Frère Luc, nouvelles découvertes, nouvelles questions et appel à collaboration !

Depuis quelques années La Tribune de l’Art publie les découvertes des œuvres de Claude François (1614-1685), plus connu sous le nom de frère Luc, peintre et Récollet.
Tableaux de grand ou petit format, trouvés dans les églises, apparus sur le marché de l’art, ou détenus par des collectionneurs, la liste des œuvres qui lui sont attribuées ne cesse de s’allonger, avec peut-être quelques interrogations sur le bien-fondé de certaines attributions. Peu à peu notre connaissance de son œuvre s’élargit faisant le constat d’une production qui fut essentiellement religieuse, très appréciée en son temps puis tombée dans l’oubli ; une production qui révèle des pièces remarquables et d’autres de qualité inégale, posant donc la question de la participation d’un atelier ou d’élèves ? Enfin, force est de constater que si la liste des œuvres de frère Luc s’allonge, les sources et les documents de référence restent peu nombreux ou bien ils ne sont pas publiés ! Il reste donc difficile d’établir une chronologie de son œuvre.
La Picardie, terre natale de notre peintre récollet, recèle un patrimoine « lucanien » particulièrement riche. Un article à paraître prochainement pour la Société Académique de l’Oise dressera une sorte d’état des lieux en ce domaine.

Les œuvres présentées ci-après sont une première évocation de tableaux non encore publiés ou peu connus. Nous nous limiterons ici à apporter un éclairage sur l’iconographie et la composition des tableaux attribués à frère Luc, ou à son entourage, sans négliger de les resituer dans le contexte de la spiritualité des Récollets et de leur histoire. Restera ensuite à poursuivre la recherche pour replacer ces œuvres dans le vaste panorama de la peinture religieuse française du XVIIe siècle.
Enfin nous ferons plusieurs références à des œuvres de frère Luc, conservées au Québec, pas encore assez connues mais d’un intérêt certain [1].


1. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
La Vierge, le Christ-Enfant et sainte Marguerite, 1646 ?
Huile sur toile
Trie-Château, église Sainte-Marie-Madeleine
Photo : R. Schuler.
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La Vierge, le Christ Enfant et sainte Marguerite (ill. 1)

Huile sur toile, église Sainte-Marie-Madeleine de Trie-Château, (Oise)

C’est à Francis Saint-Genez [2] que revient le mérite de la découverte de ce tableau relégué dans les combles de l’église. Malgré son mauvais état, il n’en a pas moins été identifié par lui comme une œuvre de frère Luc, ainsi qu’une Sainte Marie-Madeleine méditant qui se trouve également dans cette église que nous étudierons ultérieurement.
L’état de conservation du tableau ne facilitait pas la lecture de cette œuvre attribuée à l’École de Clouet sous le titre du Mariage mystique de sainte Catherine. En joignant nos connaissances de l’œuvre de frère Luc à celles de Francis Saint-Genez, nous avons pu établir que le tableau représentait sainte Marguerite d’Antioche, sous la protection du manteau de la Vierge et recevant une croix des mains du Christ, représenté ici comme à « mi-chemin » entre enfance et adolescence.
L’excellent travail de restauration mené par Aline Berelowitsch [3] a rendu à cette œuvre toute sa lisibilité et a confirmé qu’il s’agissait d’une œuvre singulière par son iconographie qui enrichit et élargit le corpus des œuvres connues à ce jour.

Le récit du martyre de sainte Marguerite [4] permet de comprendre la présence de certains éléments du tableau, telle la représentation d’une créature monstrueuse dont on aperçoit la gueule ouverte et la patte griffue ; il s’agit bien de l’évocation du dragon envoyé par le démon pour effrayer la jeune martyre. Au premier plan, devant la sainte, on aperçoit la palme du martyre et l’épée avec laquelle elle a été décapitée. On note encore la présence de la colombe portant un diadème qui, selon le récit légendaire, lui serait apparue durant son supplice. D’autres éléments de la composition sont également à souligner tels les personnages du second plan qui se tournent vers la Vierge dans une attitude de supplication et de prière.
Mais plus encore, c’est la présence du Christ Enfant qui retient l’attention ; ce dernier, par son maintien, sa chevelure, par le sceptre qu’il tient de la main droite n’est pas sans évoquer les représentations de Louis-Dieudonné enfant ou adolescent et qui règnera sous le nom de Louis le quatorzième. Nous reviendrons sur ce point.
L’attribution à frère Luc ne fait ici aucun doute. Le visage de la Vierge se retrouve dans plusieurs de ses compositions, telle L’Assomption du Musée d’Art et d’Histoire de Cholet (vers 1640), mais plus encore dans La Sainte-Famille de l’île d’Orléans (ill. 2), qui présente d’ailleurs un Jésus adolescent accueillant la croix, mais aussi dans La Vierge au Rosaire de la chapelle de l’hôpital de La-Pitié-Salpêtrière à Paris (vers 1680). On peut regarder également L’Immaculée Conception avec sainte Anne et saint Joachim de l’Évêché de Trois-Rivières (Québec, 1676) avec le serpent écrasé sous les pieds de la Vierge et ou apparaît également la colombe.


2. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
La Sainte-Famille, 1670
Huile sur toile - 200 x 162 cm
Île d’Orléans (Québec), église de la Sainte-Famille
Photo : J.-J. Danel.
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On reconnait également le traitement des doigts longs et légèrement enflés très particulier à frère Luc. Le visage incliné et recueilli de la sainte, sa façon de tenir la croix serrée contre son visage, renvoient eux-aussi à plusieurs compositions du peintre. Citons-ici Sainte Catherine de Sienne (ill. 3) et les différentes représentations de saint François au crucifix [5]. On pourra regarder également L’Apothéose de sainte Marguerite dans la chapelle de l’ancien hôpital Laënnec à Paris (voir cet article).


3. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Sainte Catherine de Sienne
Huile sur toile - 66x45 cm
Collection particulière
Photo : Domaine public
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Les Récollets de Trie-Château

L’origine de ce tableau est très vraisemblablement liée à l’existence d’un couvent de Récollets à Trie-Château [6]. Ils s’y établirent en 1607 dans un bâtiment appelé le château Sainte-Marguerite, mais qui était un hospice ; situé à la sortie de la ville, il servait notamment à accueillir les malades de la peste [7]. C’est peut-être cette maladie qui occasionna le décès d’un ou plusieurs frères en 1637 ; la communauté désorganisée ne reprit le cours normal de la vie conventuelle qu’en 1646. Peut-être est-ce précisément à cette date que des tableaux furent commandés à frère Luc pour la chapelle de cet hospice, ce qui serait tout à fait en cohérence avec la représentation de la Vierge protectrice des malades. 1646 correspond également à une période où frère Luc peignait pour les couvents de son ordre et recevait des commandes pour des églises et des établissements religieux, notamment en Picardie. On peut supposer qu’à la fermeture du couvent en 1792 les tableaux de frère Luc furent déposés à l’église paroissiale où ils se trouvent encore aujourd’hui.

Deux sujets pour un tableau ? La Vierge protectrice des malades

4. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
La Vierge au Rosaire, avant 1680
Huile sur toile - 275 x 170 cm
Paris, chapelle de l’Hôpital de la Salpêtrière
Photo : J.-J. Danel.
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La Vierge et l’Enfant sont au centre de la composition, le Christ-Enfant est tourné vers sainte Marguerite à qui il tend la croix. La Vierge, d’une part, étend son manteau vers la sainte et, d’autre part, tourne son visage souriant vers celui (ou celle ?) dont elle prend la main comme pour le relever de son lit de malade. Tous les visages sont tournés vers la Vierge dans une attitude de supplication et de prière, attitudes que l’on retrouve notamment dans La Vierge au Rosaire peinte pour l’hôpital de la Salpêtrière (ill. 4). S’agit-il ici d’une sorte d’ex-voto pour rappeler l’intercession de la Vierge pour les malades ? Quoi qu’il en soit il semble que la Vierge et le Christ-Enfant sont bien le sujet principal du tableau ; la Vierge apparaît ici comme protectrice en étendant son manteau sur sainte Marguerite [8], comme celle qui triomphe du dragon symbole du démon, enfin comme celle vers qui se tournent les malades et les infirmes. Cette spiritualité mariale était une composante majeure des pratiques dévotionnelles des Récollets ; il n’est donc pas étonnant qu’on la retrouve mise en image par frère Luc qui se montre également, dans plusieurs de ses œuvres, sensible au monde des malades [9].

Le Christ-Enfant, Louis XIV et la Nouvelle-France

Le Christ-Enfant me paraît être ici une dénomination plus juste qu’Enfant-Jésus. Dans cette représentation, frère Luc réussit à associer le charme et la fraîcheur de l’enfance à une sorte de majesté royale, à suggérer la présence d’un « Petit Roi » ! Le sceptre tenu par le Christ-Enfant se retrouve également dans les mains de l’Enfant-Jésus de La Sainte-Famille à la Huronne [10] (ill. 5), idem pour le majestueux Christ donnant à saint François l’indulgence de la Portioncule [11].


5. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
La Sainte Famille à la Huronne, vers 1671
Huile sur toile - 110 x 97 cm
Collections et archives, Pôle culturel des Ursulines de Québec
Photo : Domaine public
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On connaît deux autres tableaux de notre peintre récollet où le Christ est représenté adolescent [12] mais aucun des deux n’offre un rapprochement possible avec la figure du jeune Louis XIV. Pour comprendre ce rapprochement il faut se souvenir du climat de ferveur intense qui mobilisa une grande partie du monde catholique français priant pour que Dieu donne un dauphin au royaume de France. Sans pouvoir trop le développer ici, rappelons que c’est dans ce contexte que la naissance du futur Louis XIV fut « annoncée » par une religieuse carmélite [13]. Suite à ces révélations et visions on vit se développer la dévotion à l’Enfant-Jésus sous la forme du Petit Roi de Gloire ou Enfant-Jésus de Beaune. Quoiqu’on pense de ces visions, force est de constater que cette association par l’image de l’Enfant Jésus et de l’Enfant Royal a lié durablement l’image du roi des Cieux et du roi de France [14]. Est-ce ce lien que frère Luc a voulu suggérer ici ? Quel lien peut-on établir, entre cette image du Christ-Enfant, du « Petit-Roi », et sainte Marguerite à l’intérieur d’un même tableau (ill. 6) ? La sainte martyre était particulièrement invoquée lors des accouchements, ce culte très populaire s’étendait jusqu’à la cour de France. Une relique, dite « ceinture de sainte Marguerite », fut apportée de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés, lors de l’accouchement de Marie de Médicis puis de Marie Thérèse, épouse de Louis XIV [15]. Toutefois, pour la naissance de Louis-Dieudonné en 1638, Anne d’Autriche fit apporter une autre relique dite « ceinture de la Vierge du Puy [16] » pour faciliter sa délivrance, la reine faisait ainsi preuve de dévotion mariale, prolongeant en quelque sorte le vœu de Louis XIII et la consécration du royaume de France à la Vierge Marie.


6. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
La Vierge, le Christ-Enfant et sainte Marguerite (détail)
Huile sur toile
Trie-Château, église Sainte-Marie-Madeleine
Photo : R. Schuller
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Toutes ces pratiques, liées aux reliques, de consécration du royaume à la Vierge peuvent nous paraître bien étranges aujourd’hui. Cependant il faut garder à l’esprit le contexte politique particulièrement difficile des années de régence d’Anne d’Autriche (1643-1651) et de la Fronde qui s’en suivit. Plus que jamais le pouvoir royal avait besoin de fonder sa légitimité en se référant au caractère sacré de la monarchie capétienne.
Durant la décennie 1640-1650 plusieurs portraits de Louis XIV enfant ou adolescent furent réalisés, mais également des compositions de Philippe de Champaigne [17] qui présentaient le jeune roi faisant acte de dévotion envers Dieu ou la Vierge [18], compositions qui faisaient suite au célèbre Vœu de Louis XIII [19]. Ces années 1640-1650 furent donc propices à une peinture où se mêlaient fortement la dévotion et une forme de sacralisation de la personne du jeune roi. Le tableau de Trie-Château nous indique peut-être que frère Luc fut sensible à ce genre de peinture. Il faut espérer que l’on retrouvera d’autres œuvres réalisées par frère Luc dans cette période notamment Le Vœu de Louis XIII signalé au couvent de Saint-Germain-en-Laye en 1650 [20].
Nous avons, peut-être, avec ce tableau un élément à ajouter aux relations qui ont pu exister entre les Récollets français et le pouvoir royal, liens qui prirent des formes différentes mais qui ont perduré d’Henri IV à Louis XIV. Rappelons enfin que la reine Anne d’Autriche fit profession comme tertiaire franciscaine ; ce fut également le cas de la reine Marie Thérèse, épouse de Louis XIV, qui fréquentait le couvent des Récollets lors de ses séjours au château de Saint-Germain-en-Laye [21].
Enfin, dans l’évocation de liens possibles entre les Récollets de Trie-le-Château et l’entourage du pouvoir royal, il convient de rappeler qu’en 1607 c’est la duchesse de Longueville (1568-1629) qui fonda le couvent de Trie-Château [22]. En 1646 sa belle-fille Anne-Geneviève de Bourbon-Condé [23] (1619-1679), qui portait également le titre de duchesse de Longueville, intervint en faveur des Récollets de Trie-Château dans un conflit juridique opposant ces derniers aux Annonciades de Gisors, intervention qui permit aux frères de réaliser les travaux du couvent et de la chapelle. La duchesse devenait ainsi la bienfaitrice de ce couvent. Enfin, cette même année 1646, Anne-Geneviève de Bourbon-Condé donna naissance à un fils, Jean Louis Charles d’Orléans. Cette conjonction de date n’est-elle qu’un pur hasard ou est-ce une nouvelle piste de recherche pour éclairer l’iconographie du tableau de Trie-Château ?

Frère Luc, les Récollets et le pouvoir royal

La plus grande partie de l’œuvre de frère Luc apparaît comme pieuse, apte à favoriser l’émotion religieuse, à édifier et à soutenir la prière des frères et des fidèles. Dans l’état de nos connaissances actuelles on est peu renseigné sur les commandes qu’il put recevoir, on sait par-contre qu’il a beaucoup peint pour les couvents de son ordre.


7. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Saint Louis présentant la couronne d’épines, 1668-1670 ?
Huile sur toile - 75 x 64 cm
Albi, Musée Toulouse-Lautrec
Photo : F. Pons/Musée Toulouse-Lautrec
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Toutefois, la découverte de ce tableau de Trie-Château invite peut-être à reconsidérer notre approche ; on peut espérer redécouvrir des œuvres, peintes notamment pour les couvents récollets proches des résidences royales de Versailles et Saint-Germain-en-Laye, ce qui est le cas, par exemple, du Vœu de Louis XIII. Rappelons aussi que frère Luc a peint un Saint Louis présentant la couronne d’épines qui se trouvait au château de Marly [24] (ill. 7). En revanche, le Portrait de la reine Marie Thérèse attribué à frère Luc semble plutôt être l’œuvre du frère Jean-François, peintre lui aussi, mais au couvent des Cordeliers de Paris ; ce tableau non localisé aujourd’hui est connu par une gravure de Boulanger.
Il semble donc y avoir un nouveau champ d’investigations à explorer dans les rapports du religieux et du politique chez les Récollets, et dans l’œuvre de frère Luc. C’est pourquoi il convient par exemple de reconsidérer à sa juste valeur l’envoi en 1670 de frère Luc avec cinq autres frères récollets pour la Nouvelle-France ; envoi où se mêlaient précisément la dimension religieuse de la mission en Nouvelle-France et une volonté politique exprimée par le roi et son ministre Colbert et qu’il serait trop long d’exposer ici [25].
Frère Luc demeura un peu plus d’un an au Canada. Il y a œuvré comme peintre et architecte en réalisant une œuvre dont on redécouvre aujourd’hui l’importance et la qualité [26] ; après son retour en France il continua à y envoyer des tableaux. Pour la province du Québec, l’œuvre de frère Luc constitue un patrimoine précieux qui est conservé, restauré et mis en valeur, ce dont nous pourrions peut-être nous inspirer un peu plus !


8. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
L’Assomption de la Vierge (détail)
Huile sur toile
Ailly-le-Haut-Clocher, église Notre-Dame-de-L ‘Assomption
Photo : J.-J. Danel
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9. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
L’Assomption de la Vierge (détail)
Huile sur toile
Ailly-le-Haut-Clocher, église Notre-Dame-de-L ‘Assomption
Photo : J.-J. Danel
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L’Assomption - Saint Michel terrassant le démon

Huile sur toile, église Notre-Dame-de L’Assomption, Ailly-Le-Haut-Clocher, Somme.

