Des nouvelles, fraiches et fiables, de Notre-Dame

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Le toit et la flèche de Notre-Dame en 2018
Photo : Hilader (CC BY-SA 4.0)
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On entend un peu tout et n’importe quoi à propos de Notre-Dame. La Tribune de l’Art, qui a déjà consacré plus de quarante articles à l’incendie et à ses conséquences, a toujours pris soin de ne publier que des faits exacts (qu’on se rappelle par exemple les informations alarmantes sur l’état des œuvres à l’intérieur de l’édifice, auxquelles nous n’avons jamais accordé de crédit).

Nous pouvons aujourd’hui, bien que n’ayant toujours pas pu entrer dans l’édifice, publier un certain nombre de faits qui confirment ou parfois contredisent ce qui a pu être dit récemment.

Est-il vrai que Notre-Dame n’est pas encore « sauvée » ?

C’est faux. De nombreuses personnes ont récemment employé l’expression : « Notre-Dame n’est pas encore sauvée ». Cette information est ambiguë car elle laisse supposer que le monument pourrait s’écrouler entièrement, comme cela a failli arriver pendant l’incendie.
Or, fort heureusement, cela est faux. Notre-Dame est bel et bien sauvée, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas encore des risques pour la voûte. Mais s’il existe un risque que la voûte qui demeure en place ou une partie de celle-ci s’effondre sous le poids de l’échafaudage que l’on va bientôt commencer à retirer, cela ne signifie évidemment pas que cela menacerait la stabilité de l’édifice tout entier. Une grande partie des travaux menés jusqu’ici, et notamment les cintres placés sous les arcs-boutants ou le frettage des deux piliers de la nef fragilisés, avaient justement pour objectif de consolider la structure pour permettre le retrait de l’échafaudage dans les meilleures conditions possibles.

La voûte (sinon la cathédrale) a-t-elle seulement « 50 % de chances d’être sauvée » ?

C’est faux. Là encore, cette estimation donnée par le recteur de la cathédrale ne repose sur aucun fait ni aucun calcul de probabilité. En réalité, l’état de la cathédrale, compte-tenu de l’incendie qu’elle a subi, est beaucoup moins mauvais qu’on ne peut le craindre. En dehors des dégâts largement connus et commentés, toutes les mesures effectuées font penser que la structure est solide. Entièrement monitorée et surveillée, la voûte ne bouge quasiment pas, comme l’a d’ailleurs dit le général Georgelin lors d’une émission récente sur Europe 1. Un accident est évidemment toujours possible, mais il est peu probable. Non seulement Notre-Dame est sauvée, mais la voûte le sera probablement.

Les œuvres d’art qui demeurent encore dans la cathédrale, notamment dans le chœur, sont-elles encore menacées ?

Non. Dans le cas le pire, qui demeure néanmoins improbable, c’est-à-dire l’effondrement des voûtes, les œuvres qui restent dans la cathédrale ont été protégées et devraient être en grande partie épargnées.

Quelles seront les prochaines étapes de travaux ?

Les travaux se déroulent le plus rapidement et avec le maximum de sécurité possible. Outre le démontage de l’échafaudage, qui va bientôt commencer et qui devrait être terminé, normalement, en juin 2020, un parapluie roulant va être mis en place sur la nef, puis sur le chœur, afin que des cordistes, guidés par des archéologues, puissent enlever les débris de la charpente qui se trouvent encore sur les voûtes.

Les relations sont-elles réellement tendues entre le général Georgelin et l’architecte en chef des monuments historiques Philippe Villeneuve ?

Non. Malgré la sortie brutale du général Georgelin devant la commission du Sénat, largement condamnées (voir notre article), les relations sont en réalité apaisées entre les deux hommes qui s’accordent sur les objectifs du chantier. Contrairement à ce que pourraient faire croire les réponses du général Georgelin à la question de la flèche et de la charpente, celui-ci, comme l’architecte, est selon nos informations (recoupées) en réalité favorable à la solution de la restauration à l’identique, bien qu’il ne puisse pas le dire ouvertement.

Quels sont les travaux faisables pour tenir l’engagement d’organiser un Te Deum dans Notre-Dame en avril 2024 ?

Il est évidemment impossible de restaurer entièrement Notre-Dame en cinq ans (dont bientôt un an aura passé), et l’énorme budget disponible ne permet pas tout car il est impossible de multiplier le nombre d’ouvriers qui travailleront sur le monument pour des raisons évidentes de gestion de chantier. L’analyse des dégâts montre que ceux-ci sont moindres qu’on ne pouvait le craindre.
Si - et la condition est essentielle - on ne perd pas de temps à imaginer des solutions différentes d’une reconstruction à l’identique de la charpente, il est clair que la restauration de celle-ci et du toit est possible pour 2024 (ou, au moins, restauration de la voûte, qui permettra de laisser entrer le public dans la cathédrale pendant la reconstruction de la charpente). De même, la restitution à l’identique de la flèche permettra d’aller beaucoup plus rapidement. Pour 2024, il faudra également, et cela est parfaitement possible, nettoyer l’intérieur de la cathédrale et la débarrasser du plomb dû à l’incendie, ainsi que restaurer les grandes orgues.
Il est amusant de voir que l’objectif de cinq ans - qui reste intenable pour une restauration complète - et celui d’un « concours international » pour celle de la flèche, tous deux donnés par Emmanuel Macron, se contredisent réciproquement. Espérons que le bon sens prévaudra et que la restauration à l’identique (pour la charpente et pour la flèche) sera la solution retenue.

En résumé, les nouvelles sont donc beaucoup moins inquiétantes que ce que l’on voudrait parfois nous faire croire. Ce qui menace le plus la cathédrale, et nous l’avons écrit depuis très longtemps, ce sont les décisions politiques. Pas la restauration qui n’est, même si son échelle est plus importante que d’autres, qu’une restauration de monument historique.

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