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Entretien avec Sébastien Castel, collectionneur de dessins


Quand et pourquoi avez-vous commencé à collectionner le dessin ?


Lorsque j’étais collégien à Rouen, je collectionnais des affiches d’expositions. Et puis, petit à petit, je me suis mis à acheter des dessins. Il fallait que je me fasse la main, que je me forme l’œil, mais c’était bien le dessin qui m’attirait, la fragilité du support, la spontanéité du trait, l’idée en germe ; car une esquisse révèle la pensée de l’artiste, ses inspirations et ses tâtonnements. Quand j’ai commencé à travailler, j’ai eu davantage de moyens, mais j’ai tout de même suivi les conseils avisés d’un ami : être patient et ne pas acheter trop cher ! J’ai d’abord chiné aux Puces de Vanves où l’on peut faire de belles trouvailles. Je me souviens avoir acquis divers cartons de dessins anonymes, que la galerie de Bayser m’a aidé plus tard à identifier. L’une des feuilles que j’avais acquises a été attribuée à Évariste Luminais. Une autre, une belle sanguine, s’est avérée être une œuvre d’Edme Bouchardon réalisée à Rome, lorsqu’il était pensionnaire à l’Académie de France entre 1723 et 1732. Là-bas il dessina les nombreuses sculptures qu’il avait sous les yeux, notamment celles de Camillo Rusconi et de Pierre Le Gros dans Saint-Jean-de-Latran. Le Louvre conserve ainsi une sanguine de sa main représentant Saint Jean l’évangéliste de Rusconi. Je possède quant à moi une étude du Saint Barthélemy de Legros (ill. 1). En réalité, il s’agit davantage d’une interprétation que d’une copie fidèle de la statue. Bouchardon ne retient pas exactement la posture ni tous les accessoires choisis par Le Gros. Il s’intéresse à l’expression du visage, en contrepoint du visage écorché qu’il tient dans sa main. Il s’attache au traitement du drapé, au rendu des volumes, grâce à l’utilisation de hachures plus ou moins serrées. J’ai prêté cette sanguine pour l’exposition que le musée du Louvre avait consacrée à Edme Bouchardon en 2016 (voir l’article). C’est formidable de voir ainsi un dessin passer d’un carton anonyme aux cimaises du Louvre ! Je crois que cela fait partie de la vocation d’un collectionneur : faire ressurgir des œuvres et les partager, notamment en les prêtant ou en les donnant à un musée.


1. Edme Bouchardon (1698 - 1762)
d’après Pierre Le Gros, dit le jeune (1666 - 1719)
Saint Barthélemy, vers 1723-1732
Sanguine - 34,6 x 22,1 cm
Collection Sébastien Castel
Photo : Sébastien Castel
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Lorsque ma collection en était encore à ses balbutiements, Bruno Chenique m’a encouragé à persévérer et je lui en suis reconnaissant. Il m’a en outre aidé pour un album d’aquarelles de Nicolas Toussaint Charlet. Je me rappelle également avoir acheté à mes débuts quelques feuilles de François Verdier, élève de Charles Le Brun, à la galerie Amicorum. J’étais enthousiasmé par l’idée de posséder des dessins de 300 ans ! Enfin je conserve une petite esquisse d’Eugène Delacroix qui est le tout premier dessin de cet artiste que j’ai acquis. Il représente…

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