En juillet 2012, dans sa courte présentation de quelques œuvres de frère Luc sur LaTribune de l’Art (voir l’article), Pierre Curie signalait avoir vu dans l’église d’Ailly-Le-Haut-Clocher « les restes d’une toile présentant une moitié de Christ… offrant des similitudes avec Le Christ dictant à saint François les statuts de son ordre ». Pierre Curie précisait alors que cette toile, située en hauteur, n’était « guère photographiable ».
Effectivement, nous ne pouvons proposer ici que des images de mauvaise qualité montrant bien une œuvre dans un état de délabrement avancé, présentant une large déchirure sur le côté droit et semblant recouverte d’une pellicule noirâtre [27] ; le peu que l’on peut apercevoir du tableau permet quand-même d’identifier le Christ et la Vierge entourés d’anges. (ill. 8 et 9).
Heureusement pour nous, frère Luc a souvent repris à l’identique certaines de ses compositions. Malgré son triste état, cette toile peut donc être comparée à L’Assomption conservée au musée d’Art et d’Histoire de Cholet [28] (ill. 10) ; la similitude des deux œuvres est frappante mais c’est à peu près tout ce qu’on peut en dire dans l’état actuel. Il parait urgent de prendre des mesures pour stopper la dégradation de ce tableau et sauver ce qui peut l’être encore.


10. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
L’Assomption de la Vierge, vers 1650 ?
Huile sur toile - 259 x 227 cm
Cholet, Musée d’art et d’histoire
Photo : J.-J. Danel
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Frère Luc semble avoir eu une prédilection pour la représentation de l’Assomption qu’il a peinte à maintes reprises ; signalons notamment deux œuvres situées autrefois dans la cathédrale d’Amiens et dont aucune n’est localisée aujourd’hui. Plusieurs sources font référence à ces représentations de l’Assomption dans la cathédrale. « Je viens de vous montrer l’illustre triomphe, représenté en sculpture de marbre, au milieu duquel la très sainte Vierge monta dans les cieux en corps et en âme, allons voir maintenant cette même reine des anges que son fils tient par la main, qu’il élève et conduit dans la gloire. Le frère Luc, peintre, a représenté dans un tableau le fils et la mère de grandeur naturelle qui occupent toute l’étendue du tableau… [29] ». Cette description s’applique assez bien aux tableaux de Cholet et d’Ailly-le-Haut-clocher dont l’église est d’ailleurs placée sous le vocable de Notre-Dame-de-l’Assomption. Nous reviendrons ultérieurement plus longuement sur les œuvres de frère Luc en Picardie, et à Amiens en particulier, toutefois on peut dès maintenant avancer l’hypothèse que L’Assomption d’Ailly-le-Haut-Clocher proviendrait d’un établissement religieux d’Amiens, peut-être la cathédrale, ou encore l’église Saint-Michel où se trouvait également une Assomption de la Vierge [30] ; hypothèse rendue plausible par la présence, dans l’église d’Ailly-le-Haut-Clocher d’un autre tableau que nous attribuons également à frère Luc, et qui pourrait provenir aussi de l’église Saint-Michel d’Amiens ; cette toile de grand format représente Saint Michel terrassant le démon (ill. 11 et 12).


11. Attribué à Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Saint Michel terrassant le démon, 1645 ?
Huile sur toile
Ailly-le-Haut-Clocher, église Notre-Dame-de-L’Assomption
Photo : J.-J. Danel
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12. Attribué à Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Saint Michel terrassant le démon (détail), 1645 ?
Huile sur toile
Ailly-le-Haut-Clocher, église Notre-Dame-de-L’Assomption
Photo : J.-J. Danel
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L’œuvre est en mauvais état de conservation, particulièrement dans la partie inférieure de la composition. Toutefois la partie supérieure du tableau, plus lisible, permet l’identification du sujet et d’avancer l’hypothèse de son attribution à frère Luc.
Le combat de saint Michel contre le dragon est un sujet bien connu en iconographie chrétienne, il trouve sa référence dans le livre de l’Apocalypse (12,7). Ici frère Luc s’éloigne toutefois un peu de la représentation traditionnelle. L’Archange est représenté l’épée à la main, menaçant une créature qui évoque plus un serpent monstrueux qu’un dragon. Ce serpent enserre dans ses anneaux des hommes et des femmes emplis d’effroi qui se tournent vers l’Archange pour implorer leur délivrance. Saint Michel est ici revêtu d’une cuirasse aux reflets bleutés ; on remarque également le manteau rouge dont le drapé tourbillonnant se déploie largement derrière lui. Son équipement militaire n’évoque pas le chevalier en armure du moyen-âge mais plutôt le soldat de l’époque romano-byzantine, ce qui est fréquent au XVIIe s.
Si le culte de saint Michel est très présent tout au long de l’histoire chrétienne, notons qu’au XVIIe siècle il connaît précisément un regain de ferveur ; l’Archange triomphant représente alors le triomphe de l’Église catholique contre le serpent de « l’hérésie protestante [31] ». Rappelons que les Récollets, comme les Jésuites et les Capucins, furent d’ardents propagateurs de la contre-réforme catholique.
Pour qui le connaît un peu, le style de frère Luc est assez aisément reconnaissable, sa façon de traiter les visages est assez répétitive, le nez droit dont le trait se prolonge jusqu’à l’arcade sourcilière, les lèvres petites et bien dessinées, les yeux un peu globuleux et en amande. Il accorde toujours beaucoup de soin aux drapés tourbillonnants qui animent ses compositions et au rendu des étoffes. Même si le tableau est bien abîmé on peut deviner la richesse du coloris qui est aussi une de ses particularités.
On ne connaît pas d’autre représentation de saint Michel peinte par frère Luc mais on peut noter une certaine proximité avec l’Ange Gardien qui est exposé au Musée des Beaux-Arts de Québec (1671). On peut aussi opérer la comparaison avec d’autres anges très présents dans ses tableaux comme l’ange thuriféraire de La Nativité conservée dans l’église Saint-Nicolas de La Rochelle, (ill. 13) ou encore un des anges entourant Dieu le Père (Collection particulière) (ill. 14).


13. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
La Nativité (détail), 1670 ?
Huile sur toile
La Rochelle, église Saint-Nicolas
Photo : J.-J. Danel
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14. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Dieu le Père (détail)
Huile sur toile
Collection particulière
Photo : Domaine public
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Pour représenter l’Archange, frère Luc a manifestement été inspiré par le Grand saint Michel de Raphaël, offert en 1518 par le pape Léon X à François 1er et aujourd’hui conservé au Louvre. Cela apparaît particulièrement dans le traitement et l’expression du visage et de la chevelure retenue par un bandeau noué sur le sommet de la tête. On peut regarder également le même sujet traité par Guido Reni en 1635 pour l’église des Capucins, Santa Maria Della Concessione à Rome, tableau que frère Luc a pu voir avant son départ de Rome.
Frère Luc ne se détacha jamais de cette référence à l’œuvre de Raphaël - cela est attesté par ceux qui ont commenté sa peinture [32]. Il restera aussi très proche du style pieux et affectif de Guido Reni dans le traitement de sujets comme L’Ecce Homo ou la Vierge de douleur. A ces références italiennes s’ajoutera au début de sa carrière l’influence de Simon Vouet chez qui il se forma et, plus tard, des emprunts à Le Brun et d’autres peintres français.
Gérard Morisset, dans son ouvrage consacré à frère Luc [33], dresse la liste des tableaux connus ou qu’il attribue à frère Luc. On y trouve cette référence : « Saint Michel terrassant Lucifer. Ce tableau peint vers 1645 pour l’église Saint-Michel d’Amiens, n’a pas été retrouvé. Signalé dans les Manuscrits de Pagès (t. 1, p.111) et par l’abbé Corblet (t. 4, p. 534). »
Sauf erreur de notre part, dans le t. 1 des manuscrits de Pagès, à la p. 111, il est bien question d’un tableau représentant saint Michel dans l’église éponyme d’Amiens (et d’une Assomption) mais il n’y est pas fait mention d’une date ou d’une attribution à frère Luc. C’est d’autant plus surprenant que, dans les différents tomes des manuscrits de Pagès, on trouve plusieurs références à des œuvres de frère Luc à Amiens.
L’Abbé Corblet fait plusieurs références à frère Luc dans son hagiographie du diocèse d’Amiens : « A Saint-Riquier, tableau de Silvestre (1712) représentant la victoire de l’Archange sur le démon. Le même sujet avait été peint par le frère Luc pour l’église Saint-Michel [34] ».
Cette attribution à frère Luc du tableau de l’église Saint-Michel d’Amiens se trouve également dans l’ouvrage d’Antoine Goze, Histoire des rues d’Amiens [35] : « De beaux tableaux décoraient l’intérieur de l’église (Saint-Michel), au maître-autel, frère Luc récollet, autrefois au couvent d’Augustins d’Amiens, avait peint avec le talent qui le distinguait l’archange saint Michel terrassant le démon… »
Goze écrit son texte au milieu du XIXe siècle, alors que l’église Saint-Michel a été détruite en 1799, il doit donc se référer à une source qu’il ne cite pas ici. De même pour l’abbé Corblet en 1868 qui fait la même attribution sans citer de source.
La date de 1645, avancée par Morisset, reste donc à confirmer, elle est assez proche de 1650, année ou frère Luc aurait peint L’Ex-Voto à Notre-Dame de Foy commandé par les Augustins d’Amiens, proche aussi de la date de 1646 proposée pour le tableau de Trie.

Il est très probable que la notoriété de notre peintre récollet originaire d’Amiens ait favorisé, dans les années 1640-1660, un certain nombre de commandes pour les établissements religieux de sa ville natale [36], telle la paroisse Saint-Michel d’Amiens qui était vraisemblablement l’église paroissiale de la famille François. Le Père F.-A. Bourdon, des Augustins d’Amiens, semble avoir bien connu le jeune Claude François et sa famille ; c’est lui qui relate en détail le sauvetage réputé miraculeux dont Claude François, alors adolescent, aurait bénéficié [37]. Ce Père Bourdon donne par ailleurs quelques renseignements sur la famille de Claude François : « sa mère Perette Prieur, veuve de feu Mathieu François, son père, en son vivant maître-saîteur (fabricant de draps) demeurant à Amiens en la rue Neuve, paroisse Saint Michel [38] ».
Il paraît donc tout à fait envisageable que la paroisse, dont il était originaire et qu’il a dû fréquenter jusqu’à son départ pour Paris, lui ait commandé une ou plusieurs œuvres ; il reste maintenant à tenter d’établir ce fait avec plus de certitude.
La présence, dans l’église d’Ailly-le-Haut-Clocher, des deux tableaux que nous avons présentés est vraisemblablement liée à la fermeture puis à la démolition de l’église Saint-Michel en 1799. Le transfert d’œuvres saisies dans les couvents durant la période révolutionnaire, à destination d’églises paroissiales, est d’ailleurs un fait avéré ; c’est ainsi que l’ex-voto de frère Luc, provenant du couvent des Augustins, se trouve aujourd’hui dans la petite église de Neuville-lès-Lœuilly (ill. 15).


15. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Ex-voto à N.D. de Foy, vers 1650
Huile sur toile - 262 x 168 cm
Neuville-lès-Lœuilly, église Saint-Martin
Photo : Domaine public
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L’existence de ces deux tableaux a été signalée aux services de la conservation des objets d’art du département de la Somme. Espérons que des mesures pourront être prises pour la restauration de ces œuvres qui viendront ainsi enrichir la connaissance du patrimoine religieux amiénois du XVIIe siècle. Espérons également que ces découvertes susciteront d’autres recherches, et que l’œuvre de Frère Luc sera mieux connue et mise en valeur dans sa région et sa ville natale, espérons enfin que notre appel à collaboration sera entendu !


