’inondation, ce qui menacerait la stabilité de l’Hôtel..
L’ascenseur ne percera plus le plafond à solives. L’escalier de Lassus sera donc conservé, comme le seront aussi les vitraux néo-gothiques. Les pots à feu [1] dessinés par l’architecte en chef seront revus pour devenir plus discrets.

L’action lancée par la Commission du Vieux-Paris et relayée par la presse a donc porté ses fruits. La décision est entre les mains de la ministre de la Culture qui validera très probablement les recommandations de la Commission. Il est dommage qu’il ait fallu cette polémique pour arriver à un tel résultat [2] . Malheureusement, bien des bâtiments moins importants sont mutilés, dans la plus grande indifférence, faute de mobiliser l’opinion publique.

English version

Didier Rykner

Notes

[1Il pourrait être judicieux également d’ôter ou de mieux cacher la parabole située sur les toits, parfaitement visible sur notre photo.

[2Nous continuerons à suivre ce chantier, comme nous l’a proposé l’avocat du propriétaire.

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