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Drapé

Lyon, Musée des Beaux-Arts, du 30 novembre au 8 mars 2020.

Une exposition consacrée au drapé. Le sujet est difficile et peut paraître artificiel. Il ne s’agit pas d’un thème, pas d’un style, pas d’une époque… Il fallait être particulièrement doué pour faire de ce sujet une exposition passionnante. Les commissaires le sont, assurément, et ce défi est parfaitement réussi.


1. Première salle de l’exposition Drapé au Musée des Beaux-Arts de Lyon
Photo : Didier Rykner
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La première salle (ill. 1) n’est qu’une mise en bouche, où l’on aurait pu trouver beaucoup d’œuvres différentes, puisqu’il ne s’agit ici que de montrer la persistance de la problématique : comment transcrire, en volume ou en deux dimensions ce qui n’est qu’une situation éphémère, fragile, évanescente : les plis d’un tissu ? Cela commence avec l’Antiquité (ici une copie romaine d’un original grec) jusqu’à notre époque, représentée par des photographies. Mais les choses sérieuses ne viennent qu’avec la deuxième section, qui traite de la question de l’élaboration des formes dans l’atelier, en s’attachant notamment à la question des mannequins. Tous les étudiants en histoire de l’art connaissent les anecdotes sur Nicolas Poussin qui préparait ses tableaux à l’aide de petites figures de cire. Outre le modèle vivant en effet, pas toujours disponible, ni suffisamment patient, il était nécessaire de trouver une manière de dessiner les figures sans se fier à sa seule mémoire. L’exposition, en présentant des œuvres de ce point de vue, invite ainsi à les regarder différemment.

Telles figures à la plume d’un maître actif à Strasbourg à la fin du XVe siècle (ill. 2), si on les regarde attentivement (le dessin est double-face), apparaissent pour ce qu’elles sont : des mannequins sur lequels on jette une draperie, ce qui la fige le temps de la dessiner. La figure stylisée ou le nez et les yeux ne sont qu’un trait, l’attitude un peu gauche de la main, tout ce qu’un œil distrait aurait pu assimiler à un vrai modèle, n’est en fait qu’une poupée (qui peut être de grande taille), permettant de prendre son temps pour fixer avec l’encre chaque plis du costume. Il est parfois difficile d’être affirmatif sur les personnages représentés. Ainsi, une autre feuille montrant une figure drapée en pied, d’un anonyme milanais ou vénitien, pourrait de prime abord faire penser qu’on est bien face à un modèle vivant. Néanmoins, le torse raide, qui semble taillé dans un morceau de bois, est probablement un mannequin de bois.


2. Maître des études de draperies (actif à Strasbourg en 1470-1510)
Étude de figure drapée d’après un mannequin en bois articulé (recto)
Plume et encre brune - 23,2 x 13,1 cm
Colmar, Musée Unterlinden
Photo : Didier Rykner
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3. Allemagne, milieu du XVIe siècle (?)
Bois - 30,5 x 14,1 x 17,1 cm
New York, collection Frances Beatty et Allen Adler
Photo : Didier Rykner
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Il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit, et des mannequins…

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