16. Attribué à Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Sainte Angadrême priant devant la ville en flamme
Huile sur toile
Beauvais, cathédrale Saint-Pierre
Photo : J.-J. Danel.
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Sainte Angadrême Priant devant la ville en flamme

Huile sur toile, Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, Oise

Lors d’une visite de la cathédrale de Beauvais notre attention a été attirée par ce tableau retrouvé ensuite sur le site Patrimoine-Histoire sous le titre Sainte Angadrême, abbesse, devant la ville en flammes avec la mention « Auteur inconnu » (ill. 16). Ce tableau est-il également de frère Luc ?
Sainte Angadrême, qui vécut au VIIe siècle, est la sainte patronne de la ville de Beauvais où elle fut longtemps vénérée, notamment par une procession de ses reliques au jour de sa fête. Une chapelle lui est consacrée dans la cathédrale de Beauvais dans laquelle on trouve une toile d’Alexandre Grellet. Ce tableau rappelle le siège de la ville de Beauvais par les Bourguignons, en 1472 ; siège qui échoua, selon la croyance, grâce à l’ostension de la châsse de sainte Angadrême sur les remparts de la ville et grâce au courage héroïque de ses défenseurs [39].
Le tableau qui a attiré notre attention ne reprend pas ce thème de l’ostension des reliques. Il représente sainte Angadrême revêtue de son costume monastique, son visage est blême et elle lève les yeux au ciel, elle tient sa crosse d’abbesse et semble intercéder pour la ville où sévit un incendie ; tout un groupe de personnes est tourné vers la sainte, priant, suppliant, ou soutenant un malade.
Dans l’inventaire du mobilier de la cathédrale de Beauvais de juin 1905 [40], il est fait mention d’un tableau intitulé Sainte Angadrême priant et faisant des miracles. Selon cet inventaire le tableau était alors dans la « sacristie des enfants ». La même référence se retrouve dans l’inventaire de la fabrique de l’église cathédrale de Beauvais daté du 26 janvier 1906. S’agit-il du même tableau ou d’un autre ?
En revanche, on trouve dans les mémoires de la Société Académique de l’Oise [41] une mention et une description qui concerne directement notre tableau. Nous rapportons ici quelques extraits d’un long développement sur le siège de la ville : « Alors que la ville était attaquée par les Bourguignons, ses reliques [de sainte Angadrême] furent portées sur les remparts et c’est à sa puissante intercession que l’on attribua la levée du siège, la tradition rapporte qu’elle apparut elle-même aux assiégés et qu’on la vit détourner des projectiles lancés contre eux… » - « Le tableau que nous voyons au-dessus du confessionnal la représente [sainte Angadrême] priant pour des malheureux qui implorent son secours, vêtue de son costume religieux, elle est debout, joint les mains et dirige son regard vers le ciel… » et pour conclure ce texte « Ce tableau est d’exécution médiocre ».
Cette description correspond en tout point à l’œuvre qui nous intéresse. Le tableau était donc présent dans la cathédrale en 1863, et il est fait référence à une « antique tradition » mais il ne nous renseigne en rien sur son origine et sa date d’exécution. A ce stade on peut juste supposer que cette œuvre a pu être commandée soit par le clergé ou la fabrique de la cathédrale, soit par un autre établissement religieux de la ville de Beauvais. Il n’y avait pas de couvent récollet dans cette ville mais un couvent de religieuses de saint François.

Frère Luc ou pas ?

Pour attribuer un tableau à frère Luc on n’a souvent pas d’autre recours que la comparaison avec ses propres œuvres.


17. Attribué à Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Sainte Angadrême priant devant la ville en flammes (détail)
Huile sur toile
Beauvais, cathédrale Saint-Pierre
Photo : J.-J. Danel
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18. Claude François, dit Frère Luc (1614-1685)
Portrait de la Mère Catherine de Saint-Augustin, 1668
Huile sur toile - 72 x 59 cm
Collection des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec
Photo : Domaine public
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Ainsi en regardant le visage de sainte Angadrême (ill. 17) on trouvera intéressant de le comparer à un autre portrait de religieuse, La mère Catherine de saint Augustin réattribué à frère Luc après restauration [42] (ill. 18).
La gestuelle de l’homme en rouge qui écarte les bras dans le tableau de Beauvais fait penser au saint Jean dans l’Ecce Homo de l’église d’Avernes [43] et dans une certaine mesure au saint Jean de La Mise au Tombeau de Montereau [44].


19.
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L’homme couché au premier plan peut aussi être comparé à un autre malade peint par frère Luc dans le tableau : Hospitalière soignant notre Seigneur en la personne d’un malade (ill. 19). Ce rapprochement peut être intéressant dans la mesure où cette œuvre n’est peut-être pas non plus entièrement de la main de frère Luc. Enfin on peut aussi risquer la comparaison, encore une fois, avec le malade au pied de La Vierge au Rosaire que nous avons déjà mentionné.
Tous ces éléments semblent bien s’inspirer de frère Luc mais sont-ils tous de sa main ? La manière n’y est pas vraiment, le dessin n’est pas aussi précis, la composition moins dynamique et les drapés ne ressemblent pas à ceux de notre peintre récollet. A ce stade on ne peut donc émettre que des hypothèses, il pourrait s’agir d’une copie d’un original perdu ? d’une œuvre datant de la fin de la vie de frère Luc où sa main était moins sûre ? ou bien encore du travail d’un élève ?


