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Entretien avec Jean-Pierre Changeux

Neurobiologiste, professeur au Collège de France et à l’Institut Pasteur, Membre de l’Académie des Sciences, Jean-Pierre Changeux est l’un des plus grands scientifiques français. Mais il mène une double vie : collectionneur, président du Comité des dations, vice-président des Amis du Louvre, il a été commissaire de plusieurs expositions (L’âme au corps, avec Jean Clair, en 1983 ; au Grand Palais, De Nicolò dell’Abate à Nicolas Poussin : aux sources du Classicisme 1550-1650, à Meaux en 1988 ; La Lumière au siècle des Lumières et aujourd’hui en 2005 à Nancy).
Avec son épouse Annie, il a généreusement offert, depuis de nombreuses années, des tableaux italiens et français, du XVIe au XIXe siècles, au Musée Bossuet de Meaux. Cet ensemble, accompagné de quatorze œuvres qu’il compte encore donner à ce musée et de trois toiles maintenant au Louvre, fait l’objet d’une exposition qui, après Meaux, sera présentée à Toulouse, puis à Caen. Nous l’avons rencontré à cette occasion, quelques semaines avant le début de l’exposition, dans son appartement parisien, et il nous a longuement parlé de sa passion pour la peinture.

Vous êtes un scientifique reconnu dans le domaine de la recherche sur le cerveau. Qu’est-ce qui vous a amené à collectionner ?

Ma collection d’œuvres d’art ne date pas d’aujourd’hui. J’ai toujours eu une passion pour l’art depuis que je suis adolescent et les visites que j’avais faites avec mes sœurs et ma famille en Italie. Les grands musées italiens m’ont beaucoup marqué à l’époque et j’ai toujours souhaité avoir des œuvres d’art autour de moi, compte tenu des moyens que j’avais. Les premières choses que j’ai rassemblées, étant étudiant, étaient des icônes que j’ai pu acheter lors de voyages en Grèce, ou des œuvres contemporaines, des gravures essentiellement. J’ai eu aussi une toile imprimée de Lurçat. J’avais des amis peintres à qui j’ai acheté des œuvres, dont un qui s’appelle Louis Cordesse et qui a peint des tableaux pour moi. Mais progressivement je me suis rendu compte que je ne pouvais pas tout acheter, il a fallu choisir et donc je me suis orienté vers l’art ancien quand j’ai pu voir qu’à Drouot on pouvait acquérir des œuvres du XVIIe et du XVIIIe siècles, qui me paraissaient intéressantes, à des prix acceptables pour mes moyens de professeur au Collège de France.

C’était vers quelle époque ?

Dans les années 70-75. Et donc, progressivement, j’ai su reconnaître la qualité. C’est quelque chose que l’on apprend étant donné, comme vous le savez, qu’il existe beaucoup de copies et de tableaux d’atelier plus ou moins intéressants faits à partir de prototypes originaux. Arriver à apprécier la qualité d’un tableau, reconnaître qu’il s’agit d’un original, et que c’est un artiste de talent, demande une expérience. J’ai d’abord été à l’école d’un expert de l’hôtel Drouot que j’avais rencontré dans le train en me rendant dans une vente en province : Alain Latreille. On s’est lié un peu d’amitié et il m’a beaucoup aidé tout à fait au…

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