Hôtel de la Marine : le dépôt des candidatures est repoussé sine die

L’Hôtel Royal-Monceau où a été présenté le projet
d’Alexandre Allard aux membres du Symev
Photo : Didier Rykner
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Le jeudi 3 février, à l’invitation d’Alexandre Allard et de François de Chayette, président du Symev, les membres de ce syndicat des commissaires priseurs assistaient au Royal-Monceau (ill.) à une présentation du projet de reprise de l’Hôtel de la Marine appelé « La Royale » par ses promoteurs, Allard donc et Renaud Donnedieu de Vabres.

Nous avons tenté d’assister à cette conférence, en vain, celle-ci étant interdite aux journalistes. Il est vrai qu’étant nous même candidat à la reprise du bâtiment, peut-être avaient-ils peur aussi que nous leur piquions des idées [1]...
Alexandre Allard ne se cache d’ailleurs pas d’avoir finalisé son projet. Il s’est largement répandu dans la presse à ce propos.

Ce constat pose, à vrai dire, un vrai problème. Pour notre part, nous n’avons pu visiter comme candidat qu’une partie de l’Hôtel, à deux reprises seulement, la semaine dernière, accompagné à chaque fois par quatre personnes, dans un temps limité et sans même avoir le droit de prendre des photos. Bien que nous ayons été reçu parfaitement courtoisement, la distorsion de concurrence avec Alexandre Allard est flagrante. Celui-ci l’affirme lui-même dans Le Monde daté du 23/1/11 : « [J’]ai visité [l’Hôtel de la Marine] deux fois dans le cadre de l’appel à projets de l’Etat et quatre fois auparavant avec deux ou trois personnes, dont l’architecte Jean Nouvel ». Tiens donc ! « Cela fait deux ans et demi que j’y travaille, avec dix personnes et une trentaine d’experts » Ah bon ? Il y aurait donc certains candidats privilégiés, par rapport à d’autres ? Voilà qui est fort étonnant.
Son projet est donc prêt depuis longtemps, ainsi que le montage financier, alors que nous venons à peine de prendre connaissance du dossier. Tel qu’il est, cet appel à projets apparaissait de toute évidence une parodie tout à fait contestable sur le plan légal.

De fait, la date de remise des candidatures, prévue à l’origine le 7 février, est à nouveau repoussée en raison de la future nomination d’une commission indépendante décidée par le président de la République. En réalité, c’est bien toute la procédure qui a ainsi été torpillée par Nicolas Sarkozy.
Une dépêche de l’AFP du 19 janvier affirmait que, selon des « sources proches du dossier », la « mise en place de cette commission d’experts n’interromp[ai]t pas l’appel à projets » mais qu’elle serait chargée d’« éclairer les pouvoirs publics sur la qualité des projets ». Le ministre de la Culture avait pourtant déclaré, toujours selon une dépêche AFP (25/1/11), que la commission allait « réétudier les choses à fond depuis le début ». Ce nouveau report à une date non définie du dépôt des candidatures semble devoir rendre à terme caduque cet appel à projets, au moins dans sa forme actuelle. Il reste à espérer que la commission qui se mettra en place prochainement propose pour l’Hôtel de la Marine une utilisation qui remplisse les deux conditions nécessaires et suffisantes pour mettre fin à ce scandale : garder l’Hôtel de la Marine entièrement dans le giron de l’Etat et respecter intégralement les conclusions de l’étude patrimoniale menée par l’architecte en chef des monuments historiques Etienne Poncelet.

Didier Rykner

P.-S.

Mise à jour, 4 février 17 h 11. Le mail reçu de France Domaine nous indiquait qu’aucune date n’avait été fixée. Celle-ci est désormais repoussée au 1er juin 2011, si l’on en croit les informations indiquées sur leur site. Cela ne change rien au contenu de notre article.

Notes

[1Certains de nos adversaires ayant assez peu d’humour, précisons leur que cette phrase est évidemment ironique.

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