20.
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Dans un premier temps nous avons avancé l’hypothèse que cet élève pourrait être Jacques Galliot [45]. De ce dernier on ne sait pratiquement rien, le seul tableau de lui auquel nous puissions nous référer actuellement est l’Ex-voto de Marie-Anne Robineau de Becancour[Voir Laurier Lacroix, Les arts en Nouvelle France..., p. 100-103.]] (ill. 20) œuvre qui manifeste une similarité certaine avec le style et la manière de frère Luc. Michael O’Malley, du Centre de restauration de Québec, qui a travaillé sur plusieurs œuvres de frère Luc et sur cet Ex-voto [46], n’est pas convaincu par cette hypothèse d’attribution à Jacques Galliot. A partir des photographies existantes l’œuvre comporterait des parties de la main de frère Luc et d’autres qui lui serait étrangère, il note aussi la présence de nombreux surpeints. A ce stade il convient donc de laisser la question ouverte en espérant qu’une restauration et une étude du tableau puisse faire avancer la question.
Une plus grande connaissance de l’œuvre de ce peintre permettrait peut-être de rectifier certaines attributions à frère Luc. Elle pourrait aussi faire avancer l’hypothèse que dans certaines œuvres tout n’est pas de sa main. Si ceux et celles qui liront cet article ont connaissance d’autres œuvres de ce Jacques Galliot ou d’autres élèves de frère Luc nous leur serions reconnaissants de bien vouloir le faire connaître.
Pour les œuvres présentées ici bien des questions restent posées et les éléments que nous avons pu apporter ici restent à compléter voire à discuter. De vastes chantiers restent ouverts, l’échange et la collaboration sont nécessaires pour faire avancer la connaissance de ce cher frère Luc [47] !

Jean-Jacques Danel

Notes

[1Frère Luc fut envoyé à Québec en 1670 avec cinq autres frères récollets il y resta environ 15 mois. Pour les œuvres de frère Luc au Canada on pourra voir entre autres : Xavier Lacroix, Les Arts en Nouvelle-France, Québec, 2012 ; Jean-Jacques Danel, « Frère Luc, peintre et récollet, son œuvre en Nouvelle-France », in Les Récollets en Nouvelle-France Traces et Mémoire, sous la direction de Paul-André Dubois, Presses de l’Université Laval, 2018 ; Le Fabuleux destin des tableaux des abbés Desjardins, sous la direction de Guillaume Kazrouni et Daniel Drouin, Editions Snoeck, Gand, 2017, p.150-153.

[2Directeur des Musées Paul-Dupuy et Georges Labit de Toulouse, il travaille depuis plusieurs années sur la peinture dans les couvents récollets. On peut consulter notamment « La peinture chez les récollets au XVIIe siècle : premiers éléments d’enquête dans la Province Saint-Denys », in Les Récollets en quête d’une identité franciscaine, sous la direction de Caroline Galland, Fabien Guilloux et Pierre Moracchini, Presses Universitaires François Rabelais, Tours, 2004.

[3Un article à paraître dans la revue Monumental devrait revenir sur ce travail de restauration et les recherches de Francis Saint-Genez.

[4Il existe plusieurs récits légendaires de la vie et du martyre de sainte Marguerite. On peut aussi se référer à La Légende Dorée de Jacques de Voragine.

[5Saint François au crucifix, Meaux, Musée Bossuet.

[6Hyacinthe Lefebvre, Histoire chronologique des Récollets de la Province de Saint-Denys, Paris 1677. p. 84.

[7Le soin aux pestiférés faisait partie des œuvres de charité des Récollets, plusieurs couvents et hospices en France furent fondés, à la demande des municipalités pour assurer ce service.

[8Dans la prière des Litanies la Vierge est appelée « Reine des Martyrs ».

[9Outre La Vierge au Rosaire de la chapelle de l’hôpital de la Salpêtrière, on connaît également L’Apothéose de sainte Marguerite pour la chapelle de l’hôpital Laënnec, on peut aussi se référer aux œuvres peintes pour les sœurs Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec.

[10Québec, Collections et archives du Pôle culturel du Monastère des Ursulines. Dans ces collections on trouve également deux autres tableaux de frère Luc : Tobie et l’Ange et Vierge des Douleurs.

[111676, Paris, église Saint-Jean-Saint-François. Cette œuvre fait partie du cycle de la vie de saint François peint par frère Luc pour le couvent des récollets de Paris. Voir Les Couleurs du Ciel, peintures des églises de Paris au XVIIe siècle, sous la direction de Guillaume Kazerouni, Paris-Musée 2012, p. 334-335.

[12La Sainte famille de l’île d’Orléans déjà citée et Jésus adolescent dans l’église Saint-Joachim de Beaupré, Québec.

[13Sœur Marguerite du carmel de Beaune.

[14Sur ce sujet on peut consulter notamment J. Simard, Une iconographie du clergé français au 17e siècle, Québec, 1976, p. 24-58.

[15Naissance et petite enfance à la cour de France Moyen âge- XIXe siècle, sous la direction de Pascale Mormiche et Stanis Perez, Presses Universitaires du Septentrion, 2016, p. 54.

[16Michèle Fogel, Rois de France de Charles VII à Louis XVI, Paris, Folio-Gallimard, 2014.

[17Anne d’Autriche, Louis XIV et Philippe d’Anjou présentés à la Trinité par saint Benoît et sainte Scholastique, vers 1644, Versailles, Musée national du château. Et aussi Louis XIV offrant sa couronne et son sceptre à la Vierge et à l’Enfant, vers 1650, Hambourg, Kunsthalle.

[18Voir notamment Pericolo Lorenzo, Philippe de Champaigne, Bruxelles, 2002.

[19Philippe de Champaigne, Le vœu de Louis XIII, 1638, Caen, musée des beaux-arts.

[20Morisset G. La vie et l’œuvre..., p. 94.

[21Hyacinthe Lefebvre, Histoire… , p. 161.

[22La fondation du couvent de Trie-Château par Madame Jacqueline D’Estouteville, dame de Trie remonte à 1549. À l’origine il fut confié aux religieuses de l’Ordre de saint François. En 1607 la duchesse de Longueville fit expulser les religieuses « pour raisons de conscience », certaines d’entre-elles rejoignirent les annonciades de Gisors ce qui donna naissance à un conflit juridique portant sur les revenus attachés au couvent de Sainte Marguerite. Cf. A.D. de l’Oise H.11988.

[23Anne Geneviève de Bourbon Condé était la fille de Henri II de Bourbon-Condé et de Charlotte Marguerite de Montmorency, elle épousa en 1642 Henri II d’Orléans-Longueville.

[24Bailly, Inventaire des tableaux du Roy…, p. 340. Morisset. p. 138 « Ce tableau ornait autrefois l’appartement haut du château de Marly, déposé en 1760 au magasin de la Surintendance de Versailles ». Le tableau est aujourd’hui conservé par le Musée Toulouse-Lautrec d’Albi et accroché dans les salons de la Préfecture du Tarn.

[25Voir les travaux de Caroline Galand sur ce sujet notamment, Pour la gloire de Dieu et du roi. Les récollets en Nouvelle-France, Paris, 2012.

[26Outre ses tableaux pour le couvent des récollets de Québec, frère Luc à peint également pour les communautés religieuses et pour les églises des paroisses dans et autour de la ville de Québec, il occupe une place toute particulière pour l’histoire de l’art canadien. Voir Danel, Frère Luc, peintre et récollet, son œuvre en Nouvelle-France…

[27L’église d’Ailly-le-Haut-Clocher a subi un bombardement en 1944, il est probable que la toile ait particulièrement souffert de ce fait.

[28L’Assomption de la Vierge, après 1640, Cholet, musée d’art et d’histoire.

[29Daire (l’abbé), Histoire littéraire de la ville d’Amiens, Paris, 1783, p. 297.

[30Pages J., Manuscrits écrits à la fin du XVIIe et au commencement du XVIIIe siècle sur Amiens et la Picardie, mis en ordre et publiés par L. Douchet, Amiens 1856, t. 1.

[31Réau Louis, Iconographie de l’Art Chrétien, t. II, Paris, 1956.

[32A. Sauval, Histoire et recherche des antiquités de la ville de Paris, Paris, 1724 : « Frère Luc a fait le tableau du maître-autel des récollets, aussi fort que le Guide (Guido Reni) et presque aussi fini, il passait pour imitateur de Raphaël ».

[33Gérard Morisset, La vie et l’œuvre..., p. 92.

[34Jules Corblet (l’abbé), Hagiographie du Diocèse d’Amiens, t. IV, Paris, 1868. p. 154, 452, 534.

[35Antoine Goze, Histoire des rues d’Amiens. Amiens, Alfred Caron imprimeur, 1854-1861. T. II., p. 137.

[36Outre les tableaux déjà cités il faut ajouter une Assomption peinte pour les Jacobins (détruite en 1944), et une Vierge à l’Enfant pour l’église Saint-Leu (non localisée aujourd’hui). Le Musée des Beaux-Arts d’Amiens conserve La Croix admirable à Jésus quoiqu’ignominieuse. Enfin, dans la cathédrale d’Amiens est exposé la Communion miraculeuse de saint Bonaventure dont la provenance est inconnue.

[37Ce miracle fut, plus tard, mis en image par frère Luc, il s’agit de L’Ex-Voto à Notre-Dame de Foy, conservé à l’église de Neuville-lès-Lœuilly, et dont une copie se trouve à la cathédrale d’Amiens.

[38Bourdon (Le P. F.-A), Fidèle recueil et récit véritable des vœux faits et rendus pour les faveurs et grâces admirables obtenues à l’occasion de Nostre-Dame-de-Foy servie et honorée en l’église du couvent des Pères Augustins d’Amiens, dressé et mis en œuvre par F.-A. Boudon, religieux et docteur de Paris et à présent prieur dudit couvent, Amiens, 1633, p. 233 et s.

[39Pierrette Bonnet-Laborderie, La chapelle Sainte-Angadrême et sa toile marouflée, Bulletin du GEMOB, n° 155, 2013.

[40A.D de l’Oise. 1V532 et 1V566.

[41Mémoires de la Société Académique d’Archéologie Sciences et Arts du département de l’Oise. T. IV, 2e partie, Beauvais, 1863.

[42Portrait de Mère Catherine de saint Augustin, après 1668, Québec, Collection du Monastère des Augustines de l’Hôtel-Dieu. On trouve également dans cette collection plusieurs œuvres attribuées à frère Luc : Ecce Homo, Vierge des douleurs, Jésus adolescent, Le Christ après la flagellation.

[43Ecce-Homo, Avernes (95), église Saint-Lucien.

[44La Mise au tombeau, Montereau (77), église Notre-Dame et Saint-Loup.

[45Jacques Galliot (1640- ?) né à Péronne, fut l’un des élèves de frère Luc, de même que Arnould de Vuez (1644-1720), Louis de Namur (1627-1693), Claude de Simpol (1666-1716), et Roger de Piles (1635-1709).

[46Michael.O’Malley, Un nouveau regard sur le portrait de Mère Catherine de Saint-Augustin, Annales d’histoire de l’art canadien, vol. XXX, 2009.

[47Nous remercions vivement, Francis Saint-Genez, Richard Schuller conservateur AOA de l’Oise et Michaël O’Malley du Centre de restauration du Québec pour leur précieuse collaboration. Merci également, à madame Ariane Blanchet-Robitaille conservatrice des collections du Monastère des Augustines de Québec et madame Natalie Perron du Pôle culturel des Ursulines de Québec, d’avoir facilité la reproduction des œuvres de leurs institutions respectives.

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